Signe particulier
Interprétation de Christian (auteur du dessin)
L’influx traverse la secte des six membres. Six membres assis qui écrivent.
Ils sont là, autour d’une même table, et chacun a pris sa direction.
Deux se sont évadés vers le ciel, un autre s’interroge encore, n’ose pas : il se croit observé par deux yeux verts.
Six pointes effilées se sont élancées sur la page dès que l’alarme a sonné. L’une d’entre elles est celle de l’introspection, elle essaie de s’aventurer dans les mondes souterrains de l’ego.
Deux autres, mais de manière opposée, sont parties pour explorer les marges : l’une s’enfonce dans celle du passé, l’autre dans celle du futur.
La secte des six membres accomplit le rite et couvre les pages alors qu’en bas à gauche, le deux ex-machina, toujours branché, leur insuffle le souffle, l’inspiration, la vibration nécessaire à cette évasion d’un soir.
Interprétation de Mercedes (qui a choisi ce dessin parmi d’autres) :
Cher Monsieur,
Vous m’indiquez aisément le chemin à prendre, vous me laissez même le choix de la direction à suivre. Ainsi, je pourrai faire des aller-retours sans être contrainte par les sens interdits qui pourraient me coûter une forte amende.
Après les deux ronds-points signalés en bas de la page, je pourrais, du côté gauche, aller sur le Bassin déguster des huitres avec un verre de bon vin blanc bien frais. Si je m’aventure du côté droit, c’est la randonnée qui m’attend, vaste domaine d’eucalyptus avec des arbres millénaires, sources inépuisables d’énergie.
Enfin, votre symbole ne comporte pas de limites, ce que j’apprécie de tout cœur !
Réponse de Christian (auteur du dessin) :
Je vois que vous avez été formée au matérialisme dialectique, probablement votre détour par les jungles cubaines…
Je trouve en effet que vous appréhendez ce signe ésotérique avec une approche bien concrète de mère de famille de l’Allemagne de l’Est : et je tourne à droite, et je tourne à gauche, et je m’envoie une douzaine d’huitres, …
Et je comprends bien comment enfin vous arrivez à trouver dans mon modeste signe des accents de liberté : vous en avez tant besoin !
Oui, Madame, c’est bien de liberté qu’il s’agit, et sans limites comme vous l’avez bien senti. Alors, avec mes copains de Mai 68 qui, eux, n’avaient rien à voir avec la République démocratique (tu parles !) allemande, répétez après moi très fort :
“Jouissons sans entraves !“
Le scénario de cet atelier se trouve dans les idées d’atelier :
https://www.oasisdepoesie.org/forums/topic/signe-particulier/
Interprétation de Loki
Le médecin examina le dessin du patient.
Celui-ci assis, devant lui, anxieux, attendait le résultat de l’analyse.
– Vous avez beaucoup hésité dans votre vie ?
– C’est exact docteur !
– Souvent vous avez choisi un chemin, puis un autre. Un moment vous avez pris un événement en pleine face.
– C’est tout à fait vrai !
– C’est une lettre qui a tout déclenché !
– Vous êtes un véritable médium docteur.
– Et ce jour-là, tout a basculé, tout a tourné autour de vous et vous avez sombré et vous avez essayé de mettre fin à vos jours en vous asphyxiant. Mais vous avez eu de la chance.
– Pourquoi docteur ?
– Parce que dans le gaz de ville il n’y a plus comme autrefois du monoxyde de carbone, mais uniquement du méthane…
Merci pour cette contribution, Loki !
Tu as certainement un bel avenir de psychanalyste… ou de chiromancienne !
Comme quoi, les déclencheurs d’écriture sont souvent très simples !
Deuxième interprétation de Loki
Le jeune chercheur entra brusquement, sans frapper, comme il aurait été de bon ton de le faire, dans le bureau de son chef de service, un prix Nobel de physique quand même !
– Je l’ai identifié, je l’ai identifié !
– Calme toi Boris !
– Je voudrais bien Vladimir, mais regarde le cliché que je viens de prendre dans la chambre à bulles. N’est-ce pas extraordinaire ? Deux mésons π viennent de se heurter et repartent de part et d’autre. Et résultat du choc, trois quarks partent vers le haut.
– En effet.
– Et c’est là le miracle depuis que nous le cherchons : un graviton circonvule dans la chambre à bulles.
– C’est toi qui circonvule mon pauvre Boris ce n’est qu’un boson de Higgs…
Interprétation de Purana_Amie extraterrestre
La pensée magique est la croyance que ses propres pensées et souhaits peuvent influencer le monde extérieur. Elle est fréquente chez les très jeunes enfants. Chez les adultes, la pensée magique peut être une source de réconfort.
J’ai un endroit secret dans mon jardin. Là-bas, je me réfugie quand de mauvaises choses arrivent, des choses que je ne suis pas capable de changer. Il ne me reste plus qu’à méditer à l’ombre fraîche de mon vieux platane.
Tôt ou tard, mon amie extraterrestre descend et s’assied près de moi.
Pas besoin de parler puisque nous communiquons par télépathie.
Je l’appelle Birdie, bien qu’elle n’ait pas de plumes. En fait, c’est une créature transparente. Tout ce qu’elle est prête à révéler, ce sont ses yeux verts perçants et ses sept bras. Ces derniers pointent dans différentes directions et dans l’un d’eux, est nichée une boîte magique.
