Énigmes – Atelier d’écriture
Merci de nous rejoindre pour ce nouvel atelier d’écriture en ligne.
Vous allez d’abord bien regarder cette image d’un bouquet abandonné sur un banc public.
Regardez l’image dans tous ses détails pendant environ 2 minutes (c’est important).
Écrivez maintenant quelques phrases pour expliquer ce qui s’est passé (5 à 10 minutes).
De la même façon regardez maintenant en détail cette deuxième image d’une paire de rollers, là sur cette terrasse en bois.
Écrivez maintenant quelques phrases pour dire ce qui s’est passé (5 à 10 minutes).
Pour terminer, écrivez un texte plus long qui intègre ces deux images, quelque chose qui les rend indissociablement liées (en utilisant ou pas les 2 textes précédents).
Vous pouvez adopter la forme qui vous plaira : une nouvelle, bien sûr, mais pourquoi pas aussi un poème, un article de journal, un compte-rendu, ou encore autre chose à votre fantaisie.
Merci de poster vos 3 textes ci-dessous dans la boîte des commentaires.
Il nous tarde de lire vos différentes explications et de voir comment chacun.e associe les deux images !
P.S. Si vous souhaitez des commentaires sur votre dernier texte, vous pouvez aussi le publier dans les textes d’atelier ici.
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La très vieille dame adore le mimosa. Cet après-midi-là, pendant sa promenade, elle n’a pas pu résister à la tentation de ce duvet jaune et odorant : elle en a chipé un gros bouquet par-dessus une clôture du voisinage et elle se sent coupable de ce petit larcin. Un peu plus loin, elle s’est assise sur ce banc pour se reposer un peu mais, maintenant, elle n’ose plus rentrer, tenant contre elle les fleurs qui la désignent comme une voleuse, une prédatrice ! À son âge ! C’est vrai qu’elle a quand même un peu dépouillé le bel arbuste, mais pourtant, on lui pardonnerait bien ce petit écart. Alors, une dernière fois, elle respire le doux parfum jaune et abandonne le bouquet là, sur ce banc public.
C’est un mercredi de janvier. Le 27 janvier exactement. Sarah est venue rendre visite à sa grand-mère en fin d’après-midi, mais celle-ci ne répond pas à son coup de sonnette. Mamie est probablement sortie pour sa promenade quotidienne dans le quartier, pense-t-elle. Pourtant, la porte est restée ouverte, ce n’est pas dans les habitudes de la vieille dame. Alors, Sarah déchausse ses rollers et pénètre dans la maison qui semble vide…
Sarah, inquiète, appelle : Mamie ! Mamie ! Tu es là ? Personne ne répond.
– Oui, oui, je suis là, entend-elle enfin sa grand-mère. La vieille dame est affalée dans son fauteuil du salon, le grand fauteuil bergère en velours vert où elle aime se reposer. La nuit commence déjà à tomber et l’obscurité règne dans la pièce.
– Mamie, ça va ? Qu’est-ce qu’il t’arrive ? fait Sarah qui n’a pas l’habitude de trouver sa grand-mère ainsi égarée.
– Oh ! Je viens de m’endormir, j’en avais besoin. Je ne sais pas ce qui m’a pris cet après-midi, mais j’ai coupé du mimosa par-dessus une clôture, j’espère qu’on ne m’a pas vue, j’ai honte. Mais j’aime tellement ça, le mimosa, ça sent si bon…
– Mais… tu es sûre ? Je ne sens pas le mimosa ici, moi !
– Oh ! J’avais tellement honte que je l’ai abandonné sur un banc… tu sais, le banc où je m’arrête toujours pendant ma promenade.
– Oui, oui, je vois ! Mais je vais aller le chercher, moi, ton bouquet ! Avec mes rollers, j’en ai pour trois minutes ! J’espère qu’il est encore là !
– Sans attendre de réponse, Sarah quitte le salon toujours dans l’obscurité et file vers la porte d’entrée toujours ouverte.
Devant la porte, sur la terrasse en bois, posé à côté des rollers de Sarah, se trouve le bouquet de mimosa auquel est attaché un petit mot. Il fait déjà presque nuit, le couvre-feu ne va pas tarder. Un vieil homme se presse en boîtant sous un réverbère au coin de la rue.
