Atelier du 26 février à Villenave d’Ornon
Il était une bergère, et ron, et ron, petit patapon… Il était une bergère qui gardait ses moutons, ron, ron…
Gentille bergère, dit le loup, approche-toi…
Gentille bergère, je t’ai apporté des cadeaux. Regarde : un i-Phone, du rouge à lèvres Dior, des chaussures Jimmy Choo…
Gentille bergère, viens vite profiter de ces beaux cadeaux gratuits, si appréciés de toutes les filles de ton âge.
Humm… gentille bergère, tu les vois mes beaux cadeaux ? Tu es au top du top avec tous ces accessoires…
Approche, approche… J’ai d’autres produits pour toi, mais il faudra être gentille, me donner des renseignements sur toi, suivre ma page Facebook, prendre quelques petits abonnements – oh, pas bien chers, ce ne sera que quelques euros par mois…
Allez, viens ma belle… Approche… Plus près…
Ah, j’ai oublié de te dire, dit le loup en se frottant la panse : « Si c’est gratuit, c’est toi le produit » et « Qui se fait mouton, le loup le mange ! ».
Maryline
VERSION DE PHILIPPE
Il était un mystère, et ron et ron petit patapon, il était un mystère qui gardait ses questions.
Gentil mystère, dit le curieux, révèle-toi !
Gentil mystère, j’ai apporté ma connaissance.
Regarde, dix années d’études, des livres écrits, des conférences de par le monde…
Gentil mystère, tu ne pourras résister à mon esprit vif et argenté, car je suis assoiffé d’honneurs et de dollars, tu en as fait baver dans les laboratoires, des vieux chercheurs aux bésicles fendus !
Formules au tableau, équations carrées et longitudinales, cerveau qui bout de la soupe qu’on lui a servie, l’université s’avèrera vainqueur, à n’en point douter !
Une fois révélé à moi, je garderai ce mystère pour mieux te monnayer. Et nous ferons une paire, brouillant les pistes, jouant à qui mieux mieux pour mieux tromper les autres.
Ça te plaira, c’est ça ? Réponds-moi, ah, tu veux vraiment conserver ton mystère ?
Mes beaux yeux encore bleus te plaisent, n’est-ce pas ?
Tout bon mystère vit aux dépens de celui qui l’utilise à bon escient.
La science dans toute sa splendeur.
Allez, révèle-toi, vas-y, n’aie pas peur !
Je te garderai au chaud, bien au chaud.
Ah, j’ai oublié de te dire s’exclame le chercheur en se frottant les yeux : « Si c’est le produit de l’équation, ce ne sera pas gratuit ! » et « Qui se pose des questions sera renié ! ».
J’ai bien aimé le premier texte plein d’humour qui revisite la chanson sur la bergère, mais je crains que le sujet n’effarouche le mouvement Mee Too et qu’il ne demande la fermeture de notre site. 🙂
Qu’importe je reste un inconditionnel de ce mélange et d’ancien !
Quand au deuxième texte je demande un peu de temps pour en appréhender le contenu. Pour l’instant il est au niveau de mon cerveau reptilien, je ne désespère pas qu’il atteigne mon cerveau d’homo sapien…
Merci Loki pour ton aimable commentaire. Je pense que #Metoo ne trouvera rien à y redire. Cette « fablounette » se veut une critique du marketing oppressif qui consiste à nous « infliger des désirs qui nous affligent » comme l’a fort bien écrit Alain Souchon dans « foule sentimentale «
Merci à vous pour cette fable aussi philosophique qu’inquiétante : le « Loup et l’agneau revisited »!
Oui, nous sommes devenus simplement des bêtes à tondre !
Subtil et plutôt jouissif pour moi. Tiens, on devrait s’intéresser à « moderniser » ainsi notre cher La Fontaine !
Salut Philippe !
Que la force soit avec toi.
Ton texte a enfin atteint mon cerveau d’homo sapien… Une bonne idée de remplacer la bergère par le « mystère » et le « chat » par le chercheur.
Il était une bergère,
Et ron et ron, petit patapon
Il était une bergère,
Qui gardait ses moutons ! Ron, ron
Qui gardait ses moutons.
Dans un premier temps j’ai été déstabilisé par les moutons ! Eh oui ! Dans le texte de Maryline la bergère continue de garder ses moutons, mais dans ton texte le mystère garde ses questions. Bravo tu décontextualises vraiment la chanson d’où la difficulté pour mon cerveau reptilien d’appréhender la substantifique moelle de ton texte. Mon cerveau d’homo sapien m’a permis de franchir cette étape.
Il était un mystère,
Et ron et ron, petit patapon
Il était un mystère,
Qui gardait ses questions ! Ron, ron
Qui gardait ses questions.
Cette clarification des acteurs m’a permis de mieux apprécier l’humour de ta « chanson.2 »
Je ne crains qu’un chose : à mon avis tu idéalises les chercheurs, je connais bien ce milieu, ce sont pas eux qui recueillent le fruit de leur travail, mais bien les industriels qui prospèrent sur leurs travaux !
Une petite remarque pour mon ami Hermano.
La Fontaine a modernisé les fables d’Esope.
Nombreux sont ceux déjà qui ont essayé de moderniser les fables de La Fontaine. Ce fut à chaque fois un échec ! (C’est mon avis et je le partage :))