D’après Christian…
Deux lapins verts, juchés sur deux cœurs jaunes, s’aiment en ménage.
Ce sont deux lapins carnivores… le savez-vous ?
Oui, oui, je sais que c’est très rare !
Ces deux lapins verts sont installés autour d’un feu de camp à la belle flamme bleue.
Devant eux, deux taches de sang…
Je vous l’ai dit, ces lapins sont carnivores : attablés pour le repas, ces taches rouges devant eux ne sont rien d’autre
que le sang des animaux qu’ils viennent de tuer et d’avaler : sur la gauche, dans le ventre du lapin, une sorte de bébé éléphant aux belles oreilles et à la trompe bien dressée. Dans le ventre du lapin de droite, peut-être un hérisson, mais d’aucuns
y voient une coquille Saint Jacques dont le corail serait tombé au pied de l’animal.
Ils s’aiment, ces deux lapins.
Leurs pensées et leurs cœurs restent pour toujours dans cet unisson du jaune.
D’après Maryline…
Au centre, une femme bleue à la silhouette gracile, s’incline sous le feu des deux dragons verts.
Cependant, elle réussit à les éloigner en agitant deux grenades, symboles de vie et de fertilité.
Sa docilité est apparente car sa force repose aussi sur une puissance cachée, mais bien présente,
symbolisée par deux taches d’or qui lui servent d’assise.
En Amour…
Deux cœurs en tapis de sol
Dans la profondeur de cette verdure
Tellement symétriques, tellement réciproques
Deux yeux qui ne peuvent plus se quitter
Chacun a posé sur la table
Un cœur rouge, un cœur battant
Et au milieu…
Ce phallus géant plein de sang bleu
En colère…*
* En plus d’évoquer la colère à partir des taches de départ, des mots choisis dans des poèmes lus précédemment doivent être obligatoirement utilisés et sont soulignés dans ce texte.
Sur le papier, la tache révèle enfin son mystère : deux lapins en chien de fusil se regardent en chiens de faïence.
C’est la guerre !
Un flot de haine aveugle traverse leur regard. Ils rêvent de broyer l’autre !
Ils rêvent d’une marée de sang et déjà ce sang roule à leurs pieds.
Les épées d’acier des deux démons ont déjà atteint leur cible. Ça saigne !
Un grand feu de colère les anime, ils n’ont plus peur devant le sang qui coule de leurs cœurs piétinés.
Ils réclament justice, veulent réduire l’autre en cendres, le renvoyer au néant et à l’oubli.
Textes écrits lors de l’atelier d’octobre 24 à villenave d’Ornon. Scénario de l’atelier ici
Vous devez bien vous amuser en atelier !
J’ai toujours considéré les tests de Rorschach comme une escroquerie intellectuelle non point au niveau de l’imagination qu’ils engendrent, mais au niveau de l’interprétation, que de « pseudo scientifiques » en tirent.
Comme pour les QI, le résultat des tests dépend du milieu dans lequel l’individu évolue. Les mêmes tests posés à un petit Français et à un petit Papou donneront une interprétation différente. L’un pourra avoir un QI de 140 et l’autre un QI minable.
Pourtant le petit Papou se débrouillera mieux sans conteste dans la jungle que le petit Français !
Il en est de même pour les tests de Rorschach. Ils dépendent du milieu dans lequel l’individu évolue.
Mais ces problèmes ne concernent pas vos ateliers. Si j’ai bien compris, ils n’ont pour objectifs que de permettre une expression des imaginations avec parfois avec quelques encadrements.
D’après leur lecture, je constate que certains se sont bien éclatés ! Bravo !
Je constate aussi que le génie qui se cache dans l’algorithme du site a associé ces différents textes à ma nouvelle intitulée « La tisane ».
Lui, aussi, a beaucoup d’imagination, car à mon avis il y a autant de rapport entre eux, qu’entre la petite vérole et un bureau de tabac…
Mais cela m’a fait bien rire !
Comme je suis amateur de tout ce qui débloque plus l’imagination, je propose que, peut-être dans un prochain atelier, vous demandiez aux participants de décrire une suite à l’œuvre suivante…
Bien que ce genre de conversation étranger à l’écriture soit plutôt prohibé dans les commentaires sur ce site, je vais faire une exception et réagir à ce que tu viens de dire, Loki.
Je ne partage pas vraiment ton opinion sur l’utilisation des taches de Rorschach et sur les tests de QI, et je sais même qu’il existe des “psychiatres transculturels”…
Pour ce qui concerne ta nouvelle “La tisane“, je crois que le lien avec ton texte provient du fait que le tien est plein de lapins !
Tout ceci étant dit, et pour aller dans ton sens en revenant à la littérature, voici ce que l’on trouve dans l’oeuvre de Benjamin Franklin.
