Je vous invite aujourd’hui à jouer avec les fables de La Fontaine.
Le principe est simple.
L’objectif est de réécrire une fable en prélevant dans les fables du grand écrivain autant de vers que nécessaire.
Vous avez un grand choix à votre disposition, car ce fabuliste a été très prolixe.
Il ne vous en voudra pas, car il est de notoriété publique qu’il s’est beaucoup inspiré d’Ésope.
Si cela est nécessaire dans un vers vous pourrez substituer un personnage à un autre, bien sûr, ce personnage sera tiré d’une autre fable de La Fontaine.
Faire rimer les vers serait bien, mais non indispensable.
Vous indiquerez les fables que vous aurez utilisées pour rédiger la vôtre.
Un exemple
L’aigle et le corbeau
L’oiseau de Jupiter enlevant un mouton,
Un corbeau témoin de l’affaire,
Tenait en son bec un fromage
Un vrai mouton de sacrifice qui lui sembla de belle taille,
Gaillard corbeau disait en le couvant des yeux,
Hé bonjour, Monsieur L’aigle,
Que vous êtes joli ! Que vous me semblez beau,
Sans mentir, si votre ramage
Se rapporte à votre plumage,
Vous êtes le Phœnix,
À ces mots, l’aigle ne se sent plus de joie,
Laisse tomber sa proie, le corbeau s’en saisit
La Moutonne créature, pesait plus qu’un fromage
Le pauvre animal ne put faire de retraite,
Se sent percés de coups : il gémit, il soupire,
Si bien qu’il en creva.
Le monde est plein de gens qui ne sont pas plus sages
Mal prend aux Volereaux de faire les voleurs.
Fables utilisées.
Le corbeau voulant imiter l’aigle
Le corbeau et le renard
La grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf
Les deux mulets
Les animaux malades de la peste – Le rat qui s’est retiré du monde – La cigale et la fourmi – Perrette et le pot au lait – Un animal dans la lune
Un mal qui répand la terreur,
Mal que le Ciel en sa fureur
Inventa pour punir les crimes de la terre,
Faisait aux Animaux la guerre.
Vous assister ? que peut-il faire,
Que de prier le Ciel qu’il vous aide en ceci ?
Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés.
Quel esprit ne bat la campagne ?
Qui ne fait châteaux en Espagne ?
Autant les sages que les fous.
Pendant qu’un philosophe assure,
Que toujours par leurs sens les hommes sont dupés,
Un autre philosophe jure,
Qu’ils ne nous ont jamais trompés.
Les Tourterelles se fuyaient :
Plus d’amour, partant plus de joie.
Ils demandaient fort peu, certains que le secours
Serait prêt dans quatre ou cinq jours.
Jusqu’à la saison nouvelle.
La cigale ayant chanté
Tout l’été,
Se trouva fort dépourvue
Quand la bise fut venue.
Que le plus coupable de nous
Se sacrifie aux traits du céleste courroux ;
Peut-être il obtiendra la guérison commune.
Ô peuple trop heureux ! quand la paix viendra-t-elle
Nous rendre, comme vous, tout entiers aux beaux-arts ?
@Hermano
Voilà une fable bien troussée et qui s’intègre à point dans l’actualité de 2021.
La Fontaine doit être heureux au ciel, en regardant par dessus ton épaule ta plume glisser sur le papier…
LA TORTUE qui voulait s’envoyer en l’air
Une Tortue était, à la tête légère,
Qui, lasse de son trou, voulut voir le pays,
Ouf ! Un peu d’air !
Volontiers on fait cas d’une terre étrangère :
Volontiers gens boiteux haïssent le logis.
Deux Canards à qui la commère
Communiqua ce beau dessein,
Deux canards s’aimaient d’amour tendre.
L’un deux s’ennuyant au logis
Fut assez fou pour entreprendre
Un voyage en lointain pays.
Salut copine !
Il dit qu’il avait de quoi la satisfaire :
Voyez-vous ce large chemin ?
Oh oui je le vois ! Il est chouette ce chemin !
L’autre canard lui dit : Qu’allez-vous faire ?
Voulez-vous quitter votre bayadère ?
Oh ! dit-elle, j’en fais faire autant !
Nous vous voiturerons par l’air en Amérique.
Vous verrez mainte république,
Maint royaume, maint peuple ; et vous profiterez
Des différentes mœurs que vous remarquerez.
Ulysse en fit autant. On ne s’attendait guère
De voir Ulysse en cette affaire.
Oh merde ! Qu’est-ce que je fais dans cette histoire ?
La Tortue écouta la proposition.
Marché fait, les Oiseaux forgent une machine
Pour transporter la pèlerine.
Dans la gueule en travers on lui passe un bâton.
Serrez bien, dirent-ils ; gardez de lâcher prise.
Puis chaque Canard prend ce bâton par un bout.
La Tortue enlevée on s’étonne partout
De voir aller en cette guise
L’animal lent et sa maison,
Justement au milieu de l’un et l’autre Oison
Miracle, criait-on. Venez voir dans les nues
Passer la Reine des Tortues.
Pardon !!! Pas celle-là…
La Reine : vraiment oui ; Je la suis en effet ;
Ne vous en moquez point. Elle eût beaucoup mieux fait
De passer son chemin sans dire aucune chose ;
Car lâchant le bâton en desserrant les dents,
Elle tombe, elle crève aux pieds des regardants.
Moi Isaac ! Je vous l’avais déjà dit !
Son indiscrétion de sa perte fut cause.
Imprudence, babil, et sotte vanité,
Et vaine curiosité,
Ont ensemble étroit parentage
Ce sont enfants tous d’un lignage
Cette leçon vaut bien un
Oh zut ! C’est de la mauvaise poésie !
La tortue et les deux canards – Les deux pigeons – Le corbeau et le renard – Le lièvre et la grenouille