1 – Pour chacun des 5 mots suivants, faites une liste de 8 à 10 mots que vous associez à ce mot de départ :
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- Covid : … … … …
- M’Bappé : … … … …
- MeToo : … … … …
- Drone : … … … …
- Téléphone portable : … … … …
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2 – Prenez le premier mot trouvé de la première liste, le deuxième de la deuxième liste et ainsi de suite.
Ajoutez enfin le dernier mot de la dernière liste (celle du Téléphone portable).
Écrivez un texte de quelques lignes en utilisant tous ces mots.
3 – Choisissez maintenant 2 mots dans chaque liste établie en (1) et inventez au moins 2 nouveaux mots
en piochant dans les syllabes de ces 10 mots.
Par exemple : Ballon et Drague font Baldrague, Missile et Virus font Missirus.
Prenez un de ces mots et écrivez en une définition de quelques lignes.
4 – Après ces préambules, nous allons aujourd’hui “revisiter” un conte (qui n’est pas un conte de Noël).
Pour cela écoutons d’abord une chanson du groupe Téléphone : Cendrillon.
Cliquez ici.
5 – Un peu comme le groupe Téléphone, vous allez maintenant réécrire un conte en “l’actualisant”: “Le petit chaperon rouge“.
Pour mémoire, rappel du début du conte, à utiliser ou pas : “Il était une fois une petite fille qu’on appelait le petit chaperon rouge. Un jour sa maman lui dit : Va voir comment se porte ta grand-mère et porte lui… …”
Continuez l’histoire en l’actualisant et en utilisant si possible les 10 mots choisis en (3), un des mots inventés en (3) et sa définition que vous avez proposée en (3).
N.B. Ceci n’est pas une contrainte absolue : si vous pensez tenir une autre bonne idée de réécriture, faites-le sans cette contrainte.
Si vous préférez choisir un autre conte, vous en avez aussi la liberté.
Vous pouvez, et il est même conseillé d’introduire dans votre nouvelle version des personnages d’autres contes ou de l’actualité, car le Petit chaperon rouge peut faire beaucoup de rencontres…
6 – Publiez votre texte dans la boîte de commentaire ci-dessous.
Le petit Chaperon rouge
Il était une fois une petite fille qu’on appelait le petit Chaperon rouge. Un jour, sa maman lui dit : Va voir comment se porte ta grand-mère et porte-lui ce masque et ce vaccin. Par les temps qui courent on n’est jamais trop prudent et ta grand-mère est vraiment vieille et fragile.
– Bien sûr, maman, fit le petit Chaperon rouge, et elle partit aussitôt.
Elle n’avait aucune intention d’y aller tout de suite car elle avait un rendez-vous sur Snap-Chat avec une bande de copines, une addiction dont elle n’arrivait pas à se défaire.
Comme il faisait très froid, elle avisa un bar dans lequel elle pensait être tranquille à cette heure-là. Mais quelle surprise quand elle entra : c’était la fin du match Argentine -Croatie et on tirait des penalties au Qatar sur un écran géant qui n’arrêtait pas de brailler contre le mur.
Bon, je vais m’isoler dans l’arrière salle pensa-t-elle, mais là elle découvrit avec surprise un Dixpleur – dix pleureuses professionnelles en pleine répétition pour le cas où la France perdrait la coupe du monde. Tapie dans un coin, elle commença à filmer discrètement avec son portable. Elle se sentait comme une espionne de cette étrange engeance. Alors, une des pleureuses la repéra et lui fit :
– Mais viens donc avec nous et pose ton jouet, ce téléphone qui ne te mènera à rien…
– Mais non ! fit-elle, j’ai un rencart sur Snap-Chat avec mes copines, je peux pas !
– Alors, arrête ton cinéma et tire-toi !
Quand elle entendit la sonnerie annonçant le début de la réunion elle sortit et se mit à marcher dans la rue vers chez sa grand-mère en montrant à ses copines la vidéo de cette réunion de pleureuses qu’elle avait eu le temps de filmer.
