Pour cet atelier, nous vous proposons un support inédit : la publicité télévisée (autrement dit : la pub à la télé) !
Et vous serez peut-être surpris par son pouvoir de suggestion.
Nous avons choisi les publicités de produits laitiers… ce qui explique le titre de cet atelier, en hommage à Charles Trénet, un de nos grands poètes populaires (vidéo en prime ci-dessous après les consignes de l’atelier).
1 – Pour commencer, vous allez regarder au moins 4 de ces courtes publicités et noter des mots que vous entendez et qui vous plaisent. (Comme le débit est rapide, vous pouvez les écouter plusieurs fois pour avoir le temps de noter suffisamment de mots)
https://www.youtube.com/watch?v=GP2VE-pFBTo La Laitière Bio à la Vanille Nestlé
https://www.youtube.com/watch?v=ASc40_mpZjU ChocoSui’s de Nestlé
https://www.youtube.com/watch?v=MKEZ5rehorI Lait de vache
https://www.youtube.com/watch?v=TG4ASaAuZfQ Yop (yaourt à boire) Yoplait
https://www.youtube.com/watch?v=08ViwR29vWQ Yop mère et fils Yoplait
https://www.youtube.com/watch?v=pWdSr-8VeyE Bio Bifidus Ophélie Winter Danone
https://www.youtube.com/watch?v=x0F3KTH-FQA BIO au Bifidus actif Danone
https://www.youtube.com/watch?v=mj3v3qSrXwM Shakira pub Activia Danone
2 – Revenez maintenant sur ces annonces publicitaires et notez des mots que vous inspirent les images que vous voyez (les personnages, l’ambiance, l’environnement, les couleurs, les formes, d’autres choses…).
3 – Parmi ceux que vous avez notés, choisissez tous les mots qui vous plaisent le plus. Vous pouvez aller jusqu’à une trentaine de mots et même plus si vous voulez, ou vous limiter à très peu de mots (pas moins de 6).
4 – Écrivez maintenant un premier texte en utilisant tous les mots retenus. Tous les types de textes sont admis. C’est à vous !
… … … …
5 – Pour continuer et terminer maintenant cet atelier, nous vous proposons de développer une métaphore (*) à propos du lait :
Commencez votre texte par :
- Le lait c’est comme…
ou
- Si j’étais du lait…
ou
- une autre introduction selon votre inspiration.
À votre gré, vous êtes libres d’utiliser ou non tout ou partie des mots que vous avez notés au début.
Si vous êtes joueuse ou joueur, vous pouvez même éviter d’utiliser le mot “lait” ! (on ne rit pas…)
Merci de poster enfin vos deux textes ci-dessous dans la boîte de commentaire.
(*) Métaphore : la métaphore laisse deviner la ressemblance, les qualités partagées par deux “concepts”, sans pour autant procéder à une comparaison, comme quand Victor Hugo écrit « cette faucille d’or dans le champ des étoiles. »
ou encore…
Ma jeunesse ne fut qu’un ténébreux orage. Charles Baudelaire
Si vous êtes buveuse ou buveur d’eau, tentez de nouveau l’exercice :
https://www.youtube.com/watch?v=e6SFcF9Q8EY SodaStream
https://www.youtube.com/watch?v=PNzUecbbvbQ Volvic
https://www.youtube.com/watch?v=cti6zLfYb4U Quézac
https://www.youtube.com/watch?v=eVRQ7nC8_aU Vittel
En guise de madeleine de Proust, pour sourire un peu et voyager dans le temps, voici des vieilles pubs des années 70 : https://www.youtube.com/watch?v=yDNNM1C14TM
Pour voyager encore plus loin, la vidéo promise de Charles Trénet : https://www.youtube.com/watch?v=qhAeM0hVXFs&t=11s
les mots retenus : producteur – vanille – Maurice – bon vieux temps – éventail – extase – c’est bon – désordre – capital – corps – jaune – sourire – goinfre – éolienne – dégoût – beauté lisse – ventre – bébé – comète – moite.
premier texte avec tous ces mots :
C’est le matin et l’air est déjà moite. L’énorme éventail accroché au plafond, actionné par un domestique en kurta ocre jaune n’y fait rien : Maurice meurt de chaleur sur la terrasse. Dehors, l’éolienne est immobile, on attend la mousson.
Pourtant, cette année, Maurice devrait être heureux, la récolte de vanille n’a jamais été aussi fructueuse et il est le plus gros producteur du district de Narvala. Oui, c’est bon de se sentir ainsi un des hommes puissants de ce territoire, de posséder le plus beau des havelis à des kilomètres à la ronde, la plus belle femme dont la beauté lisse porte un nouveau bébé dans son ventre, les domestiques les plus travailleurs et les plus soumis.
