Atelier du 28 novembre 2018, à Villenave d’Ornon
Il était une fois, il y a très longtemps une jeune fille appelée Silence.
Elle vivait dans un village aux maisons blanches, le long d’une rivière transparente, bordée d’une forêt de sapins argentés. Pour parvenir à ce lointain village perché dans les montagnes, il fallait parcourir un long chemin loin des voitures, des troupeaux et même des insectes et des oiseaux. À bord d’une bulle on traversait le mur du son en passant par le col de l’Aiguille Percée.
Malheur à ceux qui prononçaient un seul mot ! Ils se transformaient en statue d’argent car « la parole est d’argent », comme dit le proverbe. C’est ainsi qu’il y avait une immense haie de statues à l’entrée du village. Elle était si longue, que le regard ne pouvait l’embrasser toute entière et si éblouissante que les visiteurs en étaient aveuglés. Nombreux en effet étaient ceux qui voulaient voir Silence car ils avaient entendu dire que « Silence est d’or » et ils rêvaient de devenir riches.
Un jour arriva un jeune homme aux cheveux blancs, léger comme une aile de papillon. Il portait le nom de Connivence et venait de l’autre bout de la Voie Lactée. Ses gestes étaient gracieux et sous sa peau transparente, on voyait battre son cœur.
Comme il savait tenir sa langue, il fut présenté à Silence. Elle le fixa simplement de ses yeux clairs et profonds comme un lac de montagne. Aussitôt, le cœur du jeune homme se mit à battre à la volée, si fort qu’on entendait plus que ses battements, comme une cloche joyeuse et affolée.
Silence sourit.
Connivence ramassa un coquillage nacré, y déposa un baiser et l’offrit à Silence.
Silence l’accepta et l’invita dans son palais de glace.
Depuis, on n’entendit plus parler d’eux mais on raconte qu’ils règnent désormais ensemble sur le royaume du Rien absolu.
Comme un conte ! Ethéré à souhait comme l’air des montagnes…
Un dose de merveilleux comme j’aime beaucoup trouver dans les histoires que je lis.
Ce n’est pas Murakami, mais presque !
Vraiment étrange, tout de même quand apparaît, par delà le col de l’Aguille percée, ce coquillage nacré…
Encore un truc qui me permet de m’évader dans les profondeurs des sommets et des ères antediluviennes !
Bravo et merci !
Très joli conte de fée. Quelle imagination !
Merci Line ; j’adore !
.
@ Hermano
Mais mon cher, il n’y a rien d’étrange à cela.
En fait, Silence et Connivence sont des fées éternelles. Connivence existait déjà pendant l’époque antédiluvienne. Il survécut au déluge, puis il trouva « ce coquillage nacré » coincé dans sa poche.
Il le portait toujours sur lui comme un précieux talisman.
Un jour, il remarqua qu’il l’avait perdu et commença à le chercher nuit et jour, année après année…
Enfin, il retrouva son talisman, là, au pied de Silence…
Son cœur battait comme un fou. Il savait qu’il était tombée amoureux.
Et il savait intuitivement ce qu’il devait faire : le ramasser et le lui offrir en cadeau.
.
le silence n’existe pas en fait .
Gacoldfish a raison. En fait, le silence total n’existe pas.
Les hallucinations peuvent se produire dans des environnements expérimentaux presque silencieux.
Les poètes, étant très inventifs, inventent leur propre silence où ils peuvent s’isoler et écouter les mots de leur imagination.
« Parfois, pour déclencher sa propre symphonie hallucinatoire il suffit de se retirer dans le silence prolongé de la mer calme et ouverte ou dans la monotonie auditive d’une retraite en forêt profonde ».
Musicophilia; Oliver Sacks
Merci de beau conte brodé de délicatesse !