Texte écrit à quatre mains lors de l’atelier Noir et Blanc du 30 mars 2022 à Villenave (auteurs Maryline et Denyse).
De loin, on dirait l’homme au chapeau de Magritte. mais ce n’est ni une colombe ni une pomme qui cache son visage. Non, c’est un ballon, un ballon léger, empli de l’air frais du printemps. un ballon qui flotte dans le joli mois de mai, porté par le pépiement des oiseaux et les cris de joie des enfants qui jouent.
Intriguée, je m’approche du banc de pierre où cet homme est assis. Il est grand, élégant dans ses habits du dimanche. mais son allure est décontractée et je me demande bien pourquoi ce ballon incongru cache ses traits. Enfin, je remarque à ses côtés une minuscule silhouette habillée de blanc. On dirait une poupée précieuse avec sa robe et son bonnet de dentelle. Une petite poupée bien remuante qui tend ses mains minuscules vers le ballon que l’homme fait danser pour elle. Elle a beau se tortiller, le ballon s’échappe toujours au moment où elle croit l’attraper. L’homme lui parle d’une voix douce et la serre tendrement. Il finit par la laisser saisir le ballon. La petite, ravie, lui jette un regard reconnaissant avant de lui rendre le ballon. “Encore !”, dit-elle. Elle ne connaît guère que quelques mots, mais ce petit bout de bonne femme sait bien se faire comprendre.
À pas de loup, je m’approche encore plus près et sors discrètement mon appareil photo pour immortaliser ce moment. Un moment doux comme cet après-midi de mai où la ficelle fragile de ce ballon tisse solidement le lien qui unit cette petite fille au premier homme de sa vie.
Suite par Denyse
Une fois rentrée, je m’installe dans la chambre noire, curieuse de lire le négatif de la photo que je viens de saisir.
Qui se cache derrière ce ballon incongru ? Quelle est la nature de cette personne prise au hasard sur un banc de fortune?
Je ne le saurai pas, je ne la distingue pas, je n’en saurai pas davantage…
L’impression première se dissipe et mon attention se focalise sur la petite silhouette placée près de lui.
Ce que décèlent mes yeux ne correspond pas à ce que j’ai entendu. À y regarder de plus près, ce n’est pas une enfant… mais… une poupée…
Mais alors, est-ce le fruit de mon imagination ? Cet homme serait-il ventriloque, marionnettiste?
To be or not to be, telle est la question…
Cette nouvelle courte a un bon début ainsi qu’une fin astucieuse.
Les deux auteurs ont réussi à esquisser l’envolée de leur imagination de manière légère et ludique.
Je trouve les écritures en parfaite harmonie avec la perception visuelle évoquée par l’image.
Très bien fait.
Merci à vous deux.
Une nouvelle agréable à lire, pleine de fraicheur !
On laisse le lecteur s’interroger sur l’identité de l’homme au ballon, alors que la chute déplace la question sur l’enfant… En ce sens c’est une bonne nouvelle !
Une question : est-ce volontaire que certaines phrases ne commencent par une majuscule ?
Un autre question, un peu taquine : texte écrit à quatre mains, les rédactrices seraient-elles ambidextre ?
Merci à tous les deux pour vos commentaires. Je suis contente que notre histoire vous ait plu. Ce cliché de Vivian Maier a été pris sur le vif comme tous les clichés de cette artiste. Ce sont des photos “volées” pleines de vie et de naturel. D’où leur côté très inspirant. Le côté rocambolesque de cette histoire est que cette photographe était nounou et prenait des photos à la volée, notamment dans les rues de Chicago, dans les années 50 – 60. La plupart de ses rouleaux ont été trouvés non développés dans un garde-meubles, après sa mort. C’est presque un hasard qu’ils nous soient parvenus.
PS Loki: non les autrices ne sont pas ambidextres 😉 Tu m’as fait bien rire !
Je n’avais pas immédiatement la relation, mais maintenant je me souviens d’avoir écouté sur Europe 1 une chronique sur Vivian Maier.
Sa vie mériterait un livre ou tout au moins une nouvelle !
Bravo pour ce que cette photo vous ont inspiré. Ça phosphore à Villenave !
Petite fille ou poupée ? Qu’importe la tendresse est dissimulée comme le visage par le ballon, apparaît-elle sur la photo ?
Sans doute, les ventriloques marionnettistes sont des tendres…
Merci à toutes deux d’avoir animé cette image.