AVIS DE RECHERCHE – Sydney Hutchinson
Il a vécu rue Fabre à Montréal. Travaillait en usine chez Turbomeca d’abord à Singapour, puis à Tarnos (64). C’était un cycliste passionné et il faisait de la photo, des clichés de rue formidables ! Il avait un frère qu’il ne voyait plus car il disait que c’était un voyou.
Il doit avoir maintenant 65 ans. En 1975 nous étions partis tous les deux en stop pour Katmandou. On s’est arrêtés à Athènes, la faute aux grecques ! Peut-être qu’il est retourné au pays des Hurons que nous avions visité ensemble… trois mois dans cette réserve indienne ! J’aimerais tellement le revoir maintenant pour échanger nos souvenirs d’anciens combattants et pourquoi pas… rempiler ?!
Désiré Deschamps (Dédé)
Ah ! Mon Dédé ! Comment est-ce possible !? Tu m’as retrouvé !
Je vis maintenant en Suisse, je t’expliquerai pourquoi…
Oh ! Comme cette annonce m’a troublé ! Et revoila la vague des souvenirs qui me submerge. Oui, je me souviens de notre symphonie népalaise qui devait nous conduire jusqu’à Katmandou et qui s’est achevée sur les marches de l’Acropole… Tu avais précédé la mode avec ton jean tout troué, et quand tu l’enlevais, on pouvait même voir cette sorte de petit cœur bronzé sur ta cuisse ! Et moi, avec cette dent cassée dans une bagarre, un soir dans un quartier louche de Belgrade…
Est-ce tout cela ou notre intérêt pour la culture grecque qui avait séduit ces deux jolies brunes, Sofia et Alina ? Tu te souviens d’elles, Dédé ? Bien sûr ! Ah ! ça nous changeait bien de l’odeur de la graisse et du cambouis des ateliers de Turbomeca, cette graisse qui nous empestait jusque dans le lit.
Eh oui, notre séjour chez les Hurons, je ne l’ai pas oublié non plus, quand on a passé des jours et des jours à tanner ces peaux de caribous pour couvrir notre propre tepee ! Non, je n’y suis jamais revenu, maintenant, j’habite à Lausanne, et je me promène au bord du lac, comme un vieux con, en pensant à tout ce temps de liberté, où l’on ne savait même pas ce que c’était que la liberté… quand on attendait le pouce levé au bord des routes, comme quand ce vieux curé nous avait pris à bord de sa 4L bleu turquoise et s’endormait au volant en se fiant totalement au Saint Esprit à chaque embardée ! Tu te souviens, Dédé ?
Oui, moi aussi je voudrais te revoir, pourquoi pas chez moi, à Lausanne, cet hiver, c’est plus tranquille, plus calme, les Suisses sont au travail et les touristes pas encore revenus.
Qu’en dis-tu Dédé ?
Hutch, ton ami qui ne t’a pas oublié.
29 janvier. Il est dix-sept heures. J’attends Dédé dans ma villa de treize pièces avec vue sur les mouettes et sur le lac.
Une longue limousine blanche passe, fait demi-tour, ralentit, s’arrête devant la maison. Le chauffeur en sort et vient ouvrir la porte à un vieil homme élégant, en costume trois pièces gris foncé.
Il sort, en agitant les bras comme un moulin à vent et en criant : “Hutch ! Hutch !”. C’est Dédé, c’est lui.
“Dédé, c’est toi ! Oh ! Oh !” Nous tombons dans les bras l’un de l’autre.
C’est comme si je l’avais quitté hier soir. Entre nous, rien n’a changé.
Le scénario de cet atelier d’écriture : https://www.oasisdepoesie.org/forums/topic/avis-de-recherche/
Lien vers Cookaratxa qui a répondu à cette même annonce : https://www.oasisdepoesie.org/ecrire-ensemble/ateliers-collectifs/etchepareborde/villenave-dornon-29-janvier-2020/
Coucou ! Les revoilou… Non pas Starsky et Hutch, mais Sydney et Désiré !
Et ceci pour notre plus grand plaisir.
Cette fois-ci des textes bien peignés, agrémentés de jolies photos.
Leurs correspondances nous rappelle la dureté de la vie. Notre jeunesse où tout était possible, mais nous n’avions pas un tune. L’âge très mur où la vie nous a embourgeoisé.
“ma villa de treize pièces avec vue sur les mouettes et sur le lac”
“Une longue limousine blanche passe, fait demi-tour, ralentit, s’arrête devant la maison. Le chauffeur en sort et vient ouvrir la porte à un vieil homme élégant, en costume trois pièces gris foncé.”
Entre nous, rien n’a changé.
Certes ! Mais les corps se sont empâtés, les cheveux ont blanchi ou ont disparu.
Les souvenirs restent Sydney et Désiré n’iront pas à Katmandou et ils choisiront un hôtel quatre étoiles pour essayer de retrouver leur jeunesse en Grèce.
Je leur conseille de ne pas tenter de revoir Sofia et Alina… Plus dure serait la chute…
Merci pour cette séquence empreinte de nostalgie. On imagine les volutes de fumée façon “maison bleue”, le petit coeur bronzé qui palpite, la dent cassée souvenir de baston, l’épopée canadienne façon Kerouac. Entre temps, les golden boys et les flambantes années Tapie sont passées par là… yachts, limousines, hôtels particuliers… “Où êtes-vous Lisette et Luc, Psylvia, attendez-moi…” (pour ceux qui ne connaissent pas, référence à la chanson iconique “San Francisco” de Maxime Le Forestier,vedette tout aussi iconique de la chanson française, 50 ans de carrière, excusez du peu!).