Un texte que, en tant que formateur, je conserve précieusement depuis longtemps. À méditer longuement… :
Benjamin Franklin – OBSERVATIONS SUR LES SAUVAGES DE L’AMÉRIQUE SEPTENTRIONALE.
In http://textes.libres.free.fr/francais/benjamin-franklin_vie-de-benjamin-franklin-ecrite-par-lui-meme-tome-ii.htm#13
… … Quand on fut convenu des principaux articles, les commissaires de la Virginie informèrent les Sauvages, qu’il y avait au collège de Williamsbourg des fonds destinés à l’éducation de jeunes Indiens, et que si les chefs des six Nations voulaient y envoyer une demi-douzaine de leurs enfants, le gouvernement en prendrait soin et les ferait instruire dans toutes les sciences des blancs.
Une des règles de la politesse de ces peuples est de ne jamais répondre à une proposition publique, le même jour qu’elle leur a été faite. Ils pensent que ce serait la traiter avec trop de légèreté, et qu’ils montrent plus de respect en prenant du temps pour la considérer comme une chose importante. Ils différèrent donc de répondre aux Virginiens ; et le lendemain après que l’orateur eut témoigné combien ils étaient sensibles à l’offre qu’on leur avait faite, il ajouta :—«Nous savons que vous estimez beaucoup l’espèce de science qu’on enseigne dans ces collèges, et que tandis que nos jeunes gens seraient chez vous, leur entretien vous coûterait beaucoup. Nous sommes donc convaincus que dans ce que vous nous proposez, votre intention est de nous faire du bien ; et nous vous en remercions de bon cœur. Mais vous, qui êtes sages, vous devez savoir que les différentes nations voient les choses d’une manière différente ; et vous ne devez pas être offensés si nos idées sur l’éducation d’un collège ne sont pas les mêmes que les vôtres. Nous en avons déjà fait l’expérience. Plusieurs de nos jeunes gens ont été élevés dans les collèges des provinces septentrionales. Ils ont été instruits dans toutes vos sciences. Mais quand ils sont revenus parmi nous, à peine savaient-ils courir. Ignorant entièrement la manière de vivre dans les bois, incapables de supporter le froid et la faim, ils ne savaient ni bâtir une cabane, ni prendre un daim, ni tuer un ennemi : ils parlaient imparfaitement notre langue ; et par conséquent ils n’étaient propres ni à la chasse, ni à la guerre, ni aux conseils. Enfin, nous ne pouvions en rien faire.—Nous n’acceptons pas votre offre : mais nous n’en sommes pas moins reconnaissants ; et pour vous le prouver, si les habitants de la Virginie veulent nous envoyer une demi-douzaine de leurs enfants, nous aurons le plus grand soin de leur éducation, nous leur apprendrons ce que nous savons ; et nous en ferons des hommes.» … …
“Bien que ce genre de conversation étranger à l’écriture soit plutôt prohibé dans les commentaires sur ce site”
D’emblée le verbe “prohiber” m’a fait sursauter et je me suis précipité sur la charte du site afin d’y trouver cette prohibition…
Je n’y ai trouvé que :
Il n’y a rien dans mon commentaire contraire à cette charte !
Je ne vois pas en quoi donner mon opinion sur l’interprétation des tests de Rorschach serait prohibée, l’étendre aux QI non plus.
J’accepte ton opinion sur l’utilisation des taches de Rorschach et sur les tests de QI.
Paradoxalement je suis tout à fait d’accord avec le texte de Benjamin Franklin rien ne nous oppose !
En quoi dans mon commentaire ce genre de conversation est étranger à l’écriture ?
Il est là pour étayer le sujet et si on me relit je ne dis que du bien sur le processus et les résultats de l’atelier.
Je ne peux faire une analyse critique littéraire des textes engendrés par les taches colorées, car ce ne sont pas des textes littéraires ou poétiques, comme ceux publiés par ailleurs sur le site, mais des compétitions imaginatives.
Je ne voulais certes pas te fustiger, mon Loki, et c’est surtout à moi-même que je m’adressais car je comptais – en écho à ta réflexion sur les Papous – te faire connaître cet extrait de Benjamin Franklin, extrait qui est amusant et qui donne vraiment à réfléchir mais qui n’a aucun rapport avec le texte ci-dessus publié. Et pour cela, je demandais l’indulgence.
Ce n’est pas la première fois qu’on parlera en commentaires d’autre chose que du texte lui-même, mais je considère qu’il ne faut pas en abuser.
Nous avons même parfois invité certaines discussions à se prolonger plutôt dans la messagerie personnelle lorsqu’elles s’éloignaient trop du texte proposé par l’auteur et/ou qu’elles n’avaient pas de lien direct avec l’écriture (politique, société, écologie, médecine, astronomie… et j’en passe).
Bref, on est une nouvelle fois bien (trop) loin de mon texte dans ce nouveau commentaire, alors j’arrête ! 🙂