Le mimosa
Le petit pompon rouge gambadait sur le chemin. il s’immobilisa soudain devant l’immense arbre jaune qui flamboyait contre le ciel gris.
François rejoignit la petite. Ses yeux noisette brillaient au-dessus de ses joues rosies par le froid. « Regarde Papa, c’est beau ! »
Il se pencha vers elle: « Tu veux qu’on rapporte un bouquet à Maman ? »
La petite battit des mains : « Oh, oui ! »
François sortit de sa poche un bout de ficelle et le couteau qu’il avait toujours sur lui et entreprit de composer un gros bouquet rustique. La petite tendit les bras pour accueillir l’éclatante brassée de petits pompons jaunes. Elle y enfouit son visage: « Ça sent bon ! ».
François sourit. il replia son couteau et le remit dans sa poche. « Viens chérie, il faut finir notre promenade avant la nuit ».
Ils arrivèrent bientôt dans une forêt de pins. Au bout d’un chemin balisé, ils atteignirent une clairière où était aménagée un aire de jeux pour les enfants.
La petite confia le bouquet à son père et courut vers le toboggan. François s’installa sur un banc et prit quelques minutes pour consulter son téléphone. Lorsqu’il leva les yeux le petit pompon rouge avait disparu. Il se leva précipitamment…
Les rollers
Sous le sapin, papiers cadeau en boules, rubans dorés et pochettes pailletées étaient amoncelés. Assise au centre de ce parterre, Karen tomba en arrêt devant la dernière boîte qu’elle venait d’ouvrir. Nichées au cœur d’une feuille de papier de soie, elle découvrit de merveilleuses chaussures de roller. Leur teinte amarante, leur odeur de cuir neuf, la brillance des parties chromées, l’élégant contraste des ganses et des lacets blancs, tout la ravissait.
Karen aimait tellement ses rollers qu’elle ne mettait pas d’autres chaussures pour sortir. Lorsque les vacances furent terminées, elle fit semblant de mettre d’autres chaussures pour partir à l’école, mais au bout du chemin, elle les troqua contre les rollers qu’elle avait cachés dans son sac.
Elle eut son moment de gloire dans la cour avant que le professeur ne se rende compte qu’elle était entrée avec en salle de classe. Elle refusa de les ôter même lorsque le professeur et le surveillant l’emmenèrent dans le bureau de la directrice. Elle finit par obtempérer, mais dès le lendemain, elle ne put s’empêcher de recommencer.
Au bout de trois jours, le Conseil de discipline la renvoya chez elle pour quelques jours de réflexion avec de nombreux devoirs à faire.
Parmi ceux-ci, le professeur de français avait glissé une rédaction sur « Les chaussons rouges » d’Andersen, une triste histoire de souliers maudits qui avaient entraîné leur obstinée propriétaire dans une danse sans fin. La morale était claire: Vanité et plaisir effréné menaient à la déroute, à l’exclusion et en définitive à la mort…
Par la fenêtre, la jeune Karen regarda d’un autre œil ses rollers abandonnés sur la terrasse.
Le mimosa et les rollers
Lorsque Karen eut terminé sa punition, elle fut autorisée à utiliser ses rollers rouges, mais seulement le dimanche. Ce dimanche-là, elle déambulait le long de la promenade des Anglais. Les baraques des plages privées s’étaient frileusement réfugiées derrière leurs volets blancs et bleus, bercées par les vaguelettes qui s’écrasaient sur les galets de granit. En cet après-midi de janvier, le ciel niçois avait troqué sa robe d’azur contre un costume gris que seuls les mimosas éclairaient.
Elle leva les yeux pour contempler leur éblouissante couronne. À cet instant, une vague de souvenirs déferla sur elle. Elle se revit enfant, tenant un gigantesque bouquet de douces boules jaunes. Elle marchait entre des rangées serrées de pins et un vent salé soufflait. Plus elle avançait, plus elle se sentait oppressée. Au bout du chemin assombri par les arbres immenses, elle fut soulagée d’apercevoir des balançoires et des toboggans. Elle se retourna vers son père pour lui confier son bouquet. Mais le visage qui surgit de ce souvenir ne ressemblait en rien à celui de l’homme qu’elle appelait Papa.
