Dans cet atelier, vous allez opérer un petit retour en arrière sur votre propre histoire,
avant de basculer dans l’imaginaire et en mêlant tout cela.
C’est pourquoi les consignes peuvent paraître un peu longues (d’abord l’évocation d’une réalité 1-2-3,
puis celle d’une fiction 4-5-6) mais elles sont assez rapides à réaliser.
Pour les avoir déjà utilisées dans un atelier en présence, nous avons pu constater qu’elles étaient
particulièrement fertiles et motivantes et nous espérons que cet atelier vous sera agréable.
C’est à vous !
1 –
Rappelez-vous (vous pouvez aussi l’imaginer, ou l’emprunter à quelqu’un d’autre) quelque chose de lié à votre jeunesse, disons avant 25 ans. Quelque chose qui vous est arrivé personnellement, dont vous vous souvenez et qui vous a marqué. Quelque chose que vous avez vécu et qui soit plutôt étonnant que dramatique, une anecdote, par exemple lors d’un voyage, d’une rencontre, au travail, avec vos amis, vos copains d’alors…
Par exemple quelque chose que vous aimez bien évoquer avec vos amis du bon vieux temps ! “Tu te souviens…”
Pendant 2 à 3 minutes, notez seulement des mots qui vous viennent à propos de cela : des faits, des choses, des émotions.
Ces mots resteront pour vous, vous n’aurez pas à raconter cette anecdote.
2 –
Rappelez-vous et notez 4 ou 5 choses de cette époque de votre vie, liées au domaine artistique : films, livres, chansons, musique, BD, ou autre chose dans le domaine artistique ou du spectacle… de ce temps-là.
Choisissez une seule des choses que vous venez de noter et écrivez sans la nommer
pendant 5 minutes quelques lignes sur ce que ce film, ce livre, cette chanson, etc. vous évoque,
sur ce qui, pour vous, est lié à cela.
3 –
Entourez maintenant des mots dans ce court texte que vous venez d’écrire.
Avec ces mots-là, et avec tous les mots notés au début (1) sur cette anecdote dont vous vous êtes rappelé de votre jeunesse, écrivez maintenant un texte pendant 10 minutes.
4 –
Vous allez maintenant lire différents avis de recherche.
Il s’agit de véritables avis publiés sur Internet ou ailleurs, seuls les noms de personnes ou de lieux ont été changés. Tels quels : les fautes d’orthographe ou d’expression n’ont pas été corrigées.
Cliquez ici pour lire et choisir un de ces avis de recherche.
Vous pouvez le copier/coller dans un nouveau document car vous allez continuer à partir de cet avis que vous aurez choisi.
5 –
Vous êtes la personne recherchée !
Pendant 20 à 30 minutes, répondez en utilisant le texte de l’annonce
et tout ou partie de ce vous avez écrit précédemment (mots et textes).
Inventez, pervertissez. Votre récit prendra davantage de corps, de présence, d’intérêt si vous êtes précis, très précis sur les lieux, les moments, les noms, les détails …
Efforcez-vous sur tous ces petits détails dont vous vous rappelez.
Par exemple : “ma montre retardait de 10 minutes, le chien avait un collier avec 18 clous,
… les couleurs de ton chemisier à fleurs faisaient penser à…”
Terminez par une possibilité de rencontre.
6 –
Les personnages se rencontrent. Écrivez… toujours avec force détails,
et surtout écrivez au présent.
La taille du texte est libre.
Merci de poster vos textes (Annonce + Réponse + Rencontre) dans la boîte de commentaires ci-dessous.
Si vous le souhaitez, vous pouvez aussi publier votre texte écrit en (3), mais dans un commentaire différent.