Elle traîna ainsi longtemps dans les rues et en arrivant deux heures plus tard chez sa grand-mère elle constata que celle-ci était scotchée à son poste de télévision, qu’elle aussi regardait le match suivant à la télé, et même qu’elle était très remontée et qu’elle criait :
– Ce n’est que justice ! Ce penalty !
Elle déposa alors le masque et le vaccin sur la table de la cuisine et abandonna sa grand-mère au poste de télévision que cette dernière ne lâchait pas des yeux.
En revenant, il faisait nuit noire – car la municipalité avait coupé l’éclairage public pour raison d’économies – et elle rencontra le loup, un copain d’Harvey Weinstein, mais cela est une autre histoire.
Le lendemain, elle perdit son addiction pour Snap-Chat pour ne plus suivre que l’hashtag #MeToo.
· Covid : masque, vaccin
· M’Bappé : sous, flouze, galette
· MeToo : Harvey Wenstein, libido
· Drone : s’envoyer en l’air
· Téléphone portable : chevillette
Le Petit Chaperon vert
Il était une fois une petite fille de village, la plus jolie qu’on eût su voir ; sa mère en était folle, et sa mère-grand plus folle encore. Mais cette petite fille était une émule de Greta Thunberg. C’est pour cela que sa mère lui fit faire un petit chaperon vert, qui lui seyait si bien, que partout on l’appelait le petit chaperon vert.
Un jour sa mère, ayant cuit et fait des galettes, lui dit :
– Va voir comment se porte ta mère-grand, car on m’a dit qu’elle était malade, porte-lui une galette et ce petit pot de beurre.
– Maman une galette certes, mais du beurre tu n’y penses pas, c’est fabriqué en exploitant les vaches. Pourquoi pas un saucisson fabriqué avec la viande de pauvres petits cochons martyrisés dans des élevages industriels. D’ailleurs je suis sûre que mère-grand a attrapé le Covid, elle refuse de mettre un masque et de se faire vacciner ! Elle n’a pas d’appétit !
Le petit chaperon rouge partit aussitôt pour aller chez sa mère-grand, qui demeurait dans un autre village. En passant dans un bois elle rencontra compère le loup, qui eut bien envie de la violer, puis de la manger, mais il n’osa pas, non pas à cause de quelques bûcherons qui étaient dans la forêt, il n’en ferait qu’une bouchée, mais à cause des malheurs de Harvey Wenstein un pauvre producteur de cinéma. Il lui demanda où elle allait ; la pauvre enfant, qui ne savait que les loups sont menacés d’extinction par de vilains bergers, lui porta une oreille attentive et lui dit :
– Je vais voir ma mère-grand, et lui porter une galette sans gluten que ma mère lui envoie.
– Demeure-t-elle bien loin ?- lui dit le loup.
– Oh ! oui, dit le petit chaperon vert, c’est par-delà l’éolienne que vous voyez tout là-bas, là-bas, à la première maison du village. En drone cela serait rapide, mais à pieds, pardon à pattes cela fait une trotte…
– Eh bien !, dit le loup, je veux y aller voir aussi ; je m’y en vais par ce chemin-ci, et toi par ce chemin-là, et nous verrons qui plus tôt y sera.
[…]
Le petit chaperon vert éteignit son téléphone portable et tira la chevillette, et la porte s’ouvrit. Le loup, la voyant entrer, lui dit en se cachant dans le lit sous la couverture :
– Mets la galette sur la table, et viens te coucher avec moi.
Mais le petit chaperon vert n’était pas née de la dernière pluie et avait un tempérament assez chaud.
Elle se déshabille, et va se mettre dans le lit, elle se doute bien que le loup a revêtu le déshabillé de sa mère-grand. Cette situation pique sa libido. Elle lui dit :
– Ma mère-grand que vous avez de grands bras !
– C’est pour mieux t’embrasser ma fille.
– Ma mère-grand que vous avez de grandes jambes !
– C’est pour mieux courir mon enfant.
