L’une flotte, l’autre vole !

 

La bouée : Je te trouve bien légère, bien élégante…

La balançoire : Élégante, pourquoi pas ? Mais tu n’es pas un peu gonflée de me dire que je suis légère ?

Bou : Ben oui ! Je te vois, là, toute en souplesse, en vibrations, au bout de tes deux cordes, alors que moi, je ne suis qu’un ventre rond !

Bal : Mais, dis-moi, tu ne vas pas te plaindre quand même, car pendant tout cet été tu as dû batifoler à ton aise avec le temps qu’il a fait ! Et… dis-moi, ce ne serait pas une invitation à venir sur moi ?

Bou : Venir sur toi !? Mais comme tu y vas ! T’es directe, toi, au moins !
Mais d’abord, j’ai une question : cela ne te fait rien de rester comme ça, toute ta vie attachée à un arbre ?

Bal : C’est un point de vue. Ok, je suis attachée mais je suis au grand air, je vis en accord avec les éléments et je vois du monde en toute saison ; moi, au moins, je ne me dégonfle pas pour être mise au placard pendant dix mois !

Bou : N’exagère pas… ! Heureusement que tu es à l’ombre par ces chaleurs, mais l’hiver ce doit être autre chose.
Tiens, sais-tu que ma vieille sœur aînée qui est à la retraite envisage maintenant de rejoindre ton club des balançoires ?

Bal : Ah oui ? Et pourquoi cela ?

Bou : Ben… quand elle n’a plus été capable, on l’a attachée au bout d’une grande corde de pendu et maintenant, elle fait balançoire tous les jours, comme toi !

Bal : Eh bien, je dirais que c’est un honneur pour elle. Au moins, elle respire le bon air ! Dis-moi, même si tu as ta vieille sœur, voudrais-tu m’essayer ?

Bou : Ah ben… j’osais pas demander… M’envoyer en l’air… tout de même !

Bal : Super ! Tu vas découvrir ce que c’est qu’une envolée ! T’inquiète pas : si tu atterris chez le voisin un jour ou l’autre, quelqu’un ira te rechercher…

Bou : OK ! Je prends mon ticket ! Je m’installe, je m’envole, très haut, je vois le jardin du voisin !
Je me demande ce que peuvent bien y faire cette théière et ce dé à coudre en pleine discussion ? *

 

 

Rencontre improbable. La balançoire, c’est Marie-Paule, la bouée, c’est Christian.
Texte écrit lors de l’atelier d’écriture
Le parti pris des choses“.

* Lire “Le dé et la théière” par Marie-Isabelle et Maryline.