AVIS DE RECHERCHE : Fatiha et Pauline
Bonjour, je m’appelle Carmen Delpilar, je suis à la recherche de mes anciennes camarades de classes 1SD et 2SD en agent de secrétariat de 2006 à 2008 au lycée Renée Aufray, rue d’Alsace à Clichy. Mes camarades que je recherche sont : Fathia …, j’étais amoureuse de son frère, et Pauline Blanchet, qui est voyante et qui est au courant de mes problèmes. Souvenez-vous, nous avions participé toutes les trois à un concours de chant au gymnase de Montreuil où nous faisions aussi d’habitude des barres parallèles et de la poutre. Si vous vous reconnaissez et si vous savez qui je suis, merci de me contacter ! Merci d’avance
Carmen Delpilar
Réponse de Fatiha :
Bonjour Carmen,
J’ai lu ton avis de recherche dans la revue Marie Claire du mois passé que je feuillette chez ma coiffeuse. Je me suis tout de suite reconnue, ébahie par cette découverte. Quelle surprise ! Après tant d’années de séparation !
Moi je suis Fathia. Oui, nous étions ensemble au lycée RenéeAuffray, rue d’Alsace, à Clichy. Ce n’était pas du gâteau ces cours, surtout le droit social, la grammaire et les synthèses ; une année, Pauline a échoué en orthographe, te souviens-tu ?
Je me souviens du concours de chant à Montreuil ; j’ai chanté La Java Bleue ; j’avais un trac carabiné ; j’ai eu un trou de mémoire au dernier couplet ; heureusement Pauline m’a soufflé les paroles ! Elle, elle s’est cassé le bras en tombant de la poutre. Et toi, tu essayais par tous les moyens de rencontrer mon grand frère.
Nous sommes partis toutes les trois avec mon frère et un copain à lui dans le Lubéron ; je me rappelle de notre vie en pleine nature, des magnifiques couleurs du Colorado provençal ; nous logions à Saignon, près de Apt, dans une auberge adossée à un grand rocher. Qu’est-ce qu’on s’est marrées ! Au Mont Ventoux, mon chapeau s’est envolé ; on a couru après, sans succès.
Et toi, tu as été enfermée dans les toilettes publiques, sur une place à Apt ; angoisse, cris, c’est le copain de mon frère qui a réussi à débloquer la serrure.
Pauline et moi nagions nues dans les rivières ; un plaisir fabuleux !
Au début des vacances, mon frère semblait t’ignorer ; la dernière semaine, il m’a semblé que vous aviez tissé une petite idylle discrète. As-tu des nouvelles de Pauline ? Exerce t-elle encore comme voyante ? Elle aimait tellement les voyages et le musiques folkloriques !
Que veux tu dire par tes problèmes ?
Moi je me suis mariée ; ça n’a pas bien marché ; je suis divorcée depuis deux ans ; je t’en parlerai plus tard. J’habite Ivry sur Seine.
Que dirais-tu d’une rencontre à Paris ?
Les deux amies échangent des messages Whatsapp et des photos pendant quelques semaines ; ainsi, elles retrouvent déjà un peu. Elles se donnent rendez-vous au restaurant du Jardin du Luxembourg le 7 juin à 13heures.
– Hé, tu n’as pas changé, dit Fatiha !
– Toi non plus, dit son amie.
Elles s’étreignent.
– Tu préfères le soleil ou l’ombre ?
Elles s’asseyent sous les branches d’un noisetier ; la conversation s’engage d’abord sur les derniers événements ; elles savourent une salade au chèvre chaud ; chacune livre des bribes de sa vie actuelle ; Carmen se confie assez longuement sur ses problèmes : déceptions amoureuses, solitude, problèmes financiers…Toutes les deux sont ravies de se retrouver ; l’entretien continue, intense. Alors qu’elles se promènent près des sculptures de Zadkine, l’hommage à Paul Eluard les émeut et les ramène à leurs études. Vers 17heures elles décident de rejoindre la station de métro la plus proche et de retrouver leurs pénates ; elles se promettent de réitérer ce rendez-vous, si possible avec leur copine Paulette.