– Ma mère-grand que vous avez de grandes oreilles !
– C’est pour mieux écouter mon enfant.
– Ma mère-grand que vous avez de grands yeux !
– C’est pour mieux voir mon enfant.
– Ma mère-grand que vous avez une grande bouche !
– Alors grand coquin montre-moi ce que tu sais faire…
Et en écoutant cette invite, le méchant loup se jeta sur le petit chaperon vert…
Il était une fois une petite fille qu’on appelait le petit chaperon rouge. Un jour sa maman lui dit : « Va prendre des nouvelles de ta grand-mère et porte-lui ce bazooka. Je l’ai caché dans ce panier, sous des grenades bien mûres qu’elle saura bien utiliser aussi ».
En effet, la grand-mère du petit chaperon rouge était une combattante clandestine qui terrorisait la bande des loups gris, une bande de fiers à bras moustachus qui terrorisaient toute la région, brûlant les villages et dévorant les enfants. Ils avaient tué beaucoup de villageois, mettant sous leur coupe toute la région. Ils méprisaient les femmes et pendant longtemps, ils ne s’en étaient pas méfiés. Cependant, ils constatèrent bientôt que la résistance continuait d’être forte malgré la mort de nombreux combattants. Aussi, ils commencèrent à écumer les bois et les chemins pour mieux écumer le territoire.
Le petit chaperon rouge était la digne descendante de sa grand-mère. Grâce à son air d’ange à boucles blondes, elle voletait au travers des lignes ennemies, portant armes et messages au péril de sa vie.
Ce jour-là, un grand loup gris lui barra le chemin :
– Oh, là ! Où vas-tu petite ? » dit-il de sa grosse voix, et que portes-tu dans ton panier ?
– Je m’en vais porter des fruits à ma grand-mère qui est bien malade, expliqua l’enfant qui prit son air le plus fragile et le plus apeuré.
– Ne sais-tu pas que la zone est confinée ? Retourne chez toi immédiatement !
– Grand loup, ma grand-mère est très malade. J’ai bien peur de ne plus jamais la revoir, laisse-moi passer je t’en prie, je t’offrirai quelques grenades pour te rafraîchir.
Le grand loup regarda la gamine de plus près. Comme elle était joliment potelée ! Il se dit qu’il en ferait bien son quatre heures, mais comme il s’ennuyait à mourir à monter la garde dans ce bois, il préféra lui faire un brin de causette d’abord. Qui sait, il pourrait recueillir de précieux renseignements pour attaquer son village et son chef serait content de lui ! Aussi, il fit semblant d’être bon prince et lui proposa de l’accompagner pour faciliter son passage aux nombreux contrôles mis en place par les loups gris.
La petite n’était pas née de la dernière pluie. Pour mieux abuser le loup, elle prit l’air de cruche de la Belle au Bois Dormant. Avec ses boucles blondes et les idées toutes faites des loups, ce n’était pas difficile de le tromper. Elle traversa ainsi les lignes ennemies, serrant les dents pour porter son lourd panier d’un air dégagé.
– Ne veux-tu pas que je t’aide à porter ton panier ? proposa le loup au bout d’un moment.
– Oh, que tu es prévenant ! dit le petit chaperon rouge, mais ma maman m’a bien recommandé de ne jamais me séparer de ce panier tressé par ma bien-aimée trisaïeule.
– Ne la contrarions pas se dit le loup, je mettrai bientôt la main au panier et elle ne sera plus en état de protester.
– Je comprends, dit le loup, il faut toujours écouter sa maman.
– Veux-tu cette grenade juteuse pour étancher ta soif ? Notre village est réputé pour ses grenadiers qui protègent de leur ombre la route qui mène au village.
– C’est une bonne idée, dit le loup, asseyons-nous et choisis-moi une belle grenade.
Il sortit alors un grand couteau de sa poche. La petite ouvrit de grands yeux.
– Oh, grand loup comme vous avez un grand couteau !
