- Ce sujet contient 4 réponses, 2 participants et a été mis à jour pour la dernière fois par
, le il y a 6 années et 1 mois.
-
Messages
-
18 décembre 2013 – Marie S. et Christian G.
L’animateur demande à chacun de se rappeler une odeur, une odeur d’il y a très longtemps, et d’écrire cette odeur sur une feuille. (3 mn).
L’animateur demande ensuite de répondre en quelques mots à chacune des questions suivantes : (3 mn).
- Où était-ce ?
- Quelle était la lumière ?
- À quel moment de la journée ?
- Quelque chose que vous avez fait ou que vous faisiez à ce moment-là ?
L’odeur que j’ai choisie et mes réponses aux questions :
L’odeur de l’étable
À la campagne dans le Gers
Très sombre, juste une petite ampoule
Le soir, pendant la traite
Je regardais Raymond donner du foin aux vaches
L’animateur va maintenant faire préciser encore le contexte. Pour cela, il demande de répondre en quelques mots aux questions suivantes. On répond à chaque question avant de passer à la question suivante : (15 mn soit environ 2 mn par question).
- Décrivez davantage le lieu où vous vous trouviez.
- Écrivez les détails d’un objet particulier
- Que se passait-il à l’extérieur de ce lieu, ou dans un autre endroit proche ?
- Écrivez quels sentiments, quelles sensations, vous traversaient, à quoi vous pensiez
- De quelles personnes vous souvenez-vous ? ou si vous étiez seul, les personnes que vous avez vues avant ou après
- Un événement personnel dans votre vie à la même époque
- Dites quelque chose qui relie ce souvenir à aujourd’hui
Mes réponses :
Le lieu : Une petite étable avec trois vaches et deux bœufs, très sombre, le sol en terre battue.
Un objet : Le seau pour traire le lait, sale, cabossé, comme un seau à béton, en fer blanc, l’anse rouillée. On l’entendait tinter quand on le portait.
Que se passait-il à l’extérieur : Les chiens aboyaient, ils se jetaient sur la tranche de pain que Raymond leur coupait chaque soir d’un geste large dans une grande miche de pain
Quelles sensations : J’avais chaud et humide, je me sentais rassuré par le rite quotidien de la traite. Un peu étouffé aussi, et surpris par ces odeurs si fortes que je découvrais.
Quelles personnes : Raymond en tricot de peau bleu foncé, ses joues rouges, son béret sur le front, son accent italien et sa cigarette papier maïs.
Un événement à la même époque : J’ai pris le train pour la première fois avec ma grand-mère.
Quelque chose qui relie ce souvenir à aujourd’hui : Le label “Agriculture biologique” AB !
Les réponses à toutes ces questions permettent de convoquer tout un univers et permettent en même temps de se lancer dans l’écriture de manière assez simple, en convoquant à la fois ses souvenirs et ses émotions. En principe, tout le monde sait faire cela.
Il demande enfin à chacun d’écrire au centre d’une feuille le parfum ou l’odeur qui est dans son souvenir, puis de passer la feuille à son voisin. La feuille va ainsi tourner jusqu’à lui revenir, et les autres participants auront à écrire un mot ou une expression que leur évoque ce parfum ou cette odeur. L’animateur indique aux participants de prendre leur temps, de se laisser imprégner par l’odeur avant d’écrire. (15 mn).
L’odeur que j’avais choisie et les vocables que j’ai reçus :
L’odeur de l’étable :
Une odeur qui a accompagné mon enfance et qui m’y renvoie instantanément dès qu’elle revient à mes narines. L’enfance rend toutes ces odeurs heureuses même si elles sont désagréables à nos nez d’adultes.
Le bourdonnement des mouches
La route jalonnée de bouses à la sortie de l’étable.
Le petit veau qui donnait des grands coups de tête dans les pis de sa mère, avec sa queue qui battait furieusement d’impatience.
C’est une odeur d’urine en fait, essentiellement, mais avant de le comprendre elle était déjà devenue synonyme de chaleureuse campagne, de paysan bourru comme son lait et comme son pain.
Chacun est maintenant invité à écrire un texte autour de cette odeur et de ce souvenir (recto seulement). Le nom des auteurs doit être inscrit au dos des feuilles (25 mn).
Mon texte :
C’est le soir, le repas est terminé. “Pipi, la prière et au lit”, me lance ma grand-tante assise dans le cantou.
À cette époque, les toilettes, c’était l’étable.
J’ai six ans et je pars à l’aventure dans ce grand couloir de ferme, mal éclairé, un peu humide. Au fond, une porte qui grince, trois marches. Au fur et à mesure que j’avance vers la porte, l’odeur devient de plus en plus forte, c’est l’étable.
Chaque soir avant de me coucher, c’est le même rituel. Les premiers jours, l’odeur me soulevait le cœur, maintenant je l’attends presque avec délices, quelque chose de puissant, de chaud et d’humide, qui me rassure.
Raymond est là, qui finit de traire la dernière des trois vaches. Je m’approche du vieux seau cabossé, ça sent le lait cru. Raymond, c’est l’italien qui m’a appris à pisser, à pisser au milieu des champs, en rase campagne : “Regarde, tu mets ta main comme ça, autour, et personne ne te voit !” J’aime Raymond et son accent, ses yeux bleus, sa cigarette papier maïs toujours éteinte et toujours au coin des lèvres.
Le tabac, le lait, le foin m’enivrent, je suis prêt pour la prière et pour les songes.
Les textes sont affichés, et les participants peuvent tous les lire. (15 mn)
Chacun devra ensuite choisir un texte pour y répondre. (25 mn).
Le texte que j’ai reçu :
Pas une forêt
Pas un arbre immense
Pas une tradition
Une poussée extrême
Très haut, très large
Très odoriférant
Dessous, petite, tu colères
Et tu frappes la grande
Surface de peau, en haut
Dans le bras replié, dans le creux
Ta sœur
Blanche, au regard sombre
Marche
Respire
Ma réponse :
Respire
Et sombre
Engloutie dans l’odeur
De ses aisselles océaniques
Remonte à la surface
De la canopée géante
Jusqu’aux parfums d’en haut
Jusqu’aux voiles de Salomé
Qui effilochent le ciel
Et reviennent
Pour t’envelopper comme un linceul
Au creux de ton rêve parfumé.
Où la lune
Seule
Dort avec toi
Au camp du désir
Après cette phase d’écriture, chaque participant appelle l’auteur dont il a choisi le texte et lui rend son texte. Ce dernier lit son texte, puis l’auteur de la réponse lit sa réponse.
Celui qui a été appelé appelle à son tour, etc. (45 mn).Merci Victor, de l’intérêt que tu portes à ce scénario d’atelier.
Tu peux me contacter en direct pour avoir davantage de précisions si tu le souhaites.
Hermano.
- Vous devez être connecté pour répondre à ce sujet.