Texte de Christian, suivi des réactions de Lucette. Atelier d’écriture du 28 août 2018. Animé par Christian.
Retrouvez les consignes de cet atelier d’écriture ici : https://www.oasisdepoesie.org/forums/topic/je-ne-suis-pas-celle-que-vous-croyez/
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Ce que Mina n’avait jamais dit
Le personnage : Mina
Quelque chose, une toute petite chose qui a rendu le personnage vraiment heureux, une fois.
Après trois jours de mer, en arrivant au port de La Corogne, j’ai été accueillie par Abdul, un marocain qui travaillait sur le port. Il m’a tendu la main pour descendre du bateau avec une telle gentillesse que nous avons commencé à parler un peu. Il regrettait d’avoir laissé sa femme dans les montagnes du Rif. Mon bonheur de ce jour fut de lui offrir mon chapeau à fleur pour qu’il le ramène un jour à son épouse qui l’attendait sous l’acacia.
Un évènement qui lui a posé un réel problème, une vraie difficulté, un moment où elle n’a pas su que faire et qu’elle a surmonté… ou pas.
Lorsque je suis arrivée à l’aéroport de Roissy pour prendre l’avion vers Bordeaux, je me suis sentie envahie par une panique qui montait, qui montait comme une vague impossible à franchir. Je n’avais pas l’habitude de voyager seule et mon mari m’avait accompagnée presque jusque dans l’avion à Istamboul, d’où j’étais partie. Il s’était occupé de tout et maintenant, j’étais seule dans la foule, le brouhaha, les écrans que je ne savais plus lire et qui changeaient sans cesse, affolée devant les escalators qui s’enchevêtraient en tous sens.
Tétanisée, je ne savais plus que faire ni à qui m’adresser. J’avais tellement honte de ne pas savoir trouver mon chemin comme tout le monde. Je n’arrivais même plus à retrouver mes billets dans mon sac ou dans ma valise.
Je me suis évanouie.
Un doute, une peur, une phobie qui la tenaille.
Je me suis toujours demandée si cet homme était vraiment mon père, et même si mes parents étaient réellement mes parents.
J’étais l’aînée et je ne ressemblais à personne : brune, alors que mes frères et sœurs avaient de jolis cheveux châtain clair, les yeux noirs alors que les autres avaient les yeux clairs. Étais-je également différente parce que j’étais l’aînée, celle qui avait été la seule pendant un temps, ou bien peut-être, comme il arrive parfois et pas seulement dans les romans, parce que ma mère avait connu un autre homme juste avant d’épouser mon père…?
Je n’ai jamais cessé de faire une foule d’hypothèses sans jamais en parler à quiconque.
Ce qu’elle rêverait de faire avant de mourir.
Avant de mourir, je voudrais revoir tous mes amis d’adolescente, les embrasser, les tenir dans mes bras, sans rien dire, juste en regardant leur belles rides et leurs sourires émus.
Le jour où elle a fait quelque chose de défendu…
Au printemps de cette année-là, j’étais tombée amoureuse du bel Andreas. Et tous les jeudis après-midi je quittais le lycée sans permission pour le rejoindre sur les bancs du jardin public tout proche.
Je craignais que cette transgression ne fût découverte par ma mère ou par un de mes professeurs, mais cela n’arriva pas et je passai tous ces beaux jeudis de printemps sous les ombrages d’un vieux tilleul, dans les bras de mon nouveau chéri.
Un rêve qu’elle pourrait raconter.
Je plonge dans l’eau et je ne peux pas remonter, mais je me sens sereine.
Je ne suis pas oppressée, au contraire, je continue à nager lentement. L’eau est bleu turquoise, probablement les parois d’une piscine. Et puis, je suis attirée dans un long tuyau, toujours bleu, dans lequel je glisse sans fin, heureuse…
La réponse faite à Mina :
Mina, tu as croisé sur ton chemin tortueux une main prête à te faire retrouver une voie fleurie.
Il est absolument normal, Mina, que ta vie soit parsemée de difficultés mais, vois-tu, tu rencontreras toujours une aide pour surmonter l’épreuve.
Et puis, il y a le côté positif, même si tu t’évanouis. Un moment de panique ? une foule d’hypothèses te fera douter un instant de l’équilibre.
Garde l’esprit net et clair. Des sourires, des souvenirs émouvants t’ouvriront des éclats de lumière sur un ciel de printemps.
Mina, d’autres découvertes, auxquelles tu ne t’attends pas, t’offriront les aspects positifs de la vie.
Tu me parles de la piscine d’eau turquoise : laisse-toi glisser dans l’onde, Mina.
Prends la main tendue au-delà des frontières, du temps, du sol, de la langue : reste, Mina, dans ton présent.