– C’est pour mieux découper ta grenade, ma chère enfant…
– Bien sûr, dit la petite en tendant au loup un magnifique fruit rouge.
Hum… que voici une grenade juteuse parfaite pour une boisson apéritive, pensa le loup. Il se saisit de la boule vermeille, déplia la lame de son couteau, entreprit de découper l’écorce et de dégager les graines croquantes et sucrées. Il en offrit quelques-unes à l’enfant avant de les engloutir toutes dans sa large gueule. En moins de temps qu’il ne faut pour le dire, il s’écroula, les pattes tordues de douleur sur sa poitrine.
– Au secours ! Que m’arrive-t-il ?
– Tu viens de déguster la spécialité que notre village réserve à nos ennemis : la grenade au bazoocrobe, un terrible virus qui met le feu instantanément à tes défenses immunitaires. Et pffft !!! Tu vas partir en fumée …
– Mais toi, tu en as mangé… articula péniblement le loup.
– Dans notre village nous avons tous absorbé un antidote. Tu connais notre secret maintenant !
À ces mots, le loup s’écroula en bavant aux pieds du petit chaperon rouge.
La petite prit ses jambes à son cou et réussit à se réfugier chez sa grand-mère.
On raconte qu’elle est devenue la plus grande combattante de son pays sous le nom de guerre de de petit chaperon kaki.
En hommage aux combattantes kurdes et à la chanson de Clara Luciani « la grenade ».
· Covid : hôpital, blessure, sang
· M’Bappé : riche, voiture de sport, crâne rasé
· MeToo : raclée, ceinture, plainte
· Drone : fisc, propriétés, piscine non déclarée
· Téléphone portable : Orange, multinationale, parfumerie, réseau, Internet, influenceur
Barbe bleue
Il était une fois un homme qui avait de belles maisons à la ville et à la campagne, de la vaisselle d’or et d’argent, des meubles en bois précieux et des voitures, derniers modèles. En plus, cet homme avait la barbe bleue ce qui le rendait excitant, toutes les femmes et filles se pâmaient devant lui.
Il faut dire qu’il était influenceur et officiait pour L’Oréal. La citation diffusée sur tous ses clips était : « une barbe bleue ? Parce que vous le valez bien ! ».
Il faut dire que le marché de la teinture pour femme était un peu saturé et la mode du crâne rasé chez les hommes était une catastrophe. Alors L’Oréal avait fondé de grands espoirs avec la teinture des barbes.
Une de ses voisines avait deux filles très belles. Barbe Bleue en demanda une en mariage, en lui laissant le choix de celle qu’elle voudrait lui donner en mariage. Toutes les deux voulaient épouser un homme avec une barbe bleue. En plus il avait déjà épousé plusieurs femmes et personne ne savait ce qu’elles étaient devenues, mais cela donnait à leurs yeux un attrait supplémentaire : il avait sûrement une expérience confirmée de la chose amoureuse.
Pour faire connaissance, Barbe Bleue décida de les inviter à la campagne avec leur mère et quelques-uns de leurs amis. Ils passèrent huit jours à se promener, déjeuner, pêcher, danser, festoyer et s’amuser. On ne dormait pas, on passait toute la nuit à danser discuter et à se faire des malices les uns aux autres.
Enfin, tout alla si bien que les deux jeunes filles décidèrent de tirer à pile ou face celle qui épouserait Barbe Bleue. La plus jeune des deux filles gagna ! Si bien que dès qu’on fut de retour à la ville le mariage se conclut.
Mais le rêve vira vite au cauchemar. Barbe Bleu révéla vite sa vraie nature, c’était un homme brutal. Chaque soir la jeune femme recevait une raclée à coup de ceinture. Il appliquait le principe que lui avait inculqué son père : « bat ta femme tous les soirs, si tu ne sais pas pourquoi, elle le sait ».
Au bout d’un mois, Barbe Bleue dit à sa jeune femme qu’il était obligé de partir en voyage.
Elle pouvait inviter qui elle voulait pendant son absence.
