Bienvenue dans ce nouvel atelier où nous vous proposons de rejoindre le monde de l’enfance.
1/ Pour vous plonger dans cette atmosphère de l’enfance, commencez par visionner ces trois courtes vidéos.
Regardez, tout simplement, sans encore écrire ou prendre de notes.
2/ Puis regardez ces photos qui montrent des univers d’enfant :
3/ Choisissez-en une.
4/ Écrivez un texte qui évoque la façon dont l’enfant vit la situation de la photo.
5/ Publiez-le dans les commentaires ci-dessous en précisant quelle photo vous avez prise.
Au plaisir de vous lire !
Photo : les jambes du jeune garçon
Salut, j’m’appelle Lucas
C’est l’aprêm, j’m’ennuie chez moi
Les copains ne sont pas là,
Sont partis chez Elena
Moi, elle m’a pas invité
J’l’ai entendu s’marrer
Quand ses copines ont glissé
L’p’tit gros te kiffe, tu sais
Vous mes jambes, j’vous aime pas
Vous êtes moches de haut en bas
J’me demande bien des fois
C’que j’vais pouvoir faire de moi.
La méchante ! La méchante !
Comme hier, elle a encore jeté mon béret par-dessus la palissade, et comme hier elle va m’accuser et aller dire à maîtresse que je l’ai jeté moi-même.
C’est seulement le deuxième jour de mon arrivée à l’école maternelle et je vais encore me faire fâcher par maîtresse. Et pourtant, je trouve qu’elle est belle ma maîtresse et, du haut de mes quatre ans, je l’aime ma maîtresse. Enfin, “du haut” si je peux dire ! Alors, je veux pas qu’elle me fâche. Tout le monde l’appelle “Mademoiselle Hervé” mais je sais qu’elle s’appelle Isabelle, alors moi, dans ma tête, je l’appelle Isabelle et j’aimerai toujours toutes les Isabelle.
En plus, derrière la palissade, il y a un chantier et mon béret, il est tout sale maintenant, maman va me gronder.
La méchante, c’est Judith ! regardez comme elle est méchante ! J’ai juste envie de lui donner un grand coup de pied dans son tibia. Ça fait très mal, et peut-être qu’après elle va me laisser tranquille. Jamais je n’aimerai les Judith.
Je vais aller voir maîtresse pour lui dire que c’est pas moi. Pour qu’elle me croie, je ne sais pas si je dois faire mon sourire ou bien pleurer. C’est vrai que j’ai envie de pleurer et je veux pas passer pour une poule mouillée devant maîtresse Isabelle, mais pourtant si je souris, elle va croire que je me moque, que c’est moi qui ai jeté le béret. Je ne sais pas quoi faire, je me sens vraiment à la merci de cette horrible fille ! Va-t-elle continuer tous les jours à jeter mon béret comme ça ?
Je hais toutes les Judith ! Je vais lui casser son tibia ! Ce sera moi, le méchant !
La cousine Alice a 15 ans. Elle passe nous voir perchée sur son beau vélo. Un très beau vélo avec des garde-boue et de grandes sacoches rouges. J’attends son arrivée, je sais qu’elle vient le jeudi quand comme moi elle n’a pas école.
Au printemps quand elle pédale jambes nues et penchée en avant, mon regard se glisse entre ses seins tremblants sur les chaos du chemin et je devine le croisement de ses cuisses, même qu’un jour le vent a soulevé sa jupe très haut. C’est une image qui reste dans ma tête et je revis souvent cet instant. Je ne sais du corps des femmes que ce que j’ai pu en voir dans le Larousse et le catalogue de La Redoute, c’est un grand mystère.
Je crois que depuis ce jour je suis amoureux d’Alice, enfin sans savoir exactement ce que signifie ce mot, je l’entends parfois dans la bouche des grands, mais comme le jeudi j’attends sa venue, que mon coeur bat quand elle approche, que j’espère un petit coup de vent, je me dis que je suis amoureux.
Bien sûr elle ne le saura jamais. J’essaie de ne pas rougir quand elle me passe la main dans les cheveux et dépose un baiser sur mon front avec un beau sourire. Elle est gentille avec moi, ce sont des jeudis lumineux.
Un jour je me marierai avec Alice.
Bottes inoubliables
Nous sommes fin février. Dans le sud de mon pays de naissance, le soleil est presque toujours chaud à cette période de l’année.
Nous sommes en train de rentrer de l’école. Dès que nous atteignons le bord de la rivière, nous jetons nos jolis manteaux sur l’herbe et commençons à jouer à cache-cache bien que nous soyons trop vieux pour de tels jeux d’enfants.
En fait, on n’a pas besoin de manteau ici. Nous les portons car nos mères aiment montrer à quel point leurs filles sont à la mode.
Quant aux garçons, ils n’ont pas besoin de porter de bottes. Il fait vraiment trop chaud pour porter ces bottes qui semblent les rendre de plus en plus machos comme dans les films de guerre.
Nous, les filles, nous amusons des garçons approchant avec désinvolture. Leurs bottes et leurs chemises à moitié déboutonnées les font paraître un peu stupides, surtout quand ils commencent à parler avec leurs voix qui ne vont pas avec leurs bottes très viriles.
Ils nous rejoignent bien qu’eux aussi soient un peu trop vieux pour jouer à cache-cache.
Je me cache derrière mon mimosa préféré en pleine floraison.
Soudain, Cyrus m’attrape par la taille.
J’y vois pour la première fois la beauté presque féminine d’un jeune homme, malgré sa tenue narcissico-macho.