Federer
Ah ! Le prince vient d’entrer dans l’arène.
Encore plus magnifique que le plus beau des toreros ! Son sourire, son corps athlétique si bien modelé par l’exercice, exercent comme une décharge électrique sur les femmes, en particulier sur Agustina.
Je la sens nerveuse : cet individu a sur elle une force de frappe inouïe, mais c’est surtout sa simplicité, son fair-play, qui en font un gentleman accompli. Des qualités sans lesquelles un homme ne saurait vraiment être beau.
Son sourire est une joie, sa sueur une liqueur sans pareille.
Un prince ! Éclatant de blancheur sous le soleil.
Il est là, il salue. Agustina s’évanouit.
Cléopâtre
La braise continue de couver avec détermination dans son âtre, dans son être.
Deux billes sont là, au fond : son regard noir.
Avec une suprême élégance, la femme bien maquillée, couverte de bijoux turquoise, a entamé une danse du ventre.
Deux perles malicieuses ornent ses deux seins.
Sa majesté, sa froideur, font contraste avec le feu qui brûle dans ses pupilles.
On sent qu’il s’agit d’une femme de tête, intelligente, à qui nul ne saurait résister.
Elle danse en ondulant lentement. Elle danse, elle danse, elle danse…
César, Agustina, Roger et Cléopâtre !
Quand il entre sur le court, le feu brûle aussitôt dans les pupilles d’Agustina, elle se retient de hurler et dans son cœur elle pense : “Soit mon César, je serai ta Cléopâtre !” C’est pourtant une femme de tête, mais qui n’a pas son fantasme secret ? Les murs de la chambre d’Agustina sont couverts de coupures de journaux, de photographies, de posters de Roger.
Elle ferme les yeux : c’est à elle seule, sa Cléopâtre, que sourit le César des arènes, c’est vers elle seule qu’il tend ses deux bras, en majesté, qu’il brandit sa raquette magique, vers sa seule gorge ornée de bijoux turquoise, vers son corsage aux perles malicieuses. Et, dans son ventre, elle sent comme une boule de feu.
Elle ferme les yeux : elle peut enfin toucher ce corps parfait, sentir cette sueur qui l’enivre.
Agustina est au bord de la pâmoison. Roger s’incline vers elle.
Un reflet sur sa Rolex, il signe l’autographe, lui embrasse la joue. Cléopâtre est aux anges.
César s’éloigne vers les vestiaires, chevalier blanc dans la lumière de ce soir d’été et, prise au cœur, Cléopâtre laisse traîner un dernier regard admirateur sur ses fesses de gentleman victorieux.
écrit dans l’atelier d’écriture du 29 mars à Villenave d’Ornon.
Retrouvez ici le scénario de cet atelier.
J’aime beaucoup ce mélange d’aujourd’hui et d’antan.
Le rythme, surtout celui de la première section, me plait. Ici, tu as créé une prose poétique, Hermano !
Augustina fait son entrée sur la scène d’une façon naturelle.
La description de la beauté de Federer / César est poétique et convaincante. Cela fait que l’évanouissement d’Augustina / Cléopâtre est loin d’être exagéré.
Avec un sourire sur le visage, j’ai lu cette petite histoire de ce coup de foudre unilatéral.
Très bien !
Moi aussi j’ai bien aimé cette nouvelle qui mélange une situation de jadis avec une d’aujourd’hui. Mais j’avoue c’est le choix des protagonistes qui me gêne. J’aime beaucoup Federer, mais à mes yeux il n’incarne pas la virilité, d’autres tennismen me sembleraient plus adéquat. Federer est bien propret et sympathique, mais si j’étais une femme j’aurais un autre choix de fantasme (qu’en pensez-vous mesdames ?). Quant l’identification Agustina à Cléopatre elle me gêne également. D’autant qu’il me semble qu’à ma connaissance César ne s’est jamais produit dans une arène.
Cette opinion n’engage que moi…
Très franchement, je préfère pour ma part des mecs, des vrais, forts et virils ?:
Ah, mais tous les deux, vous allez encore m’obliger à Philosopher !
@Purana : je comprends que tu puisses préférer Swarzy ou Stallone, ou pour le moins je l’admets !
Tu laisses donc Federer à Agustina. Cela va la ravir de voir ainsi disparaître une rude concurrente !
@Loki : mais, Loki, qui a parlé de virilité ? Il ne s’agit que de beauté !
Mais où avez vous cherché tous les deux qu’un homme devait être viril ?
Il faudrait tout d’abord me donner une définition de la virilité.
Bogart, Gabin, Belmondo, Conan le barbare ? Rocco, Charlton Heston, Emmanuel Macron, John Wayne ?
Mais vous êtes d’un classique achevé !
Quant à moi, j’aime bien qu’Agustina trouve Roger très beau… ça me fait rire !
Merci surtout d’avoir lu et commenté ! ??
Le plus beau chez un homme viril c’est un brin de féminité ; le plus beau chez une femme féminine c’est un peu de masculinité.
-Susan Sontag-
* Capacité d’engendrer ; vigueur sexuelle.