AVIS DE RECHERCHE – Jean-François
Le mardi 27 mars 1969, une belle fin d’après-midi de printemps, vers 18h30, nous nous sommes rencontrés dans le train que tu avais pris avec un copain à Beaurainville et moi à Montreuil sur mer. Dès que tu es monté dans ce train nos yeux se sont croisés et nous nous sommes fixés un bon moment. Quand ton copain est descendu en gare d’Hesdin, tu as changé de place et tu t’es assis sur la banquette en face de moi. Tu étais sportif (survêtement bleu foncé, baskets blanches, sac Adidas), très sympathique et souriant et moi plutôt timide. Tu es descendu à Blangy sur Ternoise mais tu n’y habitais pas. Nous nous sommes revus souvent dans ce train et aussi ailleurs ensuite. Tellement de souvenirs avec toi. 55 ans et 2 mois se sont écoulés ! Te souviens-tu de moi ? Je pense que tu ne liras pas cette recherche car tu n’es pas un adepte de ce site.
Monique Lalumière
C’était avant les TGV, une époque où les trains ballottaient, et semblaient se fracasser sur les aiguillages, et c’est d’un équilibre mal assuré que je suis venu m’assoir en face de toi. Ce fut un court voyage où nos regards s’en sont dit plus long que nos paroles. Puis le train a ralenti et s’est arrêté dans un grincement assourdissant. Avant que je ne descende nous avons eu le temps d’échanger nos désirs de ne pas en rester là et nous nous sommes revus…si peu de fois. Des souvenirs enfouis resurgissent aujourd’hui. C’est par pur hasard que j’ai lu ton avis de recherche, en faisant quelques investigations sur le thème du “train”, mais à y réfléchir est-ce vraiment un hasard ? Je ne peux m’empêcher d’y répondre tout de suite. Tant d’années se sont écoulées mais je ne renierai pas ce passé lointain même si nos vies ont pris un autre chemin et que nous savons l’un et l’autre qu’on ne revient jamais en arrière. J’ai quand même décidé de me replonger quelques instants dans cette courte histoire qui nous a unis.
Tu ne peux avoir oublié ce dernier soir où nous avons écouté Luis Llach dans ma chambre d’étudiant avec quelques amis qui croyaient comme nous que le monde allait changer. Nous connaissions “L’estaca” par coeur et accompagnions la chaude voix de notre ami catalan, c’était notre façon un peu naïve et rêveuse de nous sentir aux côtés de ceux qui combattaient le franquisme de l’autre côté des Pyrénées. Puis quand les amis furent partis, quand nos coeurs battaient encore de cette communion révolutionnaire nous avons fait frénétiquement l’amour. Cela ne s’est jamais reproduit. Comment se fait-il Monique que nous n’ayons pas cherché à nous revoir ? Parce que c’était trop beau ? Je me dis aujourd’hui qu’il en est sans doute mieux ainsi, car nous aurions enseveli ce diamant sous la poussière des habitudes et des rancoeurs comme tant d’autres. Et si tu as lancé cet avis de recherche c’est peut-être que ton présent n’est pas à la mesure de ce passé si intense ? Et peut-être que si je te réponds si promptement en est-il de même pour moi ? Nous ne sommes plus très jeunes (euphémisme !), et le temps idéalise les souvenirs. Avons-nous vraiment été aussi heureux ? Ton message me confirme que je n’ai pas rêvé. Prendrons nous le risque de ternir nos beaux souvenirs par une rencontre dans cette petite gare de Blangy sur Ternoise ? C’est pourtant ce que je te propose, nous aurons bien changé l’un et l’autre pourtant je suis certain que nous nous reconnaîtrons. le pari est risqué et le miracle ne se reproduira évidemment pas, mais nous pourrons nous dire ce que nous avons vécu, ce que nous sommes devenus. Les sollicitations de la vie m’ont vite absorbé et j’ai rencontré un autre amour, qui fut celui de ma vie, qui n’est plus de ce monde aujourd’hui.
Au bas de cette lettre tu trouveras le jour et l’heure, y seras-tu ? Je ne sais si je dois le souhaiter. Tu n’hésiteras pas : Je n’aurai ni survêt bleu, ni sac Adidas, ni basquets blancs, mais une canne à la main droite.
Jean-François
https://youtu.be/aX4eZ1fpYwA