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    Maître des clés
    0 Préambule sur les intentions de cet atelier.
    On lit souvent des textes à l’écriture fluide, qui tracent de belles images comme si la vie n’était qu’un long fleuve tranquille, mais qui finalement n’expriment pas d’émotion. Ce sont de beaux clichés, de belles cartes postales sans intérêt.
    Les auteurs se font plaisir en débitant des mots sirupeux et des expressions toutes faites qui alimentent des cascades de bons sentiments ou d’émotions « en prêt à porter ». Mais le lecteur reste sur sa faim car il n’est pas en mesure de partager avec l’auteur des émotions ou des sensations sincères.
    Notre dernier atelier portait sur le don, sur le fait que nos écrits c’est nous et que l’atelier est un moment de partage accueilli avec respect. Notre intention, aujourd’hui est dans la continuité de l’atelier du mois dernier. Nous voulons essayer de casser cette tendance que nous avons parfois, et d’aboutir à des textes plus sensibles, plus personnels, susceptibles de transmettre davantage d’émotions.
    Deux partis-pris rédactionnels : Alors, pour cela, vous allez choisir une carte postale qui plantera le décor de votre récit. Nous allons d’abord écrire en mode “cliché” (une sorte de pastiche de “la route poudroie sous le ciel qui flamboie…” !!!).
    Puis, dans un deuxième temps, nous tenterons le “contre-cliché” en écrivant une réponse au premier texte au style dans un style aussi différent que possible de celui-ci.
    7
    1 Choisissez une carte postale. 3-10
    2 Lecture à voix haute de deux textes clichés 7-17
    3 En regardant cette carte postale, rédigez une lettre comme si vous étiez en voyage dans cet endroit. Restez descriptif, n’hésitez pas à utiliser les clichés, les phrases toutes faites, les jolis mots qui ne veulent pas dire grand-chose. Écrivez lisiblement.
    Faites du plan-plan, du convenu, du gnan-gnan ! Une provison de textes « lieux communs » est mise à disposition dans plusieurs enveloppes pour inspiration)
    20-37
    4 Montrez la carte postale et lisez votre texte à haute voix. 15-57
    5 Passez cette carte et ce texte au 2ème voisin à votre droite

    Regardez maintenant la carte postale et le texte qui vous ont été remis. Vous allez devoir écrire un texte dont le style sera en opposition avec le style “cliché” que vous avez reçu. Vous allez adopter un style vraiment fantastique, voire dérangeant, choquant, inquiétant pour raconter maintenant cette carte postale. Vous allez commencer votre texte par « Mais tu ne connais pas l’envers du décor ! Moi qui connais bien ce lieu… » Vous avez 30 minutes

    3 – 60
    6 Au bout de 10 minutes : Tirez au sort un court texte, vous devrez l’insérer dans votre récit 10-70
    7 Continuez l’écriture de votre récit. Pour vous inspirer vous pouvez piocher de courts extraits d’auteurs dans la boîte à ressources. (optionnel) 15-85
    8 Maintenant, faites commencer une de vos prochaines phrases par « Imagine », vous avez encore 5’ pour terminer 5 -90
    9 Montrez la carte postale et lisez votre nouveau texte à haute voix. 20-110
    10 Débriefing.  

    Des textes actuellement publiés (il en viendra d’autres) et écrits pendant cet atelier :

    Gérard et Catherine à Gavarnie :

    https://www.oasisdepoesie.org/ecrire-ensemble/ateliers-collectifs/daisy/des-lieux-pas-si-communs-gavarnie/

     

    Mercedes et Marie-Paule à Arcachon :

    https://www.oasisdepoesie.org/ecrire-ensemble/ateliers-collectifs/daisy/lieux-pas-si-communs-arcachon/

     

    Denyse et Philippe à Arc-en-Senans :

    https://www.oasisdepoesie.org/ecrire-ensemble/ateliers-collectifs/daisy/lieux-pas-si-communs-arc-en-senans/

     

    Christian et Lucette à Mérignac :

    https://www.oasisdepoesie.org/ecrire-ensemble/ateliers-collectifs/daisy/lieux-pas-si-communs-merignac/

     

    Catherine et Marie à Chatel :

    https://www.oasisdepoesie.org/ecrire-ensemble/ateliers-collectifs/daisy/lieux-pas-si-communs-chatel/

     

     

    TEXTES PRÊT À PORTER / EXEMPLES

    Même à l’autre bout du monde, on pense fort à vous ! 

