Atelier de Villenave d’Ornon le 30 octobre 2024

Que voyez-vous, que représentent ces taches de couleur demande le psycho-animateur ?
Que vois-je ? Que vais-je dévoiler de moi à laisser libre court à mon imagination ?

Un drôle d’animal aux grandes oreilles roses et aux étranges yeux bleus et bridés : un peu panda peut-être.
Au bout de ses bras courts, des trompettes, une dans chaque mains. Les pieds en l’air, il danse, bien sûr. Pour aller à la fête il a revêtu un bel habit multicolore : un peu Arlequin aussi.
Sa joie communicative se disperse autour de lui en autant de soleils jaunes : un peu Van Gogh non ?
Entendez-vous sa musique ? C’est une fanfare tonitruante et tendre. Et son pas-chassé, le reconnaissez-vous ? Une pirouette surprenante et attachante : un peu de Zavatta, pour sûr !

Ma partenaire de jeu en fit une tout autre interprétation.

L’image scannée sur l’écran semblait presque vivante. Dans ce cerveau embrumé on distinguait cette danse des neurones de toutes les couleurs. Mais lorsque le docteur fit un cliché-photo, cela devint une évidence : deux personnages verts aux cheveux roses s’amusaient à faire une ronde, bousculant un peu ceux qui sommeillaient autour. Deux autres personnages face à face, tête bleue et corps enveloppé de rose faisaient leur possible pour inciter les endormis à se bouger tandis qu’une sorte de gorille vert s’amusait à danser et à jongler avec les neurones endormis. Deux soleils ovales voulaient s’échapper tandis que deux autres embrassaient l’aurore.
Mais ce qui gêna le plus le docteur, c’est cette tache verte en bas à gauche qui leur tournait le dos prête à s’enfuir.

Chercher l’amour… et le trouver.

Finalement il semble qu’ils soient deux.
Deux à danser face à face.
Deux bouches embrassées.
Deux corps embrasés par la même musique.
Deux fois deux jambes qui s’emmêlent.
Deux fois deux pieds qui se frôlent.
Deux fois deux yeux plissés de plaisir.
Deux cœurs qui s’épanouissent.
Deux esprits qui se teintent du rose de la vie
Et éclaboussent l’air ambiant de bulles de bonheur ensoleillé.

Puis vient la colère.

Ce n’est rien la colère des dieux comparée à la colère des couleurs indomptées.
Telle une déferlante, elles s’égarent sur le papier, s’engouffrent avec fureur sur le néant virginal. Elles dessinent des feux ardents, signent de leur courroux les feuilles arrachées au vent. Elles éclatent en furie, rugissent leur rage primaire puis s’enchaînent aux teintes opprimées.
Sans détour elles exhalent en un cri de justice leur envie de liberté qui coule telle une marée sur la table, sur les doigts, sans jamais s’éteindre.
Marques indélébiles pour sauver de l’oubli et des cendres les taches d’un soir d’automne.