Le désert. Les pas crissent sur le sable noir. D’étranges dunes semblent émerger des brumes. Chaleur atroce agité ses fumerolles. Tomber à genoux. Pour expier quoi ? Un trop plein d’amour Pour qui m’aime en retour.
Le vent du désert souffle sur les cendres Les gardiens de la Porte s’en vont La Forteresse est oubliée Les barbelés à l’abandon seront poussière Avant d’écorcher quiconque Est-ce toi, ô néant qui a permis au monde et au vent de tourner la page ?
Isabella Tomasi était la fille d’un riche drapier de Palerme. Son frère aîné Federico et elle, eurent une enfance heureuse entourée d’une famille aimante. Tout naturellement, Federico devait à reprendre la draperie de son père et Isabella était destinée à se marier avec un riche parti. Les prétendants ne manquaient pas, car la jeune fille […]
Texte issu de l’atelier en ligne d’octobre 2022 “Bouts de chansons” Un vent aigrelet soufflait sur les berges de Seine et une pluie fine faisait briller les pavés éclairés de lune. Recroquevillée dans une vieille couverture à l’abri d’une maigre forteresse de cartons, Amina grappillait quelques instants d’un repos fragile.Un violent coup de pied dans […]
Son nom est Thomas mais tout le monde l’appelle Tom.Au bout de la rue déserte il se tient face au mur. Le ciel est aussi gris qu’à l’accoutumée mais il ne pleut pas et une légère brise a séché les toits et le macadam de l’humidité pénétrante du matin. Dans ce coron où il a […]
S’il se trouve encore quelques personnes qui ont connu « Pitch » dans les années cinquante, elles vous confirmeront qu’il a été la terreur de plusieurs générations de garçons au collège Gambetta. Surveillant général, du temps où ce titre existait, il régnait en maître aussi bien à l’internat qu’à l’externat. Je me souviens de sa […]
Berlin, juin 1989 Un piano bar en sous-sol. Le plafond est très bas. Décor années trente. Le mur du fond, dans la pénombre, crache ses briques aux traînées noirâtres. Je suis avec Jacques, dragueur impénitent, toujours à l’affût. Je ne sais plus comment nous avons déniché ce lieu à l’ambiance exquise et surannée. La salle […]
J’ai retrouvé ce petit exercice d’un atelier d’écriture d’il y a plusieurs années : “Ecrire l’éloge funèbre et grinçant d’un objet dont on feint de regretter la disparition”.
Un sous-bois étrange Cache une clairière Où viennent deux anges Le soir, sans lumière Et là, ils se posent Oiseaux de passage Au milieu des roses Pour le grand partage La chaleur du soir Drape leurs corps nus Alors, il faut boire… Mais en ingénus Et croquer la pomme Goûter aux […]
En te rencontrant Le sable était chant de lune Et la nuit Cœur à pleine chamade Et fièvre de la découverte .
Quoi de plus désespérant qu’un amour non partagé ! On pourrait penser que cette situation est banale. Mais pour Flora elle ne l’est pas ! Issue d’une famille ouvrière, la jeune fille à force de travail et de persévérance a pu intégrer une école d’ingénieurs. En cette première année de l’école, après une scolarité laborieuse, elle […]
Imaginaires lointains, m’entendez-vous ?… Ici et maintenant, quelqu’un, quelque part sur Terre, a besoin d’un échappatoire. Ici et maintenant, c’est tout un univers qui doit s’exprimer d’urgence. Le vent meurtri sautera sur la moindre occasion de s’alléger de sa poussière brûlée. Les mots sont déjà sur le qui-vive.
… Et cette voix se mit à tinter telle une note de bienvenue : Voici notre chambre, amis terriens. Celle de nos tarmacs sauvages et de nos rêves de mille ans. Voici notre refuge, amis terriens. Celui d’adolescents lunaires ou écorchés vifs. Celui des enfants que nous protégeons. Celui des veilleurs du vent. […]
« Il ya quelque chose en toi de cassé » me lance mon éphémère compagne en claquant la porte derrière elle, définitivement. Dans le pesant silence qui suit je me demande si elle n’a pas raison car ce départ intempestif ne m’affecte guère, pas plus que les autres. Et si j’étais devenu incapable d’aimer ? Oui, il y a sans aucun doute quelque chose à réparer.
Mes deux mains posées sur le volant je fixe la route qui s’enfonce entre les platanes, inamovibles gardiens de mon itinéraire. Les taches de lumières qu’ils distribuent glissent sur le pare-brise, m’éblouissent parfois en une alternance usante d’ombre et de soleil, leurs troncs sont resserrés, tentants. Un petit mouvement sur le volant et tout pourrait s’arrêter là, quelle importance ? Allez il est encore tôt, j’arriverai en début d’après-midi et je redoute cet instant. Mais pourquoi l’ai-je quittée ?
