Texte de Maryline, avec Aytekin dans le rôle de l’analyste d’Angélique. Atelier d’écriture du 28 août 2018. Animé par Christian.
Retrouvez les consignes de cet atelier d’écriture ici : https://www.oasisdepoesie.org/forums/topic/je-ne-suis-pas-celle-que-vous-croyez/
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Racontez quelque chose qui a rendu ce personnage heureux
Je me souviens que lorsque j’avais 7 ou 8 ans, mes parents m’ont envoyée passer des vacances chez mon oncle à la campagne. C’est une des rares fois où je me suis sentie libre. Toute la journée nous crapahutions dans les bois avec mes cousins. On cueillait des framboises et des mûres sauvages, je me faisais des colliers de marguerite. Les grands cousins me montraient comment grimper aux arbres. Je me rappelle que nous avions chipé des pommes dans le jardin de la voisine, elle a fini par s’en apercevoir et nous a crié dessus. Nous nous sommes envolés comme des étourneaux, quelle rigolade ! Je me rappelle aussi mon émotion lorsque la vache des fermiers d’à côté a mis au monde son petit veau.
Réponse de l’analyste :
Quand vous étiez chez vos parents, vous ne pouviez pas faire tout cela ? Vous aviez un sentiment de liberté chez votre oncle ? Peut-être vous semblait-il trouver votre propre nature dans la nature ?
Racontez un événement qui a posé un réel problème à ce personnage, et qu’il a surmonté…ou pas
Lorsque mon père a été muté au Zimbabwe, j’avais douze ans et il n’y avait pas de collège pour moi là-bas. Mes parents m’ont mise en pension à la Légion d’Honneur. Moi qui étais un garçon manqué, je me suis retrouvée du jour au lendemain dans un internat de filles. Nous dormions dans des dortoirs et ça jacassait là-dedans. Les plus grandes discutaient de leurs amours réelles ou imaginaires, les plus jeunes pépiaient en feuilletant des magazines people. D’autre enfin, étaient d’une tristesse et d’une sécheresse à périr. Je m’endormais chaque soir en serrant mon doudou pour compenser le peu de nouvelles que m’envoyaient mes parents. J’avais droit à une petite carte laconique par mois, m’enjoignant de bien travailler à l’école. Lorsque je la recevais, je serrais encore plus fort ma peluche jusqu’au jour où ms camarades la découvrirent et l’expédièrent par la fenêtre une froide nuit d’hiver.
Réponse de l’analyste :
L’éloignement de vos parents vous a affecté à ce point ? Le plaisir de la nourriture remplaçait-il l’amour de vos parents ?
Racontez un doute, une peur, une phobie qui tenaille le personnage
Les gens disent que je suis mince, mais moi je vois bien dans leurs yeux qu’ils mentent. Tous les jours, et même plusieurs fois par jour, je surveille mon poids, mais c’est toujours trop. Alors je m’habille en noir, je cache autant de peau que je peux, mes yeux, je les dissimule derrière ma frange. Je voudrais être fine, transparente pour me fondre dans le décor. Je voudrais n’être plus qu’un souffle aérien pour voler au-dessus du monde. Et si c’était mon destin ? Après tout, il y a « Ange » dans mon prénom.
Réponse de l’analyste :
Le mot légèreté, qu’est-ce qu’il évoque pour vous ?
Ce que le personnage rêverait de faire avant de mourir ?
Je voudrais m’en aller dans le Paradis Blanc, en Terre Adélie où la terre est blanche à l’infini et où la nuit n’a pas de fin.
Réponse de l’analyste :
Qu’est-ce que la nuit pour vous ? Un grand vide qui vous aspire ?
Racontez le jour où le personnage a fait quelque chose de défendu
La visite médicale m’a surprise. C’est là qu’ils ont vu.. Ils se sont exclamés, m’ont fait la morale, ils m’ont expédiée manu militari chez la directrice. Pourtant je n’ai fait de mal à personne, seulement à moi. C’est bien ce que je dis, je n’ai fait de mal à personne. On ne m’a pas demandé pourquoi je me suis méticuleusement et artistiquement tailladé les bras en agrémentant le tout de de brûlures de cigarettes pour faire de jolis points sur les i. Je me souviens que c’est le jour où mes parents m’ont annoncé le mariage d’Isoline, ma sœur aînée. Isoline, le joyau de la famille, polytechnicienne, belle comme le jour, allait réussir le mariage du siècle avec le fils de la banque Hervet. Formidable !
Réponse de l’analyste :
Vous êtes une personne, Angélique. Quand vous vous faites mal, ne pensez-vous pas que que vous faites mal à vous, à votre personne ?
Un rêve que le personnage pourrait raconter
Je suis allongée sur le sol en marbre de la chapelle. Les orgues stridents vrillent mes oreilles, de noirs serpents m’entortillent, des roses noires et des orties sortent de ma bouche crucifiée, d’indifférentes religieuses chantent un requiem. Par la voûte crevée, j’aperçois une explosion d’étoiles argentées qui tombent sur moi en pluie brûlante.
Réponse de l’analyste :
Avez-vous peur de la nuit ?