En rentrant chez elle, elle se précipita vers sa mère. « Maman, j’aimerais bien voir des photos de quand j’étais petite… »
Sa mère fronça les sourcils. « Mais chérie, tu sais bien que nous avons perdu tout ce que nous avions lorsque notre première maison a brûlé ! »
Quelques années plus tard, à la mort de ses parents, Karen retrouva un article de « Sud Ouest », soigneusement dissimulé dans un faux tiroir.
Pessac, 28 janvier 2004 : Toujours aucune nouvelle de la petite disparue de la forêt du Bourghail. Malgré les nombreuses battues la petite Marie Cazenave n’a pas été retrouvée. La gendarmerie explore également la piste de l’enlèvement…
Mon petit-fils et moi nous étions au parc.
Tandis qu’il parcourait en rollers les allées du jardin, je m’assis sur un banc.
Un bouquet de mimosa y était posé. Que faisait-il là ? Quelqu’un l’avait sans doute oublié ! L’avait-il volontairement laissé ?
Quoi qu’il en soit, je le regardai, fasciné. Le mimosa est bien rare dans la région parisienne. La seule chance d’en apercevoir est de passer devant la devanture d’un fleuriste.
Dans la froidure de l’hiver, ce bouquet jaune jetait un éclat lumineux dans la grisaille du square.
Son odeur envahissait lentement mes narines.
Je souris ! Cette fragrance faisait revenir en moi des souvenirs lointains. J’étais « Nez » à Grasse dans une parfumerie célèbre.
Je suis l’auteur de quelques grands parfums. L’un des plus célèbres et sans aucun doute MISSMOSA qui rencontra son public féminin.
Tandis que je rêvais à cette époque révolue, mon petit-fils arriva.
– Grand-père j’ai faim !
À cet âge on ne peut différer un départ !
Nous rentrâmes à la maison.
Mon petit-fils posa ses rollers sur la terrasse en bois et se précipita dans la maison vers le réfrigérateur.
Je m’appuyai sur la rambarde et je regardai cette maison en bois.
Saurais-je aujourd’hui la bâtir comme au temps de ma jeunesse ?
En soupirant, je rentrai.
D’un placard je sortis un flacon de MISSMOSA.
Je posai le bouchon sous mon nez et je pensai à ce pauvre bouquet abandonné sur le banc du square.
Gilbert était un vieux monsieur amoureux. En cette journée très ensoleillée de fin d’hiver il circulait gaiement dans les allées du parc. Malgré son âge bien avancé il marchait d’un pas sûr et balançait au bout de son bras une canne qu’il n’appuyait jamais sur le sol. Toute son attention était captée par le pépiement des oiseaux, silencieux depuis des semaines. Il tendait l’oreille et s’amusait à les débusquer du regard quand, suivant le vol d’une bande de moineaux, il les vit se fondre dans la parure éclatante d’un grand mimosa. Gilbert s’en approcha et regretta soudain l’absence d’Annette à ses côtés pour communier avec elle dans cet émerveillement, cet acompte pris sur le printemps. D’un coup d’oeil circulaire il constata qu’aucun témoin n’était suffisamment proche pour l’empêcher de se livrer à un petit écart de conduite. Ce minuscule délit, certes peu respectueux de l’environnement, lui permettrait de partager avec sa compagne de toujours, bloquée dans leur petit appartement par son incapacité à se déplacer, un peu du bonheur de cette journée, où l’hiver enfin lâchait prise. Personne ne le vit extraire rapidement de sa poche son éternel petit canif et couper quelques branches à sa portée. Puis s’avisant de la présence d’un banc tout proche, il alla s’y assoir en déposant à ses côtés son lumineux bouquet qu’il négligea de regarder, feignant l’indifférence de celui qui ignore comment ces quelques branches ont pu échouer sur ce banc.
Un peu fatigué Gilbert arrivait à l’étage, il ne lui restait que quelques marches à gravir. Il marqua un arrêt pour repenser au beau bouquet qu’il avait chapardé pour Annette et au bon moment qu’ils allaient passer ensemble, mais quand il regarda ses mains, il n’y découvrit que sa canne. Il avait oublié le mimosa sur le banc. Gilbert fut alors envahi d’une immenses tristesse.