“Voilà, lui dit-il les deux grandes clefs du garde-meubles, celles de la vaisselle d’or et d’argent, celles des cassettes où sont les pierres précieuses, celle du coffre-fort, celles qui ouvrent toutes mes maisons et mes appartements. Mais, dit-il cette petite clef-là, c’est la clef du cabinet au bout de la galerie. Ouvrez tout allez partout, mais le cabinet je vous défends de l’ouvrir. Si vous désobéissez, ma colère sera terrible.
Barbe Bleue lui fit promettre d’obéir à tout ce qu’il venait de dire. Puis après l’avoir battu une dernière fois, il monta dans sa Jaguar et partit en voyage.
La voiture ayant disparu au coin de la rue, la pauvre se précipita au commissariat le plus proche pour se plaindre de son mari.
Un gardien de la paix goguenard la reçut !
Sa seule réaction fut : « si on devait arrêter tous les maris un peu brutaux, la moitié serait en prison ! »
Dépitée elle rentra chez elle.
Mais la curiosité était plus forte que son dépit…
Elle était trop impatiente d’aller ouvrir la porte défendue. Celle du cabinet au bout de la grande galerie.
Elle descendit par un escalier dérobé en se pressant tellement qu’elle manqua de se rompre le cou deux ou trois fois. Elle s’arrêta un instant devant la porte en songeant à la promesse qu’elle avait faite. Mais la tentation était si forte qu’elle prit la petite clef et ouvrit en tremblant la porte du cabinet.
D’abord elle ne vit rien, parce que les rideaux étaient fermés. Après quelques moments elle commença à voir que le plancher était humide et le long des murs ils y avaient les corps de toutes les femmes que Barbe Bleue avait épousées. Elles avaient toutes été tuées.
La jeune femme pensa mourir de peur et la petite clef du cabinet lui tomba des mains.
Ayant repris du courage elle ramassa la clef et monta à sa chambre.
La clef du cabinet était tachée. Elle l’essuya deux ou trois fois, mais la tache ne partait pas. Elle eut beau l’astiquer, la laver, la tache ne partait pas, car la clef était traitée au silicone.
Vous pensez que lorsque Barbe Bleue revint de voyage il s’apercevrait que sa femme avait ouvert la porte du cabinet. Point du tout !
Après sa découverte macabre, la jeune femme avait contacté « SOS femmes en danger ».
En sortant de sa Jaguar, Barbe Bleue devint tout jaune quand trois policiers du RAID lui sautèrent dessus.
Malheureusement il ne fut pas traduit devant la justice, car à cause d’une bavure policière il reçut une balle dans la tête. Il avait tenté de s’enfuir…
Rien ne sert de courir, il vaut mieux avoir un bon avocat !
Le petit chaperon rouge
Il était une fois une petite fille qu’on appelait le petit chaperon rouge. Un jour sa maman lui dit : Va voir comment se porte ta grand-mère et porte lui amour et réconfort en ces temps de conspicion.
Le petit chaperon rouge prit son minuscule sac à main et sortit avec ses premières chaussures à talons hauts arrachées de haute lutte à ses parents réticents comme cadeau de Noël. Il faut dire qu’elle faisait déjà beaucoup plus que son âge, à l’école on l’avait même surnommée “Red Lolita”. Comme elle aimait beaucoup sa grand-mère et qu’elles entretenaient toutes deux une affectueuse complicité, elle s’en alla toute contente. A cloche-pied sur le trottoir elle faisait tournoyer son sac à main au bout de son bras et se dirigeait vers la station de métro la plus proche, c’était la station “Sentier”.
