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Étiqueté : carte postale, cliché, lieux communs
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28-11-2019 à 15:43 #3262LineMaître des clés
0 Préambule sur les intentions de cet atelier.
On lit souvent des textes à l’écriture fluide, qui tracent de belles images comme si la vie n’était qu’un long fleuve tranquille, mais qui finalement n’expriment pas d’émotion. Ce sont de beaux clichés, de belles cartes postales sans intérêt.
Les auteurs se font plaisir en débitant des mots sirupeux et des expressions toutes faites qui alimentent des cascades de bons sentiments ou d’émotions « en prêt à porter ». Mais le lecteur reste sur sa faim car il n’est pas en mesure de partager avec l’auteur des émotions ou des sensations sincères.
Notre dernier atelier portait sur le don, sur le fait que nos écrits c’est nous et que l’atelier est un moment de partage accueilli avec respect. Notre intention, aujourd’hui est dans la continuité de l’atelier du mois dernier. Nous voulons essayer de casser cette tendance que nous avons parfois, et d’aboutir à des textes plus sensibles, plus personnels, susceptibles de transmettre davantage d’émotions.
Deux partis-pris rédactionnels : Alors, pour cela, vous allez choisir une carte postale qui plantera le décor de votre récit. Nous allons d’abord écrire en mode “cliché” (une sorte de pastiche de “la route poudroie sous le ciel qui flamboie…” !!!).
Puis, dans un deuxième temps, nous tenterons le “contre-cliché” en écrivant une réponse au premier texte au style dans un style aussi différent que possible de celui-ci.7 1 Choisissez une carte postale. 3-10 2 Lecture à voix haute de deux textes clichés 7-17 3 En regardant cette carte postale, rédigez une lettre comme si vous étiez en voyage dans cet endroit. Restez descriptif, n’hésitez pas à utiliser les clichés, les phrases toutes faites, les jolis mots qui ne veulent pas dire grand-chose. Écrivez lisiblement.
Faites du plan-plan, du convenu, du gnan-gnan ! Une provison de textes « lieux communs » est mise à disposition dans plusieurs enveloppes pour inspiration)20-37 4 Montrez la carte postale et lisez votre texte à haute voix. 15-57 5 Passez cette carte et ce texte au 2ème voisin à votre droite Regardez maintenant la carte postale et le texte qui vous ont été remis. Vous allez devoir écrire un texte dont le style sera en opposition avec le style “cliché” que vous avez reçu. Vous allez adopter un style vraiment fantastique, voire dérangeant, choquant, inquiétant pour raconter maintenant cette carte postale. Vous allez commencer votre texte par « Mais tu ne connais pas l’envers du décor ! Moi qui connais bien ce lieu… » Vous avez 30 minutes
3 – 60 6 Au bout de 10 minutes : Tirez au sort un court texte, vous devrez l’insérer dans votre récit 10-70 7 Continuez l’écriture de votre récit. Pour vous inspirer vous pouvez piocher de courts extraits d’auteurs dans la boîte à ressources. (optionnel) 15-85 8 Maintenant, faites commencer une de vos prochaines phrases par « Imagine », vous avez encore 5’ pour terminer 5 -90 9 Montrez la carte postale et lisez votre nouveau texte à haute voix. 20-110 10 Débriefing. Des textes actuellement publiés (il en viendra d’autres) et écrits pendant cet atelier :
Gérard et Catherine à Gavarnie :
Mercedes et Marie-Paule à Arcachon :
Denyse et Philippe à Arc-en-Senans :
Christian et Lucette à Mérignac :
Catherine et Marie à Chatel :
https://www.oasisdepoesie.org/ecrire-ensemble/ateliers-collectifs/daisy/lieux-pas-si-communs-chatel/
TEXTES PRÊT À PORTER / EXEMPLES
Même à l’autre bout du monde, on pense fort à vous !
Nous voici aux États-Unis. Plus exactement à Los Angeles, cité des Anges où les starlettes rêvent de coucher avec les producteurs d’Hollywood dans les rouleaux du Pacifique. Hier soir, nous sommes allés nous promener sur la plage de Santa-Monica, où le soleil couchant empourpre de feu les eaux profondes du Pacifique, avant d’allumer des lueurs d’incendie sur les buildings de verre et d’acier.
La semaine prochaine, nous prendrons un vol pour New York, ville martyre qui ne dort jamais, aux gratte-ciel si hauts qu’ils tutoient les nuages…Hier, nous avons fait la connaissance Cindy, une ravissante étudiante au teint hâlé et aux yeux de biche, blonde comme les blés. Nous sommes allés à la fête foraine française où elle s’est émerveillée devant le spectacle de Guignol ! Décidément les Américains sont de grands enfants !
Hâte de vous raconter tout ça bientôt !
Librement inspiré de l’ouvrage de Pascal Fioretto « Et si c’était niais ? »
J’aime voir tes yeux
Briller de mille feux.
Comme les rayons du soleil,
Tu me réchauffes à merveille.
Même quand il pleut
Ton regard est aussi lumineux,
Rempli de petites étoiles filantes,
Tout cela m’enchante.
Nous naviguions ensemble,
Sur un océan déchaîné
Que toi seul as su calmer.Expressions ressources en “prêt à porter”
Le soleil éblouissant dardait ses rayons
Les yeux voilés d’un épais rideau de larmes
Habité d’un sombre pressentiment,
De grands yeux d’enfants ébahis.
La malédiction du temps qui passe.
