Quelquefois, quand cela nous arrive, on se sent comme un légume…
Le poireau,
Seul,
Songeur,
Immobile,
Regardait
Sa vie,
Derrière
Lui.
Qu’en avait-il
Fait ?
Le Bonheur,
L’avait-il
Voulu ?
L’avait-il
Connu ?
L’avait-il
Mérité ?
Et l’Amour ?
Avec patience et
Méthode,
Oligo élémentairement,
Il avait
Grandi,
Enraciné,
Dans ses habitudes,
En attendant.
Le jour où,
Quelque chose
Adviendrait,
D’inouï,
De beau,
De sublime,
Qui changerait
Sa vie.
Mais
Quoi ?
Il se sentait
Fibreux,
Rongé
D’impuissance,
Mais gonflé de
Sève,
D’émotions et,
D’envies.
Planté,
Dans son habit
Vert,
Il dressait,
Vers le ciel,
Ses feuilles,
Qui disaient
Viens !
Sa chair,
D’albâtre,
Attendait une
Caresse.
Ses racines,
Un creux,
Glauque,
D’amour,
Lui,
Le lent,
Le discret,
Le silencieux,
Son heure
Viendrait.
C’était
Sûr.
Jamais
Envieux,
Toujours
Sobre,
Modèle de
Modestie,
Archétype de
L’ordinaire.
L’espace,
Réduit de son
Ermitage
Privé,
Bouillonnait,
Fantasme de sa
Vie
Intérieure.
Dans le jardin,
L’Homme,
Pensif,
Ému,
Empoigné,
Contemplait
L’espérance
Désespérée du
Poireau.