    Nous voici aux États-Unis. Plus exactement à Los Angeles, cité des Anges où les starlettes rêvent de coucher avec les producteurs d’Hollywood dans les rouleaux du Pacifique. Hier soir, nous sommes allés nous promener sur la plage de Santa-Monica, où le soleil couchant empourpre de feu les eaux profondes du Pacifique, avant d’allumer des lueurs d’incendie sur les buildings de verre et d’acier.
    La semaine prochaine, nous prendrons un vol pour New York, ville martyre qui ne dort jamais, aux gratte-ciel si hauts qu’ils tutoient les nuages…

    Hier, nous avons fait la connaissance Cindy, une ravissante étudiante au teint hâlé et aux yeux de biche, blonde comme les blés. Nous sommes allés à la fête foraine française où elle s’est émerveillée devant le spectacle de Guignol ! Décidément les Américains sont de grands enfants !

    Hâte de vous raconter tout ça bientôt !

    Librement inspiré de l’ouvrage de Pascal Fioretto « Et si c’était niais ? »

     


     

    J’aime voir tes yeux
    Briller de mille feux.
    Comme les rayons du soleil,
    Tu me réchauffes à merveille.
    Même quand il pleut
    Ton regard est aussi lumineux,
    Rempli de petites étoiles filantes,
    Tout cela m’enchante.
    Nous naviguions ensemble,
    Sur un océan déchaîné
    Que toi seul as su calmer.

    Expressions ressources en “prêt à porter”

    Le soleil éblouissant dardait ses rayons

    Les yeux voilés d’un épais rideau de larmes

    Habité d’un sombre pressentiment,

    De grands yeux d’enfants ébahis.

    La malédiction du temps qui passe.

    Ils étaient littéralement suspendus à mes lèvres

    Les cheveux d’or/blonds comme les blés/noir de jais ;

    Les yeux bleu acier/bleu azur/bleu océan/vert émeraude ;

    Les lèvres rouge sang / pulpeuses / bien dessinées

     

    Le rire cristallin / Le sourire étincelant 

    La silhouette galbée / pulpeuse ;

    Un brun ténébreux

    Un doux zéphyr

    Le port altier / Les jambes interminables ;

    Le regard perçant/de braise ;

    Le torse puissant 

    Ses yeux lancèrent des éclairs

    Une activité dévorante

    Un cœur de pierre

    Un bonheur sans nuages

    Briller d’un éclat sans pareil

    Du choc de la discussion jaillit la lumière

    Dévoré / Bourrelé de remords

     

    Textes anti-clichés

    Le ciel était une panse d’âne gonflée qui pendait très bas, menaçante, au-dessus des têtes.
    Luis Sepúlveda – Le vieux qui lisait des romans d’amour

    C’est l’incertitude qui nous charme. Tout devient merveilleux dans la brume.

    Oscar Wilde – Le portrait de Dorian Gray

    Le silence était comme un buvard dans lequel on avait peur d’entendre les mots s’enfoncer et disparaître.

    René Barjavel- La nuit des temps

    Les robes de soie des femmes, froissées dans ce tourbillon dansant, rendaient des sons de nature particulière, on aurait dit le bruit d’ailes de pigeons.

    Théophile Gautier LA CAFETIERE

    Au bord de cette rivière s’élevait une ville d’un aspect oriental, telle que nous en voyons dans Les Mille et une Nuits, mais d’un caractère encore plus singulier qu’aucune de celles qui y sont décrites.