Elle sait toujours ce que je désire.
Aujourd’hui, le souhait de mon cœur est la paix et la fraternité.
Après quelques minutes… elle ouvre sa boîte magique et voilà… mon vœu d’aujourd’hui se réalise d’une manière inattendue : de petites bulles se répandent dans le ciel et elles commencent à voler vers l’est.
Au fur et à mesure de leur ascension, elles se transforment en milliers de soucoupes volantes.
“Ils vont mettre fin à la guerre là-bas” me dit mon Birdie, sans émettre aucun son.
Purana tu remercieras ton amie Birdie, mais je crains que ces milliers de soucoupes volantes soient insuffisantes pour mettre fin à la guerre là-bas ! Car là-bas la face noire (rouge) de la force est en train d’écraser un petit peuple qui ne demandais qu’une chose : vivre librement…
“Pas besoin de parler puisque nous communiquons par télépathie.”
Merci Purana, d’avoir ainsi participé. Je n’aurais jamais pensé que ce petit dessin de rien puisse devenir une telle source d’inspiration.
Comme Loki, et peut-être comme toi Purana, j’apprécie de plus en plus l’art abstrait pour sa capacité à nous inspirer et nous amener à nous dépasser dans un imaginaire sans limites.
Sans limites, comme ce dessin et comme la télépathie…
Voici le plan, est-ce qu’il te paraît clair ?
Parfaitement clair, merci.
Pierre sortit, tira la porte derrière lui avec le sentiment de la refermer sur son enfance et il entra dans une introspection coutumière qui le faisait rager contre lui-même. Pourquoi avait-il dit que le plan lui semblait clair ? En fait il n’y comprenait rien, rien du tout, pour parler vulgairement ce plan était absolument imbitable. S’il avait dit ça ce n’était pas par prétention, Pierre se connaissait et ne se surévaluait pas, non, mais voilà c’était un bon gars qui ne voulait jamais décevoir, aussi adoptait-il les attitudes que les autres semblaient attendre de lui, à sa charge ensuite de se débrouiller pour honorer ses engagements, et là les choses se compliquaient souvent.
Pierre était un jeune garçon à peine sorti de l’adolescence il avait la vie devant lui, alors au fond pourquoi pas ce dessin là… et il se lança avec son plan sous le bras.
Il commença par les trajectoires les plus simples et, le temps passant, il s’aperçut que la vie s’accommodait mal des lignes pures. Il devait y refuser les explorations latérales, les chemins de traverse, les bosquets tentants au versant des vallées, le cours clair des ruisseaux.
Alors prenant son courage à deux mains il s’aventura sur les ondulations, à droite, à gauche ? Qu’importe il commença par se laisser bercer par le vent, mais il y eut des moments de tempête et pour rester à flot il dû affronter de puissants ouragans.
Puis vint le temps où ses forces commencèrent à manquer, il emprunta alors les itinéraires restant, moins agités, ceux qui ressemblaient un peu à des arabesques. Comme il avançait en âge il n’était pas insensible à l’idée de recroiser des chemins parcourus, au moins par le souvenir, ces boucles sur le passé habitaient ses vieux jours.
Enfin se sentant au bout du voyage il retourna frapper à la porte. En entrant il fut surpris par l’apparence du sage, rien n’avait changé sur son visage, sa vieillesse semblait éternelle alors que lui il était courbé, son visage labouré de rides, ses cheveux rares et blanchis, sa voix tremblante.
Alors tu l’as trouvé ?
Quoi ? Répondit Pierre d’un air las
Ben le trésor !
Ah oui le trésor ! Non je ne l’ai pas trouvé !
Ça ne m’étonne pas rares sont ceux qui le trouvent, mais l’essentiel n’est-il pas de l’avoir cherché ?
Ton plan était foireux sage, mais tu as sans doute raison, j’ai vécu. Et puis je dois t’avouer que j’ai assez vite délaissé la recherche du trésor pour quelque chose de beaucoup plus précieux.
L’Amour n’est-ce pas ?
Ah ! Tu as deviné ! Oui l’Amour.
Et l’as-tu trouvé ?
Non je ne l’ai pas trouvé, mais je l’ai souvent approché. Sur les vagues j’ai vu une blanche caravelle, au voiles dessinant des formes enivrantes, mais au moment où j’allais l’atteindre, où j’allais la toucher, elle a disparu happée par la brume. Plusieurs fois j’ai cru la retrouver.
Tu n’es pas original, tiens voici un nouveau plan lui dit le sage en lui tendant un parchemin.
Pierre sortit, tira la porte derrière lui, avec le sentiment de la refermer sur sa vie. Le nouveau plan ne comportait qu’une flèche bien droite et très courte. Dehors la nuit tombait et levant les yeux vers le ciel il la repéra tout de suite, brillante dans l’obscurité, magnifique comme toujours, sa chère étoile qu’il avait toujours suivie par tous les chemins. Il s’allongea sur le bord de la route, près d’une de ces bornes qui ne servaient à rien et surtout pas à mesurer le chemin parcouru. Il adressa un dernier sourire à l’astre scintillant puis fermant les yeux lui dit dans un murmure « J’arrive ».