PS: Villa à Lausanne avec vue sur le lac et sur Évian, soleil levant sur les Alpes, c’est ma foi un joli lot de consolation lorsqu’on est un vieux con…
Merci beaucoup de vos lectures et de vos commentaires.
@Loki : Comment ça “la vie nous a embourgeoisés” ? Je ne savais pas que tu avais vue sur le lac depuis ta villa de 13 pièces ni que tu circulais en limousine ! et je m’étonne que tes cheveux puissent déjà être tout blancs… Enfin, si c’est le cas, ce n’est pas une raison pour être désobligeant envers Sophia et Alina qui, je te l’assure, sont restées des soleils !
@Line : Oui, c’est vraiment ça : la nostalgie de la route ! Le “Peace and love” cher à notre Maxime.
Tu m’as fait sourire avec ta Lisette : il me semble qu’il y a 50 ans, le susdit parlait déjà de “Lizzard”. Je t’accord que Lizzard c’est bizarre…
à tous les deux : rien ne dit que ces deux nantis ne brûlent pas de repartir à l’aventure plutôt que de continuer à flétrir dans le luxe… Rien ne vaut une nuit à la belle étoile, pas même un 4 étoiles ! Enfin, ce que je dis…
Cher @Hermano tu es sans doute encore bien jeune pour te rendre compte des effets de l’âge !
L’embourgeoisement dans mes propos ne doit pas être compris dans le sens matériel, mais bien dans les sens physique et mental. Je pourrais égrener les dictons populaires : “communiste à vingt ans conservateur à soixante”, “si jeunesse savait, si vieillesse pouvait”, “on ne peut pas être et avoir été”*, mais je ne voudrais pas les ériger en règle . Pour se convaincre des évolutions d’un individu au cours de l’âge il ne suffit que de regarder honnêtement autour de soi. Certes on peut toujours se glorifier d’être une exception 🙂
Je ne voulais pas être désobligeant avec Sofia et Alina, elles peuvent être encore très belles, mais je crains que nos héros ne retrouvent pas les deux jolies brunes d’antan. Sinon comment vivraient les fabricants de crèmes revitalisantes et de teintures ? 🙂
Rassure toi je n’ai ni villa de 13 pièces ni limousine, si c’était mon rêve je n’aurais pas choisi l’enseignement 🙂
Par contre, j’ai les cheveux tout blanc et ce phénomène a commencé dès l’âge de trente ans (canitie), je ne me plains pas, aux yeux de ma femme et de mes collègues cela me donnait un certain charme…
Effectivement les deux “nantis” peuvent non seulement rêver de repartir à Katmandou, mais aussi de le faire. Mais je crains que leurs corps n’apprécient plus cette aventure 🙂
En plus ils seraient déçus on fait la queue aujourd’hui à Katmandou et pour gravir l’Himalaya…
Il n’en reste pas moins que j’ai pris beaucoup de plaisir à lire ce texte.
*
Boutade
Une exception à ce dicton :
“On peut être C… et l’être toujours” (Pierre Dac ?)
PS: Villa à Lausanne avec vue sur le lac et sur Évian, soleil levant sur les Alpes, c’est ma foi un joli lot de consolation lorsqu’on est un vieux con…
Je crains qu’une telle villa ne puisse consoler, un vieux con ou non, des ans l’irréparable outrage…
Bonjour Dédé,
C’est moi, Sofia. Te souviens-tu de moi ? Et de mon amie Alina ?
Je suis tombée sur ton annonce la semaine dernière. Crois-moi, je ne regarde généralement jamais ces annonces d’avis de recherche. C’est ton nom si spécial qui a attiré mon attention, je suppose.
Alina et moi sommes toujours en contact et nous nous voyons une ou deux fois par an, sans nos époux bien sûr. Cela nous fait ressentir l’ambiance de notre adolescence. Sourire.
Alina a été mariée quatre fois et je viens de me marier pour la troisième fois. Eh bien … la variété est le piment de la vie, non ?
Je serais ravie de te revoir et je suis sûre qu’Alina le serait aussi.
J’espère que tu trouveras notre ami Hutch. J’avais le béguin pour lui, je pense.
Il m’avait dit que son père était assez vieux et très malade. Il m’a également raconté que ses parents vivaient dans une magnifique maison à Lausanne et qu’il était le seul héritier de la propriété.
Si tu n’as pas de ses nouvelles, je pourrais t’aider à le retrouver à Lausanne. Tu sais, je vis près de cette ville splendide.
À bientôt,
Sofia
Ah ! Oh ! Sofia ! Si je m’attendais !
Si je m’attendais à te trouver dans un commentaire ! Je vois que ton français et parfait et je me demande même où tu as bien pu apprendre cette expression “J’avais le béguin” !!! Magnifique !
Moi, je crois que c’est surtout pour toi que j’avais le béguin ! Eh oui, … mais tu n’en avais que pour ce grand séducteur de Hutch… même mon cœur bronzé ne m’a pas valu un seul regard de toi.
Mais, Sophia, comme je vois que tu as pris du retard sur Alina (3 vs 4), pense peut-être à moi la prochaine fois ! Tu verras, je te “transporterai” dans ma limousine… Je serai le plus Dédé de tous les Dédés, le Dédé le plus tendre de l’Ouest ! Tu sais que mon vrai nom c’est “Désiré”, tout de même !?
Oui, Lausanne c’est très beau, mais rien ne vaut les douceurs de la Grèce, et je ne dis pas cela pour vous flatter, Alina et toi, et je vous embrasse tellement fort !
Désiré.
Un immense bravo, Purana, pour cette réponse/commentaire à laquelle je ne m’attendais vraiment pas ! Et un grand merci !