J’utilise souvent une feuille de papier toilette comme marque-page.
C’est vrai, je lis souvent aux toilettes, c’est mon espace de lecture privé. Au moins personne ne vient vous emmerder, enfin, en principe. On peut lire sereinement. Je ne réponds pas au téléphone, même sur le portable. On a toujours l’impression que son interlocuteur, serait-ce à 500 kilomètres, pourrait sentir une odeur désagréable et ce ne serait pas convenable. Cela ne vous fait pas ça, à vous ?
Bref oui, j’utilise des feuilles de papier toilette comme marque-page. Du blanc généralement, et je trouve cela assez chic. Bien sûr les libraires m’en donnent, des marque-pages, mais je les égare toujours. Alors, quand je commence un livre, souvent aux toilettes, je n’ai rien sous la main que cette jolie feuille blanche qui me tend les bras, si j’ose dire.
Et puis, c’est léger, c’est discret, pas comme ces marque-pages publicitaires et colorés en carton qu’on vous délivre partout et qui me détournent du sujet du livre. Je peux même, sans déformer les pages, en insérer plusieurs pour retrouver les passages qui m’ont plu et les retrouver pour les relire plus tard, au lit. Car c’est vrai : je ne lis presque jamais qu’au lit ou aux toilettes.
Mais, me direz-vous, est-ce bien écologique de consommer ainsi du papier à tout-va alors que l’on dispose de ces marque-pages utilisables pour la vie entière, surtout ceux qui sont plastifiés ? Bon, c’est vrai, je pourrais utiliser un brin d’herbe ou une jolie feuille d’arbre, j’y ai déjà souvent pensé, mais cela risquerait de tacher mon précieux roman et puis ce serait le même problème : je n’en ai pas sous la main quand il le faut. Et puis – contre argument -, vous imaginez bien ce que je fais de ces éphémères marque-page lorsque l’ouvrage est terminé.
Le livre est posé sur le bureau, dans l’entrée. Ma femme passe et dit :
« Mais… tu utilises du papier toilette comme marque-page ! »
Des fois, c’est aussi le contraire.
Ben oui, elle ne réfléchit pas assez.