Ça s’appelle un logo-rallye, (merci à Maryline de m’avoir fait connaître cet exercice !) :
Il s’agit d’écrire un texte en 10 minutes en y insérant les mots que je vais prononcer, à raison d’un mot par minute.
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Quand votre texte sera terminé,
vous pourrez si vous le souhaitez le publier ci-dessous dans la boîte de commentaires.
Vous pouvez aussi prendre le temps de l’améliorer, de l’enrichir, d’en rajouter à votre idée avant de le publier ici.
Alors, allons-y !
Pélagie
L’enfant regarda la carte du monde qui s’étalait devant ses yeux. Pointé sur l’archipel indonésien, son petit doigt sautait d’île en île, longeait les côtes dentelées, grimpait jusqu’aux éminences couronnées de cratères puis redescendait vers les fosses profondes peuplées de poissons électriques et de calamars géants.
Exploratrice en devenir, elle s’imaginait voguer vers des horizons lointains et démesurés où, au bout de la mer infinie, surgissait l’archipel fabuleux crénelé de volcans. Elle rêvait de les découvrir en pleine éruption, leurs flancs sombres et massifs, striés de veines incandescentes.
Puis, voguant plus loin pour trouver un refuge paisible, elle arriverait dans un lagon calme où danseraient les baleines. Elle se laisserait bercer par leur chant magique avant de reprendre évidemment le large en quête d’autres découvertes. La peau cuite par le soleil, les yeux fendus à force de scruter l’horizon, elle hisserait la voile et voguerait vers d’autres aubes éclaboussantes de lumière ou des crépuscules pourpres éclatants.
Elle poursuivrait sa course sous la lune et les étoiles, toujours plus loin, fendant hardiment de son étrave les esprits marins qui chercheraient à l’épouvanter les jours de grand vent.
Distraite par la corne de brume, la petite regarda par la fenêtre. Dans le jour finissant, des étraves de béton fendaient la mer et les porte-containers barraient l’horizon de leur cargaison bigarrée. Oui, elle le savait, quand elle serait grande elle répondrait à l’appel des mouettes.
Logo-rallye du 30 avril 2020
Sur cet archipel de mots, il voguait dans sa barque sans rames,
laissant le vent, en grande éminence, dirigeait en son royaume
ceux qui ne savaient encore ce qu’ils allaient devenir.
Ses attentes à lui restaient vaines, ayant depuis longtemps mis clef sous baleine,
il voguait sur ses désirs intemporels. Ses mains ridées déjà bien cuites au soleil.
Evidemment son cœur, en perte sèche, s’adonnait à surprendre,
par instant, encore un peu,
la magie d’un crépuscule sans lune.
Mais, épouvanté par tant de lassitude, il ne croyait plus au frémissement d’un amour finissant.
Ophénix 30 avril 2020
Il voguait vers l’archipel
quand il aperçut une éminence
qui semblait devenir menaçante.
Pas de veine, pensa-t-il,
me voilà face à une baleine.
Évidemment il n’y a qu’à moi que ça arrive.
Si elle avance les carottes sont cuites !
À l’approche du crépuscule
ce monstre m’épouvante
dans le jour finissant.
Loin d’un archipel perdu, aux confins d’une mer inconnue mais près d’une île, Heymi Nans ne songe pas à un passé révolu et envisage ce devenir qui se profile à l’horizon d’une vie d’errance.” Demain ce sera bien ma chance, une veine inouïe, une découverte peut-être ultime. A savoir…à l’impossible nul n’est tenu! ” Il fait confiance en optimiste convaincu.
A quelques encablures il aperçoit la baleine blanche, celle qu’il connait depuis l’enfance, qui accompagne les battements de son coeur. Elle se trouve maintenant là, à portée de vue. Cuite par une chaleur torride, sa peau ruisselle d’eau vaporeuse quand un élan d’une puissance infinie la laisse évidemment s’extraire de l’immensité liquide qui l’englobe. Elle s’approche en une énergie foudroyante.
Au crépuscule d’une journée morne d’un aujourd’hui semblable à un hier consommé qui s’étire, il découvre un regard épouvanté dont il ignore la cause. De quel enjeu est-elle la victime tandis qu’elle s’adresse à lui? Dans le bain tragique d’un soleil finissant, il saisit l’éclair dans ses prunelles excessives, se fige dans une immobilité sculpturale afin de recueillir ses confidences.
Depuis quarante jours il naviguait à la recherche de la terre promise. Il errait de l’un à l’autre des multiples ilots de cet archipel où les vents changeants l’avaient drossé. En l’absence d’éminence suffisamment émergée il n’avait pu y débarquer et mettre en sécurité sa précieuse cargaison. Il partait à la recherche d’un mouillage plus accueillant. Depuis quarante jours il pleuvait.
Son optimisme du départ commençait à battre de l’aile à l’instar des cormorans qui étendaient les leurs sans parvenir à les sécher. De l’eau il y en avait. Dessous, dessus, partout. Dessous, c’était normal, indispensable. La nef ne pouvait flotter sans elle. Mais dessus ? Ça commençait à faire beaucoup.
Ce n’était point les grains familiers aux marins, certes violents que le vent emporte aussitôt laissant derrière lui une embellie ensoleillée, source de réconfort. Et d’espoir. Pas davantage ces embruns qui vous pénètrent et refroidissent jusqu’à la moelle des os. Ni une averse, ni une ondée. Une pluie battante, continue. Matin, midi, soir, la nuit, sans répit. Chute d’eau à verse.