Mais Maurice a trop chaud, il étouffe malgré l’éventail d’osier agité au-dessus de sa tête, comme au bon vieux temps. Au loin, les pâles de l’éolienne restent immobiles. Tout est en désordre dans sa tête, il n’arrive plus à penser. Serait-ce une fièvre ?
Hier soir, c’est vrai, comme un goinfre il a mangé l’agneau au curry et bu le feni sans retenue, jusqu’au dégoût, pour fêter la fin de la récolte de vanille, un vrai capital amassé là. Et puis il est sorti se clouer dans ce fauteuil pour le reste de la nuit, à regarder passer des comètes au sourire jaune, le corps et la tête en extase.
Ce matin, l’air est déjà moite, on attend la mousson et Maurice, brûlant, s’allonge à même le sol de la terrasse. Même ses yeux sont douloureux, il baisse les paupières. Serait-ce une fièvre ?
L’éolienne est toujours immobile.
deuxième texte :
Si j’étais lait, je serais lait d’ânesse
pour couler le soir
sur les ventres lisses
des Shéhérazades
apaisant le feu
de leurs hibiscus offerts
bijoux scintillants de stupre
Je baignerais
les figues éclatées
et me laisserais
lécher
sur leur tendre peau
de courtisanes
Au fond d’une grotte vivaient,
Une mère et son fils adoré.
Une cascade les abreuvait.
Quelques poissons ils y péchaient
Et quand ils étaient fatigués
Sur la mousse ils s’allongeaient
Sans manquer de rien, ils vivaient,
Loin des hommes et en paix.
À l’entrée de la grotte pourtant,
L’enfant s’asseyait souvent.
Il humait l’air du printemps,
Dans la nuit semée de brillants.
Il rêvait de prés opulents,
De moulins sous le vent,
De pains blonds et de lait blanc,
De jeux avec d’autres enfants.
Un soir de lune dorée,
Vint le voir une blonde fée
Au doux parfum de cerisier.
De sa baguette elle fit briller
Un chemin de paillettes dorées.
Envoûté de rêves étoilés,
Ses pas désormais le guidaient
Aux confins de la Voie Lactée.
Métaphore
Cascade blanche et nourrissante, réchauffée au sein du foyer maternel
1 La cueillette des myrtilles.
Pendant les vacances d’été, quand Cécile avait 10 ans, ses parents louaient une maison dans le Hainaut.
Les 5 enfants partaient souvent dans les bois, munis de leurs paniers pour cueillir des myrtilles.
Un des étés fut très chaud. Il y avait beaucoup de petites baies bleues sous les arbres ; ils remplissaient leurs paniers;
Cécile, l’aînée de la bande, marchait en tête ; les plus gourmands dégustaient les fruits, trahis par leurs lèvres violettes.
Des papillons, des coccinelles,des araignées, des moustiques nous frôlaient.
Les plus jeunes jouaient à cache-cache, se poursuivaient et s’empiffraient des délicieuses baies.
C’était un vrai bonheur.
Un jour, un fort orage les surprit et mit fin à ces doux moments.
Poursuivis par les éclairs, les grondements célestes, et une pluie piquante, ils eurent un retour pénible.
Trempés de la tête aux pieds, c’est une semonce magistrale qui accueillit Cécile parce qu’elle était l’aînée, qu’elle n’avait pas prévu
l’orage et qu’elle était responsable des petits.
2 Si j’étais lait, je sortirais, tel une fibrille blafarde, chaude et fraîche,tel un serpentin fier et immaculé, du pis de la vache.
Je serais transformé en Cantal, en Cheddar ou en Carré fleuri.
Les mots : Gourmand, onctueux, fondante, myrtille, mousse, comptine, menaces, douceur, féérique.
Texte :
Voici le personnage.
La première impression qu’il dégage est celle de rondeur. Son visage, son corps, ses gestes, tout semble rond. Ses mains virevoltent, ses doigts potelés semblent effleurer les choses. Même sa voix est de velours, presque fondante, et il s’exprime avec un phrasé onctueux. Malgré son âge, sans être bien vieux il n’est plus un gamin, on pense à un chérubin. Un chérubin gourmand, bon vivant mais sans vulgarité, son rire reste discret. Il a le savoir vivre affable qui met en confiance et si un filet de jus de myrtilles souligne la commissure de ses lèvres il s’empresse de l’éponger avec un linge blanc, à petits coups de tampons. On l’imagine, vêtu à la romaine, allongé sur un lit de mousse se délectant de ces fruits, une coupe de vin à la main et murmurant une comptine. Il émane de lui une sorte de douceur féérique et on ne peut attendre de sa part ni menace ni brusquerie.
Pour débusquer dans les taillis cette délicieuse baie sauvage on lui confierait ses enfants en toute confiance et … on aurait tort.
Une métaphore :
Juste un nuage !