Tu sais, je ne demandais pas la lune. Pourtant lorsque je suis sorti, elle était là, tapie derrière le réverbère.
Je bougeai un peu et le croissant fascinant apparut, plein ouest, virage lumineux dans la limpidité du ciel d’été.
Alors, comme un roi mage fourbu, je décidai de le suivre, dans le sens des grandes migrations, vers ce bonheur supposé qui miroitait chaque jour dans nos étranges lucarnes : l’Occident !
Maintenant que j’avais passé la frontière, je n’étais plus le chameau porteur des misères du monde, des guerres et des famines, j’étais devenu le lion rugissant pour ne pas avoir peur.
Jour après jour, nuit après nuit, dans les pluies battantes ou les soleils torrides, de camions à bestiaux en abris de fortune, j’avais transporté jusque-là mon âme de gitan nomade, jusqu’à ce paradis lisse et sécurisé où chacun jouait au bonheur.
Mais que répondre maintenant aux rires des bienheureux ?
Christian
Du réverbère lointain saillait le ciel limpide
Sortant, je vis à son premier croissant
Pâle en éclat et douce comme nacre
La lune neuve en l’obscure lumière
J’abandonnais mon habit de misère
Enfin suivant le versant des étoiles
Je partis tôt
Dressant au ciel ma stature de géant
Plus ne jouais
Mais dès ce jour vivais
Marie
“Wir schaffen das”: Le 31 août 2015, Angela Merkel ouvre les frontières aux migrants.
à lire : American dirt – Jeanine Commins https://www.avoir-alire.com/american-dirt-jeanine-cummins-la-critique-du-livre