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30 octobre 2013 – Marie S. et Christian G.
L’animateur remet à chacun un sac en papier contenant quelques poignées de sable, en recommandant de ne pas en regarder le contenu. (5 mn)
Il demande, sans regarder le contenu du sac, de toucher ce qu’il contient et de noter ce qui est en train de se passer, ce que l’on ressent : des mots, des expressions, des phrases.
N.B. Le contenu de cette feuille ne sera pas communiqué aux autres participants ; on peut donc y écrire ce qu’on veut. (5 mn)
Les mots et expressions que j’ai notés :
Ça froisse – c’est froid – fin, fin, fin – m’enfin – Ça coule sous les ongles comme de la bière – Je m’allonge – de la colle lisse – à pleines mains – la plaine – sous les pavés la plage – un grain – de folie – le temps file sur mes doigts – je suis le sablier – ta peau est soie – collé aux fesses – un trésor est caché dedans.
L’animateur demande ensuite de prendre une feuille vierge, et de passer une main sur cette feuille pour la toucher, en apprécier la texture, les contours, le grain,… tout en écrivant les mots qui viennent. On continue d’écrire sur la première feuille. (3 mn)
L’animateur demande de s’emparer de la feuille pour la froisser (avec un ou deux mains), puis de continuer à noter les mots qui viennent. (3 mn)
Les participants sont ensuite invités à défroisser, toucher, manipuler la feuille tout en continuant à noter. (3 mn)
Enfin, ils lissent la feuille et notent leurs dernières expressions. (2 mn)
Mes mots et expressions :
Un piano
Le bord tranchant
L’angoisse (de la page blanche)
Empreinte – trop blanc, trop lisse
La mort – la boule au cœur blanc
Rêche – accordéon malade
Prisonnière – élastique – à ressort
Un parchemin
La mer après la tempête
La carte en relief
No return
Chirurgie esthétique
Les vieilles rides – les ombres du temps
L’animateur demande maintenant d’écrire un texte avec les mots notés “Une histoire de main(s)” sur une nouvelle feuille. (25 mn)
Mon texte :
Une histoire de mains
Le vieux dépliait ses mains comme un accordéon malade ; des mains froides, à la peau si fine qu’on y voyait battre le sang. Une peau comme de la soie sauvage, froissée, dont les rides ne s’effaceraient jamais.
Il sentait l’empreinte de la mort, comme une boule blanche dans son cœur. Pourtant, il devait terminer sa besogne, une dernière besogne.
Le ciment était encore frais sur le parvis de sa prochaine demeure, auprès de tous ceux qu’il avait connus depuis son enfance.
Alors, il s’agenouilla, à l’ombre du grand érable qu’il avait lui-même planté depuis si longtemps, et il enfonça ses deux mains bien ouvertes dans la matière grise et molle qui recouvrait la tombe.
Il les retira, puis tomba, là.
Chaque participant lit son texte. (20 mn)
L’animateur demande aux participants de se mettre par groupes de 2, de se tenir la main, et d’écrire un dialogue tout en se tenant la main. Chacun écrit tour à tour une réplique de ce dialogue. (15 mn)
Ce que nous avons écrit à deux en nous tenant la main :
– Ils ne nous l’avaient pas dit, dans le mail !
– Quoi ?
– Qu’il y aurait une séance de speed dating !
– C’est quoi, le speed dating ?
– Ben, c’est le fast food de la rencontre amoureuse !
– Dis donc, t’as du mal ce soir avec tes mains, non ?
– Pas du tout, j’ai toujours eu confiance en elles, mais je ne sais pas trop si elles ont confiance en moi.
– C’est drôle, mais je me sens comme handicapée, je comprends pas pourquoi. Ça va, toi ?
– Ça va, je suis ému, mais ça va. Sais-tu comment on devient frères de sang ?
– Pfft !
– Bon, on la joue facile !
– Qu’est-ce que ça veut dire ?
– Bon, ça traîne un peu, on va chez toi ou chez moi ?
– T’es con !
– Pourtant, j’ai des mains magiques, on me l’a déjà dit !
– Bon, alors, serrons-nous la main !
– Ça fait un quart d’heure qu’on s’en donne 5, alors, tu sens quoi, la vierge Marie ?
– Je sais pas, c’est bizarre, on sait plus vraiment où on est, il y en a des qui rigolent, des qui sont sages comme des images, des qui chuchotent, des qui sourient, des qui écrivent sur la main du voisin. On fait quoi, au juste, là ?
– On vit une EXPERIENCE !!
– C’est quoi, ce sable, là, sur la table ?
– C’est le temps qui passe, comme la main du cœur.
– Chut !
Les dialogues sont affichés, et tous les participants peuvent les lire. (10 mn)
Chaque groupe de 2 auteurs choisit un dialogue et en prépare la lecture à 2 voix. (10 mn)
Lecture des dialogues à 2 voix. La lecture se fait debout. (15 mn)
L’animateur demande aux participants de regagner leur place, de froisser puis de lisser la première feuille sur laquelle ils ont noté leurs mots et expressions.
Il demande ensuite de prendre du sable dans le sac et de l’étaler sur cette feuille, de le faire glisser et de noter sur une nouvelle feuille les mots et expressions qui viennent, en pensant à la main qu’il ont tenue dans la phase précédente, en pensant aussi à leur main (5 mn).
Mes mots et expressions :
Douce.
La tempête.
C’est comme une grande dune, un parchemin tiède où poussent les oyas.
Trop lisse.
Sous ma main, la tienne, élastique.
C’est la fin, chut.
Au bout du monde.
Mes doigts sablier du temps qui passe.
J’ai demandé ta main, son tranchant. Pas sur la figure.
Un trésor.
L’animateur invite enfin, en s’inspirant de ces derniers mots ou expressions, à écrire sur une nouvelle feuille un dernier texte (pas plus d’une page), sans utiliser le mot “main” ni le mot “toucher”. Ce texte peut être une histoire, un poème, un article de journal, une note de service, une page de journal intime, etc… (15 mn).
Variante : 5 minutes avant la fin, on peut leur dire qu’ils ont maintenant la possibilité d’écrire les mots “main” et “toucher”.
Mon texte (où je n’ai pas respecté la consigne …) :
Un, deux, trois
Elle avait trois seins
Ça arrive !
Faut qu’elle survive !
Un, deux, trois
Lui aussi en avait trois
Ça tombait bien
Et d’honnête homme !
Qu’on lui pardonne !
Elle l’alluma
Puis le quitta
Il la baffa
à tour de bras
Un, deux, trois
C’est le destin
De la femme aux trois seins.
Chaque participant lit son texte. (15 mn)
Certains participants ont été un peu bloqués par les premiers exercices tactiles (la main dans le sable, la main qui froisse la feuille,…) et leur premier texte a eu du mal à « décoller » en restant quelquefois l’expression de leur ressenti tactile, sans dériver sur autre chose.
L’expérience de l’écriture en se tenant la main a été vécue comme très surprenante par tous les participants. Un épisode mêlé de gêne et de rigolade, parfois de stupeur, mais pourtant les textes produits ont finalement été assez savoureux.
Merci, Hermano, pour ce partage !
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Signé Victor.
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