Atelier anti-clichés du 27 novembre à Villenave d’Ornon
Cher cousin,
Te dire que nous voici dans un paysage neigeux ; la poudreuse reflète les rayons étincelants d’un soleil éblouissant. En bottes et lunettes noires, nous déambulons parmi les paysages verdoyants rares : c’est une féérie qu’un éclat de soleil illuminant vergers et jardins. Nous jouons chaque soir à la belote et passons l’après-midi à chercher des équipiers parmi les vacanciers. Cela change de nos activités quotidiennes tandis que le vent froid vivifie nos neurones.
À bientôt !
Denyse
Réponse de Philippe à la lettre de Denyse
Mais tu ne connais pas l’envers du décor, moi qui connais bien ce lieu, je peux t’en raconter de belles.
Il y a quinze ans, j’y suis allé dans ce paradis, qui n’est qu’artificiel, sois-en sûre.
En ce moment, ta neige brillante a été soufflée par des canons qui recouvrent cette terre, presque stérile. Des décennies que les paysans du coin pulvérisent pesticides et engrais chimiques.
Ah, c’est loin l’époque où tonton Albert cultivait son champ en y versant le bon fumier de l’étable. Et lui en avait vu, tu sais : il échappa à quatorze attentats, à soixante-trois embuscades et à un peloton d’exécution. Après la débâcle de 40, il survécut à une dose massive de strychnine versée dans son café et qui eût suffi à tuer un cheval ou une charolaise.
Toi donc qui t’extasies, ne t’étrangle pas à ton prochain repas. Le soleil n’aura jamais fait rougir tes tomates, et la dose d’antibiotiques, que tu as ingérée avec ton steak bien saignant, suffira peut-être à te protéger des épidémies de grippe à venir, bien que, comme l’a affirmé l’ex-docteur de la 5, l’autre jour, au grand test « Portez-vous bien », cela va affaiblir tes défenses immunitaires. La prochaine vilaine bactérie, c’est pour toi ! Fais gaffe en jouant à la belote, les cartes sont des bouillons de culture.
Imagine donc d’autres jeux : le ni oui ni non, par exemple, serait une bonne alternative.
Courage ! Car dans dix jours en principe, comme tous les ans, des tombereaux de flocons recouvriront cet Eden, au moins 2 m, 2m50. Heureusement que des camions déneigeurs passeront dans le coin, mais n’y compte pas avant une bonne semaine. Ah j’oubliais, c’est là que la température descendra à -10 -15° : tes neurones vont en prendre un sacré coup.
Je pense que tu vas ensuite retrouver ta bonne ville de Nîmes qui t’attend sous un soleil radieux.
Philippe
NB: carte postale de la saline royale d’Arc-en-Senans
Lieux pas si communs – Gavarnie
Lieux pas si communs – Arcachon
Lieux pas si communs – Arc en Senans
Je trouve excellente cette idée de textes en opposition !
J’en préfère certains plus que d’autres, mais je tairais mon choix.
Il faut continuer et peut être les peaufiner
Merci Loki,
La mécanique de l’atelier induit un état d’esprit différent et in fine permet de produire deux points de vue très différents.
Dans le 1er texte, on cède à la délicieuse facilité d’un texte conventionnel et sucré. Mais après tout, pourquoi se refuser le plaisir de quelques bonbons ? Le tout est de ne pas en abuser.
Dans le 2ème texte on doit introduire des phrases plutôt étranges ou dérangeantes après avoir commencé par évoquer l’envers du décor. Fini le sucre, un peu de défoulement fait du bien aussi et permet de sortir des sentiers battus.
Nous avons beaucoup ri pendant l’atelier !
Dans cet échange j’aime l’humour lucide de Denyse qui casse la féerie neigeuse avec ses parties de belote. J’aime aussi l’humour féroce de Philippe qui passe consciencieusement au karcher les émerveillements de sa correspondante !
Mais oui, Loki !
C’est toujours intéressant de prendre le contrepied des choses, les envers des décors.
N’est-ce pas aussi ce que tu as brillamment entrepris avec ta Métamorphose ?
Bravo pour ton humour grandiloquent, Philippe!
Je me suis interrogé. Si je participais à cet atelier, en suivant les directives proposés :
Nous allons d’abord écrire en mode “cliché” (une sorte de pastiche de “la route poudroie sous le ciel qui flamboie…” !!!).
Puis, dans un deuxième temps, nous tenterons le “contre-cliché” en écrivant une réponse au premier texte au style dans un style aussi différent que possible de celui-ci.
Laquelle version me tenterait ? Honnêtement le mode “cliché” me semble le plus difficile, car bien qu’apparemment plus aisé il n’est pas simple de se cantonner à de la banalité, du bateau ou du pompeux On risque vite de diverger.
Alors que le “contre-cliché” est à mon avis plus simple, car plus incisif et imaginatif d’autant qu’il s’appuie et répond au texte “cliché”.
Mais l’écueil est que sous prétexte de choquer le lecteur il risque aussi de manquer de subtilité et de s’appuyer sur de grosses ficelles.
Quoi qu’il en soit ce genre d’atelier est une excellente idée !
Pour éviter les frustrations ne pourrait-on pas inverser les partenaires. Chacun écrivant successivement le “cliché” puis le “contre-cliché” ?
Merci Loki,
Tu as raison il ne faut pas de frustration. Au cours de l’atelier, chacun a rédigé d’abord un cliché puis le contre-cliché d’un autre participant.
Par ailleurs pour booster l’inspiration pour le texte cliché, deux exmples de mini-textes ont été lus au préalable. Une “boîte à ressources” de citations clichés était aussi mise à disposition