L'ouïe

[Victor]

L’animateur demande à chacun de tracer 2 colonnes sur une feuille. Il rappelle que nous avons tous des mots dont on aime la consonance, et d’autres au contraire que l’on n’aime pas, qui nous écorchent, puis il demande d’écrire :

• dans la première colonne : les mots qu’on aime bien, qui nous plaisent.
• dans la deuxième colonne, les mots qui, au contraire, ne plaisent pas, qu’on n’aime pas (8 mn).

Mes deux colonnes de mots :

Avalanche Malléable Légèreté Parfum Merveilleux Neige Sagesse Ivresse Maléfique Horizon

Zinc Bizutage Cacophonie Opportunité Cafouillage Zombie Déboussoler Strychnine Popotin

 

 

L’animateur demande ensuite de choisir 3 mots parmi tous ces mots (3 mn).

Puis il demande à chacun d’écrire, pour chaque mot, et en 3 ou 4 lignes, ce qu’il entend au sens propre derrière le mot choisi.

Il demande pour cela « d’écouter les mots »  (15 mn).

Mes trois mots et les phrases qui les accompagnent :

Avalanche : Ça glisse doucement, avec un bruit feutré, et en même temps, c’est un grondement assourdissant qui nous enveloppe de silence blanc.

Légèreté : comme un vent frais portant des sons qui s’éparpillent, se répandent et me bercent.

Strychnine : un bruit de scie égoïne découpe les chairs à vif, s’élève dans les aigus, on entend crier la mœlle des os et montent des râles d’agonie.

 

L’animateur invite maintenant chaque participant à choisir une des 3 phrases et à la « chuchoter » à l’oreille de son voisin qui l’écrit sur une nouvelle feuille. Il doit chuchoter sa phrase à une allure normale pendant que son voisin essaie de l’écrire.

Après ce premier chuchotement, la phrase sera chuchotée encore 2 fois, mais pas davantage (10 mn).

La phrase chuchotée que j’ai reçue :

La belle au rêve, un plongeon dans la douceur du gris-bleu.

 

Cette phrase sera la première d’un texte. Chacun devra donc écrire un texte commençant par cette phrase et se terminant par une des 3 phrases qu’il vient de rédiger lui-même (25 mn).

 

Mon texte :

La belle au rêve, un plongeon dans la douceur du gris-bleu, comme une sorte d’opalescence amère.

Elle avait tant marché dans la neige, tout était silence quand elle s’arrêtait, et puis de nouveau, seulement, le crissement de ses bottes sur le sol gelé.

Il fallait qu’elle arrive avant le soir, elle le savait, ou elle serait perdue. Le brouillard s’épaississait et ajoutait du silence au silence.

Épuisée, elle sentit monter comme une ivresse, une panique ; elle avançait sans horizon, comme un zombie blanc sur fond blanc.

Alors, comme un loup, elle poussa un long cri, déchirant la montagne, un cri gris-bleu, interminable.

Pour la première fois depuis des heures elle entendit un bruit, un bruit qui s’approchait, qui glissait doucement, un bruit feutré, et en même temps, c’était un grondement assourdissant qui l’enveloppa enfin dans le silence blanc.

 

L’animateur demande maintenant à chacun de donner son texte à son voisin de droite qui devra lui donner un titre le plus sonore possible… (5 mn).

Le titre :

Un si grand silence

Les textes sont ensuite lus par les auteurs. Pendant toutes les lectures, les autres participants devront fermer les yeux et écrire sur une feuille vierge les mots qui leur plaisent. En aveugle, donc ! (20 mn).

 

L’animateur demande, après toutes ces lectures, d’associer à chaque mot une onomatopée  (10 mn).

Mes mots et les onomatopées associées :

Euréka :   Ouais !!!
Nez :   Snif
Gober :   Slurp
Goutte :   Plop… Plop
Désir :   Huuummmm !
Noria :   Croui… Croui…
Drapeau :   Flap Flap
Soudain :   Bang !
Bottes :   Clap Clap
etc.

 

Après une petite préparation, chacun lit ses onomatopées. Les autres participants notent à la volée les onomatopées qu’ils souhaitent retenir (15 mn).

Les onomatopées que j’ai notées :

Badaboum
Tata, tata tata tata
Zip
Scroutch
Zou
Blam
Aie
Crac
Han
Pouah

 

L’animateur demande ensuite à chacun de retenir 4 ou 5 onomatopées et d’écrire un texte en les « détricotant » (en essayant de retrouver le mot à l’origine de l’onomatopée). On est libre d’utiliser ou pas les onomatopées dans le texte (35 mn).

Mon dernier texte :

Comme il n’avait plus d’inspiration, il n’arrêtait pas de se gratter la tête. Sroutch, scroutch, faisait la main sur son crâne déjà presque chauve.

Ce n’était pas son jour ! Déjà ce matin sa femme était partie en claquant si violemment la porte que la reproduction du Matisse ornant la cloison en était tombée par terre. Un grand Blam ! Puis, le silence…

Allez, Zou, se fit-il à lui-même, on n’abandonne pas, on s’y met !

Il s’empara du clavier et se mit à taper frénétiquement. Le cerveau ne commandait plus rien, seules les mains fonctionnaient, en mode automatique. Sur l’écran apparaissaient des Zip, des Crac, des Han, des Boum et des Couacs.

 

Le texte de Charles :

– Oh !

Ô le visage cramoisi de pépé quand il s’offusquait.

Oh ! Que j’en ris aujourd’hui.

Oh ! Qu’il me stoppait net dans mes sottises.

– Mais Chhhh, je n’ai vieilli qu’à moitié ; Chhhh… Que pépé ne m’entende pas de là-haut, car c’est ailleurs que je descends.

– Héééé [très doux] la suave splendeur sensuelle des mots.

Héééé [très doux] j’y suis bien, on est bien, tu ne trouves pas ?

Et au détour d’une labiale chuchotée…

– Oh ! le sens des mots !

– Chhh… les sous-entendus…

– Héééé [très doux]… ce qu’elle a compris !…

Ah Ça ! C’est diabolique ! Hin ! Hin ! Hin !

 

Lecture des textes (20 mn).

[Auteur]

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