    Edgar Allan Poe – Histoires extraordinaires 

    Dans notre esprit, il y a une petite pièce dans laquelle nous stockons le souvenir de toutes ces occasions perdues.

    Haruki Murakami – Kafka sur le rivage

    J’habite un hôtel borgne, si borgne, si borgne
    Que je frémis lorsque, le soir,
    Je vois son œil qui luit dans l’noir.

    Charles Trénet – L’hôtel borgne 

    C’est un jardin extraordinaire
    Il y a des canards qui parlent anglais
    Je leur donne du pain, ils remuent leur derrière

    Charles Trénet – Un jardin extraordinaire 

    L’agence pour l’emploi de l’État de Floride était un chouette endroit

    Charles Bukowski – Le factotum

    NB : vous pouvez modifier le mot Floride, et utiliser le nom d’un autre lieu qui convient mieux à votre texte

    Tout était très calme le matin et j’ai pensé : c’est sympa ils l’ont amené à l’hôpital ou à la morgue

    Charles Bukowski – Le factotum

    Il faisait une chaleur à tout casser dans cette turne, je me suis dirigé vers le piano et j’en ai joué
    Charles Bukowski – Journal d’un vieux dégueulasse

    Mon problème, c’étaient les gens. Et il y en avait partout.

    Dan Fante – La tête hors de l’eau

    Ça me démange de lui défriser la perruque !

    Carlo Goldoni – Les amoureux

    L’atmosphère était si humide que les poissons auraient pu entrer par les portes et sortir par les fenêtres, naviguant dans les airs d’une pièce à l’autre.  

    Gabriel GARCÍA MARQUEZ Cent ans de solitude 

    Les ustensiles ménagers, dans la plénitude de leur poésie, volaient de leurs propres ailes dans le ciel de la cuisine.

    Gabriel GARCÍA MÁRQUEZ – Douze contes vagabonds

     Il échappa à quatorze attentats, à soixante-trois embuscades et à un peloton d’exécution. Il survécut à une dose massive de strychnine versée dans son café et qui eût suffi à tuer un cheval. 

    Gabriel GARCÍA MÁRQUEZ Cent ans de solitude

    À sa naissance, Rosa était toute blanche, toute lisse, comme une poupée de porcelaine, avec des cheveux verts et des yeux jaunes, le plus beau bébé à être apparu sur terre depuis l’époque du péché originel.

    Isabel Allende – La Maison aux esprits

    Car elle comptait bien les entraîner avec elle, jusqu’au dernier, et tout détruire par le feu jusqu’à ce que la puanteur de la ville calcinée imprégnât tout le pays.

    STEPHEN KING – Carrie

    Tu perds la tête, tu déménages, tu travailles du chapeau, tu as les méninges en accordéon, tu as une araignée au plafond, tu as le timbre fêlé, tu ondules de la toiture, tu es bon pour le cabanon.

    STEPHEN KING – Shining 

    “Comment savez-vous qu’un rosier ne souffre pas lorsqu’on coupe sa tige, autant que vous si l’on vous tranchait les poignets avec un gros sécateur ? Qu’en savez-vous, hein ? Après tout il est vivant, lui aussi, non ?”

    Roald Dahl – Livres d’avril

    La revoilà, cette voix croquante et familière, cette voix qui coupait les mots en ciseaux pour les cracher menu comme un petit pistolet chargé de graines de framboise.

    Roald Dahl

    Jamais je n’oublierai les sensations d’effroi, d’horreur et d’admiration que j’éprouvais en jetant les yeux autour de moi.

    Edgar Allan Poe – Histoires extraordinaires

     

    Cet après-midi-là, j’enterre un homme de quarante-cinq ans dans une forêt derrière la Technopole Montesquieu. Après une ingestion massive de Gardénal, il s’est fatigué très rapidement puis il est mort pendant son transfert en forêt.

    Sébastien Gendron – Le tri sélectif des ordures

    NB : vous pouvez modifier le mot Technopole Montesquieu et utiliser le nom d’un autre lieu qui convient mieux à votre texte

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