Pour ses quatorze ans les parents d’Alexia lui avait offert une paire de beaux rollers, longtemps espérés. « Merci, merci, merci !» leur dit-elle en les embrassant. « Il fait trop beau ! Je voudrais aller les étrenner dans le parc ». Permission accordée à la condition expresse de ne pas faire de roller dans la rue. Alexia sortit donc avec ses patins autour du cou, liés par leurs lacets, et se dirigea tout de suite vers la maison du gardien qu’elle connaissait bien pour être le père d’un très bon camarade de collège. Elle y laissa ses chaussures et descendit acrobatiquement les quelques marches de la terrasse de bois pour s’élancer sur un large sentier asphalté, bordé d’arbres encore nus. Elle ne roulait pas, elle ne glissait pas, elle volait !
Alexia évoluait dans les allées du parc, elle se grisait de vitesse au grand dam des promeneurs qu’elle frôlait en zigzaguant. C’était bon de retrouver le grand air, de le sentir glisser sur son visage. Puis ressentant le besoin d’une courte pause elle s’assit sur un banc sans d’abord remarquer les quelques branches de mimosa posées à son extrémité. Elle s’en saisit pour y plonger son nez. Que c’était frais et que cela sentait bon ! Lui vînt alors une idée qui la souleva littéralement d’enthousiasme. Dressée subitement sur ses quatre roulettes, le bouquet jaune à la main, elle patina dans une course folle et directe vers la maison du gardien. Celui-ci, ayant dû s’absenter, avait laissé ses chaussures sur les planches de la terrasse. Elle y substitua ses rollers et s’engagea dans la rue avec la hâte de quelqu’un qui réserve une bonne surprise à un être aimé.
Après une ascension rapide, à grandes enjambées, elle atteignit le palier sans aucun essoufflement, elle avança son index vers le bouton de la sonnerie, se délectant à l’avance de l’accueil que son arrière-grand-mère adorée allait réserver à son bouquet de Mimosa. Alors que retentissait la sonnerie, à côté de son doigt enfoncé on pouvait lire : « Annette et Gilbert Legrand », soigneusement écrit à la main.
Les patins
C’est bientôt l’anniversaire de Mina, l’ainée des filles de la maison.
Depuis quelque temps, elle parle abondamment de ses copains de l’établissement dont certains fréquentent le club de patinage du village. Voilà l’occasion pour son père de lui en procurer une paire.
Le bouquet, les patins
En cette nouvelle année scolaire, l’arrivée de Mina grande adolescente de 16 ans , lui permet de côtoyer des patineurs du club local « Rollers d’Argent ». Pendant l’interclasse, dès l’interruption des cours, elle se mêle aux échanges animés.
Tout le long des couloirs carrelés de la maison elle pratique voici quelques mois cette activité qui la passionne et dans laquelle elle évolue avec plaisir et une certaine aisance. Dès le lever, elle oblique sa chambre, entre dans la cuisine à l’heure des tartines, survole l’aire de jeu , traverse la chambre de sa soeur.
Ce samedi matin, elle retrouve trois membres devant le lycée sans élèves, les accompagne dans leur séance d’entrainement. Il y aura son amie Laura avec Guillaume, et David qu’elle ne connait pas, très réservé mais très souriant. La séance passe rapidement, la drôlerie de Guillaume et le dynamisme de son copain fusent….L’heure s’achève, tout le monde sort sa canette du sac de sport et les bulles pétillent….
Sans se presser, Mina rejoint en riant le parking en compagnie de Laura dont la mère assure le retour.
Songeant à ce super moment qui vient de s’écouler, elle prend le temps de vider son sac, laisse ses patins sur la terrasse pour une autre roulade . C’est alors qu’elle réalise qu’il est 11h.30. Hier au soir, Nicolas au téléphone, disait l’attendre sur la place de la salle des fêtes ….à 11h.
Trop tard! Comment faire? Le temps de récupérer à la course le vélo pour filer par le petit chemin qui monte jusqu’à la salle…jamais elle n’a pédalé en danseuse, aussi vite sur les pédales…vite, vite, le dernier virage….à 50 m.le banc extérieur et son dossier vide sous le platane…. un pac d’or sur le siège…pas de Nicolas…
Toujours pédalant elle se rapproche , trouve un bouquet plein d’odeurs fraiches et entêtantes…ce serait pour elle….ce serait Nicolas qui l’aurait laissé….
Comment lui expliquer son retard, que lui dire, va t’il le comprendre et accepter ses excuses? Elle aimerait tellement….Ne reste qu’à prendre le téléphone, mais d’abord, elle s’empare des brins jaunes et les porte à son coeur.