Texte de Lucette, avec Christian dans le rôle de l’analyste de Malhen. Atelier d’écriture du 28 août 2018. Animé par Christian.
Retrouvez les consignes de cet atelier d’écriture ici : https://www.oasisdepoesie.org/forums/topic/je-ne-suis-pas-celle-que-vous-croyez/
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Je ne suis pas celle que vous croyez, je suis Malhen.
Quelque chose, une toute petite chose qui a rendu le personnage vraiment heureux, une fois.
Je ne m’attendais pas à recevoir cette invitation pour le ballet “Le Lac des Cygnes”. Franchement, partir au théâtre du bout de la rue des 6 Billaudel, ce mercredi soir, c’était pas mon idée. Arroser mes cactus, faire un brin de rangement dans mon L3, me coucher tôt pour éviter l’orage annoncé par Meteo-France2. En fait, j’avais déjà refusé de sortir avec Aytekin, Gérard, Maryline, Mercedes, et puis comment m’habiller ? Je n’ai pas de robe adéquate ni de chaussures à talons hauts brillants. Ce soir je me montrais peu favorable au rapprochement de qui que se soit. Ma foi, après tout, c’était une invitation de bonne augure cependant je devrai me préparer pour faire passer la pilule. Ce Christian comme d’habitude avait une idée bien concoctée derrière son paletot. À tous les coups. Sûr et certain. Je mettrai ce pantalon à fermeture éclair. On verra la suite.
Malhen, je ne te l’ai pas dit, mais moi, Mina, je suis psychanalyste et je ne peux m’empêcher de lire tout cela avec mes filtres et mes références à moi.
Alors, dès que tu me parles de lac des cygnes je comprends tout de suite ce besoin de paix et de virginité auxquels tu aspires.
Je te sens inquiète comme si tu voulais sortir de tout ce désordre, de toute cette fange, libérée de tout, purifiée comme un conte de fées, avec une belle robe et des talons brillants.
Un évènement qui lui a posé un réel problème, une vraie difficulté, un moment où elle n’a pas su que faire et qu’il a surmonté… ou pas.
J’accepte de voir ce ballet mais il faut que je me renseigne sur la légende. Aurais-je le temps d’ouvrir mon ordinateur ? Je ne peux franchement refuser cette invitation. Secoues-toi les plumes Malhen !
En fait, je crois que tu as peur, que tu cherches des prétextes, tu tergiverses, tu diffères, ta tête dit oui, mais comme d’habitude, ce sont les tripes qui veulent gagner la bataille, non ?
Un doute, une peur, une phobie qui la tenaille.
Je veux bien répondre au message de cet individu mais il faudrait que je m’invente une tenue convenable, peut-être me laver les cheveux, façonner une tresse. Partir au théâtre, je suis partante surtout avec lui puisqu’il m’offre cette place et je n’ai jamais vu Le Lac des Cygnes, pourquoi alors hésiter à te fringuer en conséquences? Malhen, tu ne vas pas te chercher des noises pour une histoire de lac ?
Et tu continues, tu continues Malhen ! Si j’osais, je dirais que tu tortilles du cul.
Comme si tu ne voulais pas croire que tu es aimable, Malhen.
Es-tu aimable, Malhen ?
Et quand tu t’aimeras, oseras-tu enfin sauter dans ce train qui passe ?
Ce qu’elle rêverait de faire avant de mourir.
Je balaye les mauvais souvenirs, les principes, je saute les barrières aux goûts amers que finalement j’ai créées.
Nous y voilà ! C’est exactement ce que je te disais tout à l’heure !
Tu veux tout nettoyer, te purifier et tu sais qu’il existe des barrières, Malhen.
Mais quelles sont ces barrières ?
Peux-tu le dire, Malhen ?
Le jour où elle a fait quelque chose de défendu…
Je voudrais tout de même dire les 4 vérités à cet individu, juste parce qu’il m’a un jour transbahutée dans ce jardin public au bord de la rivière, ou du lac, je ne sais plus en fait où. Bref il désirait m’inviter à me baigner et moi je désirais faire la sieste à l’ombre du palmier. Et voilà qu’aujourd’hui il m’invite au Lac des Cygnes.
Si je comprends, Malhen, c’est que tu as perdu la tête avec un “individu”.
Comme ce terme me parait louche.
Oui, tu sens qu’il faut craquer, maintenant, tout de suite, dire les 4 vérités, pour que la baignade purifiante s’accomplisse.
Tu vois, tout devient plus clair, maintenant, non ?
Est-ce que tout ne devient pas plus clair ?
Tu sais qu’il faudrait, mais encore tu recules, tu préférerais rester “à l’ombre du palmier”.
Un rêve qu’elle pourrait raconter.
J’ai rêvé la nuit dernière déguster une soupe à l’oignon et un coca cola mais rêver de me transformer en cygne, vous y croyez ? Je ne suis pas convaincue de satisfaire cet individu de l’autre côté de la Garonne.
Et toi, Malhen, y crois-tu ?
À la possibilité de se changer en cygne ?
Pour satisfaire à un “individu” ?
Malhen, nous arrêterons là pour aujourd’hui, nous reparlerons de la soupe à l’oignon et du coca cola la semaine prochaine.
Ça fait 85€, Malhen. Merci.
Je vois que vous prenez beaucoup de plaisir dans cet atelier d’écriture.
Bravo à vous deux pour ce dialogue engageant qui invite le lecteur à participer à ce rassemblement.
Si je vivais en France, je participerais immédiatement !
Les deux rôles sont bien écrits. La mise en scène est presque réelle et, comme toutes les choses réelles, elle a tendance à être une sorte de tragi-comédie.
Christian, tu as pris ton rôle très au sérieux et il me semble que tu dois être psychanalyste ou patient sur le divan pour être si familier avec de telles réponses professionnelles. Rire…
Lucette, tu as écrit ton rôle de manière très agréable, parfois très touchante. Je me réjouis de voir tes autres publications sur le site.
Je vous remercie tous les deux encore une fois.
Purana