Ils étaient littéralement suspendus à mes lèvres
Les cheveux d’or/blonds comme les blés/noir de jais ;
Les yeux bleu acier/bleu azur/bleu océan/vert émeraude ;
Les lèvres rouge sang / pulpeuses / bien dessinées
Le rire cristallin / Le sourire étincelant
La silhouette galbée / pulpeuse ;
Un brun ténébreux
Un doux zéphyr
Le port altier / Les jambes interminables ;
Le regard perçant/de braise ;
Le torse puissant
Ses yeux lancèrent des éclairs
Une activité dévorante
Un cœur de pierre
Un bonheur sans nuages
Briller d’un éclat sans pareil
Du choc de la discussion jaillit la lumière
Dévoré / Bourrelé de remords
Textes anti-clichés
Le ciel était une panse d’âne gonflée qui pendait très bas, menaçante, au-dessus des têtes.
Luis Sepúlveda – Le vieux qui lisait des romans d’amourC’est l’incertitude qui nous charme. Tout devient merveilleux dans la brume.
Oscar Wilde – Le portrait de Dorian Gray
Le silence était comme un buvard dans lequel on avait peur d’entendre les mots s’enfoncer et disparaître.
René Barjavel- La nuit des temps
Les robes de soie des femmes, froissées dans ce tourbillon dansant, rendaient des sons de nature particulière, on aurait dit le bruit d’ailes de pigeons.
Théophile Gautier LA CAFETIERE
Au bord de cette rivière s’élevait une ville d’un aspect oriental, telle que nous en voyons dans Les Mille et une Nuits, mais d’un caractère encore plus singulier qu’aucune de celles qui y sont décrites.
Edgar Allan Poe – Histoires extraordinaires
Dans notre esprit, il y a une petite pièce dans laquelle nous stockons le souvenir de toutes ces occasions perdues.
Haruki Murakami – Kafka sur le rivage
J’habite un hôtel borgne, si borgne, si borgne
Que je frémis lorsque, le soir,
Je vois son œil qui luit dans l’noir.Charles Trénet – L’hôtel borgne
C’est un jardin extraordinaire
Il y a des canards qui parlent anglais
Je leur donne du pain, ils remuent leur derrièreCharles Trénet – Un jardin extraordinaire
L’agence pour l’emploi de l’État de Floride était un chouette endroit
Charles Bukowski – Le factotum
NB : vous pouvez modifier le mot Floride, et utiliser le nom d’un autre lieu qui convient mieux à votre texte
Tout était très calme le matin et j’ai pensé : c’est sympa ils l’ont amené à l’hôpital ou à la morgue
Charles Bukowski – Le factotum
Il faisait une chaleur à tout casser dans cette turne, je me suis dirigé vers le piano et j’en ai joué
Charles Bukowski – Journal d’un vieux dégueulasseMon problème, c’étaient les gens. Et il y en avait partout.
Dan Fante – La tête hors de l’eau
Ça me démange de lui défriser la perruque !
Carlo Goldoni – Les amoureux
L’atmosphère était si humide que les poissons auraient pu entrer par les portes et sortir par les fenêtres, naviguant dans les airs d’une pièce à l’autre.
Gabriel GARCÍA MARQUEZ Cent ans de solitude
Les ustensiles ménagers, dans la plénitude de leur poésie, volaient de leurs propres ailes dans le ciel de la cuisine.
Gabriel GARCÍA MÁRQUEZ – Douze contes vagabonds
Il échappa à quatorze attentats, à soixante-trois embuscades et à un peloton d’exécution. Il survécut à une dose massive de strychnine versée dans son café et qui eût suffi à tuer un cheval.
Gabriel GARCÍA MÁRQUEZ Cent ans de solitude
À sa naissance, Rosa était toute blanche, toute lisse, comme une poupée de porcelaine, avec des cheveux verts et des yeux jaunes, le plus beau bébé à être apparu sur terre depuis l’époque du péché originel.
Isabel Allende – La Maison aux esprits
Car elle comptait bien les entraîner avec elle, jusqu’au dernier, et tout détruire par le feu jusqu’à ce que la puanteur de la ville calcinée imprégnât tout le pays.
STEPHEN KING – Carrie
Tu perds la tête, tu déménages, tu travailles du chapeau, tu as les méninges en accordéon, tu as une araignée au plafond, tu as le timbre fêlé, tu ondules de la toiture, tu es bon pour le cabanon.
STEPHEN KING – Shining
“Comment savez-vous qu’un rosier ne souffre pas lorsqu’on coupe sa tige, autant que vous si l’on vous tranchait les poignets avec un gros sécateur ? Qu’en savez-vous, hein ? Après tout il est vivant, lui aussi, non ?”
Roald Dahl – Livres d’avril
La revoilà, cette voix croquante et familière, cette voix qui coupait les mots en ciseaux pour les cracher menu comme un petit pistolet chargé de graines de framboise.
Roald Dahl
Jamais je n’oublierai les sensations d’effroi, d’horreur et d’admiration que j’éprouvais en jetant les yeux autour de moi.
Edgar Allan Poe – Histoires extraordinaires
Cet après-midi-là, j’enterre un homme de quarante-cinq ans dans une forêt derrière la Technopole Montesquieu. Après une ingestion massive de Gardénal, il s’est fatigué très rapidement puis il est mort pendant son transfert en forêt.
Sébastien Gendron – Le tri sélectif des ordures
NB : vous pouvez modifier le mot Technopole Montesquieu et utiliser le nom d’un autre lieu qui convient mieux à votre texte
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