I.
Je m’appelle Tru-Yan. J’ai vingt-cinq ans.
Je sais que cela peut paraître surprenant, mais je suis basque… par mon père.
Je suis très romantique mais aussi très sportive : j’aime bien manier la chistera et je participe aussi à des compétitions de gymnastique.
J’adore la littérature fantastique.
Cela se voit un peu : j’aime bien boire un petit coup de vin rouge de temps en temps, du Irouléguy.
Je possède une moto et j’aime beaucoup rouler la nuit jusqu’à 200 à l’heure sur les autoroutes désertes.
J’ai deux amoureux, un vrai ici, et un autre, virtuel, en Finlande !
II.
Donc, apparemment, tout va bien !
Mais voilà, je crois que j’ai un petit problème de santé, bien que je n’en sois pas vraiment sûre.
Je perds la tête, ou du moins me dit-on que je perds la tête !
Moi, je ne m’en rends pas compte. On me dit que j’ai des pertes de conscience, j’ai même passé un encéphalogramme ! Rien !
Mais non ! Ils se trompent complètement !
Au contraire, je crois que j’ai des moments d’hyper-conscience qui peuvent durer jusqu’à quelques heures. C’est ce que j’appelle la maladie des poussières oranges, mais ce n’est pas une véritable maladie : des poussières oranges tombent devant mes yeux et je glisse dans cet état étrange mais agréable d’hyper-conscience, dans lequel je peux voir tout ce que vous ne voyez pas. Cet univers fiévreux et multidimensionnel qui nous entoure sans qu’on le sache.
III.
J’ai consulté. J’ai tout essayé, enfin, ils ont tout essayé et moi, je me suis laissée faire, j’ai rien dit, j’ai tout pris. J’ai avalé les 750 milligrammes d’amoxicilline, trois fois par jour, et les quatre pâquerettes toutes les six heures pendant trois semaines. J’ai coupé les oignons en écoutant le générique de Cendrillon, j’ai parlé de mes émotions à des gens que je ne connaissais même pas !
J’ai décortiqué le symptôme, le MAL, et toutes les pelures d’orange qui se dispersent sous mes yeux. Mais rien !
C’est vraiment parce que je les aime, mes chéris, que j’ai fait tout ça !
Mais, à mon avis, si je vois des choses qui pour eux n’existent pas, c’est pas dans ma tête que ça dysfonctionne ! Ben non ! Ce sont mes yeux !
En cas de doute, n’allez surtout pas raconter tout ça à votre médecin, allez tout de suite consulter un ophtalmo. Il vous dira sans doute, ce petit vicieux, que vous avez une coquetterie dans l’œil, enfin, dans les deux yeux vu le problème.
Ecrit à deux mains droites, en atelier d’écriture du GFEN, à Bègles, Théâtre du Levain.
Il faut arrêter tout de suite l’amoxicilline, c’est mauvais pour les intestins. Continuer les quatre pâquerettes, les oignons c’est plein de vitamines et d’antioxydants. De toute façon c’est vraiment chouette d’être en hyper-conscience. En plus des poussières orange cela change du “jaune” actuel.
Petite Tru-Yan pourrais-tu me dire comment y parvenir, le Irouléguy suffit-il ? Je ne suis pas basque, mais je suis prêt à déguster plusieurs cuillers de poudre de piment d’Espelette pour y parvenir.
Quoi qu’il en soit je me suis bien régalé…
Merci, Loki, pour ton passage.
Non, l’Irouléguy au piment d’Espelette ne plonge jamais dans un tel état d’hyper conscience, je dirais même que c’est souvent le contraire.
Par contre il est vrai que ce mélange permet d’explorer d’autres dimensions inattendues de notre univers qui – dit-on – serait multidimensionnel, surtout quand il accompagne un bon plat d’Axoa et qu’il est suivi de quelques rasades d’Izarra, la jaune ET la verte ! Trop méconnue, l’Izarra…