Comme souvent la rame était bondée, elle resta donc debout, s’agrippant à une barre métallique verticale parmi de nombreux autres passagers au regard vague et horizontal. Elle remarqua tout de suite sept gnomes, aussi hideux les uns que les autres qui faisaient cercle autour d’elle. Sa réaction fut prompte et de sa main libre elle distribua sans hésiter quelques gifles bien ajustées à ceux qu’elle avait, dans sa pensée, déjà surnommés les sept mains. Red Lolita, encore bien jeune mais plutôt précoce et pas naïve du tout savait réagir, c’est à mère-grand qu’elle devait cette assurance. “Attention ma petite fille il n’y a pas de prince charmant, apprends à te défendre et s’il le faut vise entre les jambes !”. Elle n’eut pas à en venir là car les petits bonshommes la main sur la joue protestaient de leur innocence et, assurant mal leur équilibre sous les secousses du wagon, allèrent s’agglutiner autour une autre barre verticale. Un homme d’âge mur s’approchant d’elle lui dit alors : “Ma chère mademoiselle vous semblez avoir des ennuis, beaucoup d’hommes d’aujourd’hui ne savent pas se tenir, puis-je vous être utile ? Où allez-vous ?”
Le chaperon rouge restait sur ses gardes mais il ne pouvait deviner les longues canines qui dépassaient sur les lèvres de ce monsieur si aimable, car c’était un temps étrange où tout le monde portait un masque dans les transports en commun. Quand même un peu échaudée par cette fâcheuse expérience elle décida de lui répondre, se disant qu’il serait bien temps de se débarrasser également de celui-ci le moment venu.
Après leur changement à République, seules deux places face à face étaient libres, voici donc le petit chaperon rouge assis près de cet individu dont elle ignorait toujours les dents aiguisées. Comme elle se montrait peu loquace son accompagnateur sortit un journal d’une poche profonde de son long pardessus gris. C’était le journal ‘L’épique” et il se plongea dans la lecture d’un article qui semblait faire l’éloge du dribble magique d’un grand joueur de football.
La réponse fut un silence et un mouvement de tête.
Mère-grand habitait rue des tourterelles et la jeune fille n’avait pas refusé la proposition du monsieur en gris avec suffisamment de netteté. Elle composa discrètement un numéro sur le digicode, “Qui c’est ?” dit une voix féminine qu’on imaginait mal être celle d’une grand-mère, le chaperon s’identifia, ” Ah ! Mon petit Chap quelle joie ! Actionne la poignée et la porte s’ouvrira”. Elle s’engouffra donc dans l’immeuble suivi de son collant de compagnon dont elle n’arrivait pas à se défaire. La grand-mère étreignit affectueusement sa petite fille lorsqu’elle vit se profiler derrière elle la longue silhouette au manteau gris.
On bu sans s’attarder une tasse de thé et mère-grand se montra si engageante que le monsieur décida d’abandonner la proie la plus jeune, qu’il avait traquée jusqu’ici, pour la plus facile et somme toute presqu’aussi alléchante. Alors qu’elle indiquait déjà la direction de sa chambre au visiteur elle passa à voix basse le message suivant : “Chap ne juge pas ta grand-mère, c’est toi qui l’a ferré, à ton corps défendant j’espère, comme il a l’air consentant permet moi un petit moment de bonheur, ils ne sont plus si fréquents ! Maintenant regarde bien cette poêle à frire, si je t’appelle tu viens et tu l’assommes avec de toutes tes forces !”. C’est ce qui se produisit quand le petit chaperon rouge, ayant pris ce qui n’était qu’un gémissement de plaisir pour un cri d’alerte, fit irruption dans la chambre. Fermant les yeux pour ne pas trop en voir elle asséna un grand coup de poêle sur la nuque de celui qui, quelques instants auparavant, faisait mine d’être absorbé par un article sportif et jetait furtivement sur elle des regards concupiscents. Mais le coup fit tomber le masque et elles découvrirent horrifiées la vrai nature de cet être immonde. ” Merci ma petite fille ! Certes tu es intervenue un peu tôt mais Dieu sait ce que ce monstre aurait tenté de faire de moi, tu m’as sauvée”. Puis après un temps de silence :
Et le petit chaperon rouge s’en retourna vers sa maman, fièrement, après avoir promis à mère-grand de revenir bientôt et l’avoir remerciée de cette petite leçon de vie : Confiance en soi et détermination désamorcent rumeurs et suspicions.