Quand la brume tombe sur le pré,
La mélodie des grillons résonne dans le soir.
Si le vent emporte les nues en tourbillon,
Le silence voile la nuit dénudée.
Voilà que le chant de la cascade
Se meurt en un souffle imperceptible.
Pour éclairer le ciel, ne restent
Que des frissons d’étoiles glacées.
Mordre alors ses lèvres jusqu’à l’amertume du sang
Pour retrouver le goût du vivant.
Parfois boire le flacon jusqu’à la lie
Ne suffit pas à atteindre l’ivresse
Alors trouver en soi un je-ne-sais-quoi d’espérance
Et chanter à tue-tête.
Désir de vivre cheviller au corps
Entonner une flamboyante aubade aux ténèbres.
Désir d’atteindre l’ivresse inouïe des sens
Quand les ténèbres se fondent en magma brûlant
Pour battre le sang aux tempes, intensément.
Mordre sa bouche et du bout des lèvres
Découvrir le panorama de son corps.
Alors d’un frisson léger effleurer
Le pistil de son calice.
Si la nuit vient à s’éclairer
Laisser passer le danger.
Parfois les beautés nues
Sont des poupées de carton pâte.
Voilà pourtant que les anime le même souffle
Qui garde vivant les bateaux à voile.
Vraiment bien tourné, je trouve.
Une amorce buccolique qui se mue en nuit glacée pour enfin susciter chez l’auteure une sorte de sursaut libérateur pour reprendre le contrôle après cet échappement vers la rêverie.
J’ai beaucoup aimé l’enchaînement des deux poèmes, l’un finissant par « désir », repris en écho au début du deuxième. Un deuxième poème qui nous entraîne dans des univers étranges et oniriques que les surréalistes n’auraient pas manqué d’apprécier (les poupées de carton pâte… les bateaux à voile) ; autant d’évocations qui s’invitent pour alimenter notre propre imaginaire.
Merci Syllabe !