* Mâle énergie, courage.
Je ne pensais pas ouvrir un si large débat en parlant de virilité.
Si on s’en tient aux définitions du Larousse, Federer répond à la première définition et à la deuxième, compte tenu de sa progéniture. Mais dans le débat ouvert il est question de quelque chose de plus subtil.
En quoi Bogart, Gabin, Belmondo, Conan le barbare ? Rocco, Charlton Heston, Emmanuel Macron, John Wayne sont-ils plus virils qu’une majorité d’hommes ?
Si on se réfère aux définitions précédentes indubitablement ils sont virils, mais le public (les femmes ?) leur attribue quelque chose de plus…
Hermano réfute la virilité et veut y substituer la beauté.
Mais la beauté quoi de plus subjectif ? Peut-on dissocier aussi facilement beauté, virilité et sexualité ?
D’ailleurs Hermano tu reviens à cette dernière quand tu écris :
« Et, dans son ventre, elle sent comme une boule de feu. »
« Cléopâtre laisse traîner un dernier regard admirateur sur ses fesses de gentleman victorieux. »
Il suffirait de consulter quelques livres (scientifiques) ou simplement de surfer sur Internet pour se rendre compte que cet échange est loin d’être un débat sérieux puisque nous, écrivains et poètes amateurs, mêlons évidemment beauté, virilité et attirance sexuelle.
La beauté est définie comme satisfaisant les sens esthétiques, en particulier la vue.
On pourrait trouver la beauté dans la nature, les bâtiments, les oiseaux et autres animaux, ainsi que chez l’homme, chez les hommes et chez les femmes.
La beauté est beaucoup moins subjective que l’on ne le pense : nous admirons toujours les cathédrales anciennes, nous aimons le printemps peu importe où nous vivons et les belles personnes ont toujours inspiré les poètes du monde entier.
Notre notion de beauté provient des règles de la nature, en particulier de la symétrie et des proportions exactes des feuilles !
Un visage symétrique et un corps bien proportionné sont perçus comme beaux ; ce qui pourrait servir, souvent en vain, comme outil d’attirance sexuelle.
La beauté est ce dont Hermano a parlé bien que sa description bien réussie de la beauté des personnages principaux puisse confondre le lecteur quant à la frontière entre la beauté et l’attirance sexuelle.
Mon commentaire ci-dessus visait à caricaturer la notion de virilité telle qu’imaginée par les hommes.
La virilité est pour les hommes comme la fertilité est pour les femmes.
La virilité et la fertilité assurent la procréation en émettant des signaux destinés à générer une attraction sexuelle. Le plus important d’entre eux est la diffusion de l’odeur corporelle naturelle, bien qu’elle ne soit généralement pas perçue consciemment.
Des études ont révélé que certaines caractéristiques physiques chez les femmes exercent une forte attraction sexuelle en donnant des signes de fertilité : peau lisse, lèvres charnues, taille bien plus étroite que les hanches, …
Et ainsi, Dieu créa l’industrie de la beauté avec les liftings, le Botox et les fillers…
Les femmes, sans s’en rendre compte, ont troqué leur beauté en échange de l’attirance sexuelle.
Les hommes essaient d’imiter l’image d’une idole de la virilité créée par eux-mêmes et qu’ils imaginent être la meilleure arme pour attirer les femmes, ne sachant pas que pour les femmes, c’est le caractère qui compte en premier lieu et non le macho avec le faisceau de muscles.
Dans la vraie vie, nous avons mélangé les notions de beauté, de virilité, de fertilité et de sexualité.
Ne faisons pas la même chose par écrit.
Je suis entièrement d’accord avec toi Purana il ne peut y avoir de débat sur l’existence scientifique des hormones, des phéronomes associées à la virilité et à la féminité, mais rien n’empêche d’en parler et d’y faire référence.
Mais comme tu l’écris si bien ce n’est pas sur ce registre que nous discutons. Et nous mêlons évidemment beauté, virilité et attirance sexuelle.
En fait le débat est encore plus subtil, car il est celui de la subjectivité des choses.
Contrairement à toi je pense que “la beauté” est une des sensations les plus subjectives qui soit. En fait, à mon avis elle ne dépend pas de “la chose” observée (au sens large), mais le l’observateur.
La beauté ne peut se réduire à des formes parfaites ou régulières, au nombre d’or, etc.
“Nous admirons toujours les cathédrales anciennes, nous aimons le printemps peu importe où nous vivons et les belles personnes ont toujours inspiré les poètes du monde entier.” Je suis pas d’accord avec la généralisation de ton assertion. Nombreuses sont les personnes qui sont indifférentes aux cathédrales, au printemps, à la poésies.
Est-ce que notre débat est sérieux ? Il existe… à une époque où la violence est souvent le seul échange entre les êtres humains
Et pourtant, la beauté est beaucoup moins subjective que l’on ne le pense. ?
https://link.springer.com/article/10.1007/BF02692201
Je suis désolé Purana, mais mes connaissances en anglais sont insuffisantes pour apprécier ton article !
Sorry !