Recette pâtissière
Au centre de la présentation, le château, structure de beurre salé, crénelé, battant pavillon,
puis la barrière dont le franchissement facile laissait entrevoir le sucre candi des sucettes rayées dont elle était faite,
enfin, le mur frontière de briques rouges, en pâte brisée nappée de mousse de framboises, de cerise, de grenade,
le maçon de nougatine de Berlin craquant dur sous la dent,
et la pancarte “Bienvenue aux migrants” en pâte d’amandes chocolatée fichée dans un gazon à la pistache.
Denyse
Mais le clou de cette création, le clou restait l’immense bigoudi rose hérissé de sucre cristallisé et surmonté d’une flamme de crème Chantilly.
Une sorte de symbole phallique qui n’avait pas échappé à Albert lorsqu’il avait commandé cette composition pour son cinquantième anniversaire auquel il avait convié toutes ses anciennes maîtresses. Il les attendait maintenant depuis une bonne heure quand elles apparurent toutes ensemble, l’une derrière l’autre, habillées en fées dont les voiles se soulevèrent dès qu’elles eurent commencé à voleter gracieusement dans cette grande salle un peu froide qu’il avait louée pour l’occasion.
C’est alors qu’il se vit lui-même pousser des ailes bleu pâle et qu’il put se joindre à cette sarabande qui sortit par la fenêtre pour rejoindre le champ voisin où les fleurs chantaient des Ave Maria et où une cohorte de migrants, qui parlaient un langage que seuls les chevaux comprenaient, les attendait sagement comme des anges, aux ailes bleues ou roses, selon leur sexe. Parmi eux, un peu à l’écart, figuraient deux ou trois paires d’ailes blanches.
Albert les invita tous à le suivre. Ils s’envolèrent à sa suite et les maîtresses fées, terminant ce cortège, se posèrent et les installèrent autour des fabuleux desserts où chacun et chacune, après sa première bouchée, retrouva son apparence habituelle.
Christian
Écrit lors de l’atelier d’écriture du 24 novembre 21.
Scénario de cet atelier ici : https://www.oasisdepoesie.org/forums/topic/realisme-magique/
J’avoue que cette Evasion pâtissière issue des ateliers collectifs me laisse plus que dubitatif !
Certes la première partie où l’on jongle avec les ingrédients est bien construite, avec un bémol un peu choquant : “bienvenue aux migrants”. Je pense qu’en une période où ce sujet est au coeur de la campagne présidentielle sur un site supposé apolitique comme le notre il n’avait pas lieu d’écrire cela sur le gâteau.
Quand à la deuxième partie je suis peu sensible à l’aspect phallique du “bigoudis”, à la sarabande des anciennes maitresses et à cette cohorte de migrants (encore eux ! C’est une obsession…).
Bonjour Loki,
La première partie du texte respecte ce que la participante a écrit. Maintenant, la pancarte en nougatine décrite n’est qu’un élément du décor. Compte-tenu que cette première partie a été bâtie – c’est le cas de le dire – autour du mot “mur” et des mots qu’il inspirait au groupe, il est assez logique que le mot “migrants” soit sorti, tout comme Berlin et frontière d’ailleurs.
Quant à la suite, elle s’inscrit dans une volonté de faire “décoller” les textes dans une dimension magique en contraste avec le réel. En ce qui me concerne ce texte surréaliste à la García Márquez m’a bien fait rire !