Gris bleu
La vie en gris bleu, c’est comme un blues qui se teinte de tristesse, c’est comme un bleu d’Auvergne trop vieilli que couvre la moisissure, comme un ciel d’été qui attend l’orage, comme toi qui passes en déshabillé de dentelles, comme ce métal qui étincelle, prêt à découper l’orange, c’est comme moi quand j’ai trop bu le sang des princes, comme la glace sur les étangs de Finlande et comme ce kaléidoscope qui tourne quand se ferment mes paupières.
Écoute ce bleu gris
Écoute comme l’eau ruisselle, goutte à goutte, et s’étale en une flaque merveilleuse, entends les oiseaux s’y ébrouer en gerbes lumineuses, écoute encore leurs ailes battre là-haut et frémir comme des voiles sur la mer, et écoute enfin le calme, le silence qui t’enveloppe le soir. Si apaisant silence.
Entends la glace craquer au fond des glaciers ou glissent des traineaux qu’accompagne le son des clochettes, cristallines comme des gouttes d’eau gelées, suspendues dans ce ciel d’hiver.
Ailleurs, des enfants crient et plongent dans la mer Égée. Une apnée silencieuse… et ils émergent en aspirant goulûment de grandes bouffées d’air tiède.
Christian