Des images du bonheur passé s’imposent, intenses, aujourd’hui douloureuses. Je sens sa main dans mes cheveux, je revois dans ses beaux yeux toute la tendresse et l’amour absents à ces dernières années. Nous étions seuls au monde. Trop seuls sans doute et je suis parti sur un coup de tête, sans mesurer combien j’avais besoin d’elle ! Je sais que les torts ne pèsent pas tous de mon côté, il a fallu que je respire. Mais depuis qu’ai-je fait de ma vie ? Je repense à ces femmes que je n’ai su aimer, que je n’ai su retenir, parties comme on délaisse un jouet défectueux. Quelques heures encore, aurais-je le courage d’aller jusqu’au bout ? Je me suis écarté du chemin, il le fallait, j’ai fait des bêtises, des grosses, et dans cette voiture qui me mène vers elle tout est trouble et tout se mélange. Mais la décision est prise et je roule, tel un automate, vers l’espoir d’un destin nouveau.
Une halte dans un restaurant que j’ai connu avant, rien n’a vraiment changé, un de ces établissements de bord de route, au parking étendu, à la salle immense. J’observe autour de moi, il y a des couples heureux ou qui font semblant de l’être, des licites et des illicites que l’on repère au premier coup d’œil, il y a des gens au travail, des gens en vacances, des familles, beaucoup de monde, c’est l’été, la grande ruée vers le sud. Je m’enfonce dans ma solitude et n’ai envie de parler à personne. Pourtant à l’entrée du restaurant je remarque un enfant triste, au bord des larmes, il a perdu sa mère, je le prends par la main et nous la retrouvons dans des éclats de joie. Une petite BA qui me rend heureux, pendant un court moment je retrouve l’être serein et apaisé que je ne suis plus. Une jeune femme, témoin de la scène, m’adresse un grand sourire, elle est très belle et je la désire un court instant mais nous nous croisons sans un mot, une pointe de regret m’assaille, fugacement. Ce n’est pas le jour, d’ailleurs ce n’est qu’un réflexe dérisoire du séducteur que je ne souhaite plus être.
Ça y est j’approche, plus que quelques kilomètres, j’aimerais être serein, détendu, mais je ne le suis pas. La radio que j’écoutais jusque-là d’une oreille distraite diffuse une chanson connue mais toujours émouvante, je pourrais en garder quelques mots, qui se placent sur ma pensée, comme les doigts se placent à l’endroit exact sur les touches nacrées d’un bandonéon. La voiture est maintenant à l’arrêt devant le portail, moteur éteint, je sors lentement et referme la portière sans un bruit, comme si je refusais ma présence à ce cadre pourtant familier. Mon pouls martèle mes tempes.
Dring ! Le bouton de la sonnerie vient de s’enfoncer sous mon index indécis et tremblant. On n’entend plus rien, si ce n’est le chant lancinant des cigales, assourdissant, qui colonise sans partage l’air brûlant de ce début d’après-midi. Me répondra-t-elle ? Probablement non. Et j’en viens à le souhaiter, en dépit ou à cause des hésitations et des réticences qu’il a fallu vaincre pour parvenir jusqu’ici, « Elle fut longue la route » disait la chanson. Si la porte s’ouvre ma vie basculera. Si elle reste fermée je continuerai avec mes doutes, mes petits rêves, mes prétextes, mes accommodements, mes oublis, mes zones d’ombre, mes mensonges, finalement tout ce qui apaise les blessures, qui aide à supporter l’existence en en limant ses aspérités tranchantes, au prix de sa fausseté. Il fait très chaud et c’est une folie d’être ici ! Rien, il ne se passe rien, les cigales n’en démordront pas jusqu’au coucher du soleil, où serai-je ? Peut-être devrais-je sonner à nouveau ? Peut-être n’a-t-elle pas entendu ? Ne serait-il pas plus raisonnable de tourner les talons ? Ne pas céder à la lâcheté, aller jusqu’au bout de cette décision si longuement mûrie. Courage, je vois mon doigt se diriger à nouveau vers le bouton de la sonnerie, est-ce vraiment moi l’auteur de ce geste ? Les cigales persistent dans leur bruyante indifférence à mes tergiversations. Je suis dans une sorte de néant, comme extrait de ma vie, les secondes sont interminables. Non, elle n’ouvrira pas, je fais demi-tour et repars vers ma voiture, tant pis ou plus tôt tant mieux, la page est définitivement tournée. Mais un puissant étau m’étreint la poitrine : « Attends ! ». J’arrête mon pas, cette voix dans mon dos c’est la sienne, cette voix unique fidèlement conservée dans mon oreille, cette voix si chère, cette voix d’amour. Je me retourne, un seul mot s’échappe de ma bouche, ce mot si beau et si longtemps tu : « Maman ! »
Cette histoire aurait pu être l’histoire de n’importe quel jeune homme. Pourtant si Paul Louis est un Français sans caractéristiques particulières, on va le voir, son histoire est singulière. Cela fait deux ans que Paul Louis est rédacteur au Service de la Statistique et de la Conjecture du Ministère de l’Éducation nationale. Il passe […]
Cadre – Chambre d’hôtel – Cet exquis frisson de marquis Est-ce un trouble glauque Ou un luxe effréné ? Pulsations – Cent-vingt – Mon amour, battons, battons, battons-nous Ton cœur, ton cœur, ton cœur, ton cœur Ton cœur au creux de l’aine Mots dits – Soixante-huit – Combien de oui, […]