À bout de forces

tu avances encore et tu songes…

tu penses à Robert Falcon Scott

qui puise dans ses cuisses de géant gelé l’énergie de l’Antarctique

qui l’ensevelira dans sa voûte de voiles glacées

ce soir de mars 1912

quand l’espoir spolié sera vaincu

les colosses terrassés et leurs membres tordus

par ce froid

 

par ce froid

qui toi aussi te pénètre maintenant

que tu sens venir

outrepasser les os de tes mains

de tes membres et de ton crâne

jusqu’au cortex fiévreux qui ne sait plus rien

et s’égare dans les lignes confuses de la dernière page blanche

pour y conter ta fin

 

la mort place ses pions

et tu continues d’avancer seul

 

alors tu penses à celui

qui puise dans ses cuisses de géant gelé l’énergie de l’Antarctique

qui l’ensevelira dans sa voûte de voiles glacées.