Il ne tombait pas des chats et des chiens quoi qu’en disent certains insulaires aguerris à une météo maussade. Ceux qui avaient été embarqués cherchaient refuge dans les recoins les moins humides des coursives. Il pleuvait des hallebardes déclarons-nous ici sans que personne ait pu témoigner d’une chute abondante de cette arme de lansquenet.
De retour au carré Noé retira son caban trempé jusqu’à la doublure. D’un revers de sa manche de marinière il s’épongea le visage. En suivant il essora sa barbe qui s’égouttait sur le plancher. Il se surprit dans sa solitude à oraliser la pensée qui commençait à le tarauder. “Qu’allons-nous devenir ? En sortira-t-on de cette pétole ?” Il devait se garder d’exprimer cette inquiétude naissante sur le pont afin de ne pas angoisser davantage ses passagers.
Chacun à la mesure de ses moyens mettait du sien pour aider à la manœuvre. Les singes se précipitaient dans les haubans dès qu’il s’avérait nécessaire de ferler la voile sur la vergue. M. Éléphant et Madame n’étaient pas gênés par leur masse imposante dans l’action qu’ils menaient sans relâche pour maintenir la baille à flot. Tels des pompes aspirantes et refoulantes, à l’aide de leur longue trompe ils puisaient l’eau accumulée dans la sentine et la rejetaient par dessus bord. On se pressait en nombre au bastingage pour assister au spectacle que les marins-pompiers de New York rééditent pour honorer l’entrée au port d’un paquebot.
Les trop petits ou inaptes au moindre travail avaient à cœur de se tenir à l’écart des écoutilles et autres points de passage pour ne pas retarder les actifs. Il n’y avait pas de vaine participation, fut-elle passive. Comme partout il se trouvait des rouspéteurs mécontents de la lenteur du voyage ou du service à bord. Ainsi Mme Hippopotame et Monsieur qui voyageaient à fond de cale reprochèrent l’abaissement du niveau de leur bain quotidien. Le capitaine dut y aller de son autorité pour les persuader qu’il fallait choisir entre le confort ou sombrer.
Appelé de toutes parts, Noé parcourait le rafiot en tous sens. Il ne cessait de maugréer in petto. “Il pourrait bien m’aider un peu ? Une risée, ça ne Lui couterait rien. Ça chasserait les nuages, on y verrait mieux, ça donnerait du courage. Bien sûr Il a dit : Aide-toi, le Ciel t’aidera. Mais Il n’a pas précisé quand. Ni comment.” Soucieux du bien-être de ceux qu’il avait pris en charge pour les mener à bonne destination, il s’ingéniait au cours de ses rondes à les rassurer de paroles encourageantes.
Le couple des Baleine conscient de leur volume incommensurable avec l’esquif avait décidé de suivre dans leur élément. À tour de rôle ils poussaient en poupe pour sortir de la bonace. Tandis qu’en figure de proue Mme Girafe avec une feuille de bananier protégeait la tête de son époux qui avait besoin du maximum d’acuité visuelle dans sa fonction de vigie. Selon les amers qu’il décelait, il donnait le cap à suivre. Les oiseaux de mer se relayaient pour les transmettre aux cétacés. Évidemment sous les ricanements ironiques des mouettes toujours les premières à critiquer, mais incapables de proposer une meilleure solution.
Noé, vieux loup de mer, n’était pas homme à se décourager. Les années à bourlinguer, comme en témoignait son visage tanné par le soleil et ses mains cuites par le sel, lui avaient enseigné la persévérance. Il était à l’épreuve. Il en avait affronté de pires. Derrière son front obstiné bouillonnait une pensée :”Je ne suis pas au crépuscule de ma vie. Ce n’est pas ce maudit crachin qui m’épouvantera.” Il en était là de sa rumination, la nuit finissant, quand avec les première lueurs de l’aube, il entendit le meuglement claironnant de M. Girafe trouer le silence qui surnageait les flots apaisés :
” Terre à tribord ! “
La baleine et les petits pois
Il était une fois un tout petit garçon qui boudait devant une myriade de petits pois, largement dispersés dans son assiette, ramassés en un archipel de verts îlots sur un océan blanc. C’était décidé, adviendrait ce qui devrait advenir, il ne les mangerait pas.
Et son esprit s’échappa par la fenêtre pour y survoler les vagues. La mer d’ordinaire est bleue, les colères sont noires (ou rouges), les petits pois sont verts (ou parfois rouges eux aussi, bien entendu), les nains sont jaunes et les éminences sont grises comme le disent les livres d’Histoire.
Danser parmi les couleurs ou devenir un dauphin et jouer dans les flots. Vaine rêverie, aucune tempête, aucun raz de marée ne venait balayer ces petites billes qu’il savait pâteuses et désormais froides.
Il apercevait au loin son amie la baleine, battant l’écume de son immense queue. Il n’y a pas de platées trop cuites de petits pois visqueux dans le monde des dauphins et des baleines ! Il n’y a que liberté et aventure, chants et danses et fonds marins mystérieux ! Évidemment !
Mais pourquoi n’était-il pas un dauphin à folâtrer avec ses amis, à éclabousser le crépuscule, à sentir la caresse de l’eau sur sa peau ?
Quand arriva soudain le moment tant redouté :
Alors tu les enfiles ces petits pois ?
La voix de la marâtre était sans appel, épouvanté mais résolu il renversa l’assiette, sens dessus dessous, provoquant dans l’archipel des petits pois le séisme qu’on imagine et chez la méchante femme de fatals spasmes de colère. Cette histoire finissant, il prit tranquillement ses palmes et se dirigea vers la plage, une autre histoire commençait.
Il devint pécheur et dans sa vie il y eut des rames, mais plus jamais de petits pois !