Atelier du 27 novembre 2019, Villenave d’Ornon

C’est avec de grands yeux d’enfants ébahis que je contemple le spectacle grandiose offert par la nature aux courageux touristes. Gravir quelques pentes escarpées trouve sa juste récompense au point sublime. La vue s’étend sur la vaste amplitude du site. Je renonce à utiliser le mot cirque qui le dénomme tant il ferait penser au cliché du spectacle populaire dans son sens le plus banal. Tandis que le souffle du zéphyr irise les embruns sur le cristal des eaux tumultueuses s’entrechoquant sur les roches polies par les siècles dans un fracas incessant, là-haut les cimes se détachent sur le pur azur de la voute céleste. Les pics enneigés de blancheur virginale s’élancent dans un silence assourdissant. La beauté. Simplement.

Gérard

Mais tu ne connais pas l’envers du décor. Moi qui connais bien ce lieu, je peux t’affirmer que tu te goures sur toute la ligne du téléphérique de Gavarnie !
J’ai assez usé mes pataugas sur les sentiers à vaches des Pyrénées pour ne plus me laisser entuber par les vendeurs de nature pure, intacte, sublime.
Tu dis que tu n’emploierais pas le mot « cirque » pour désigner ce creux virginal entre deux montagnes. Mais, mon pôvre, ça fait des plombes que le site a perdu sa candeur, un bail que le montagnard proxo a compris comment baiser le touriste « aux yeux d’enfant ébahi » !
Ça fait des lustres qu’on ne voit plus se refléter, dans le tourbillon dansant des eaux du torrent, les robes de soie aile de pigeon des belles étrangères, venues soigner leur phtisie et leur spleen, comme disait l’autre qui savait si bien écrire.
Retourne donc chez l’ophtalmo et tu verras les détritus et les emballages qui fleurissent ton paradis céleste, pauvre pomme !
Imagine aussi que le Ciel n’existe pas et, tant que tu y es, arrête la métaphore.

Je te laisse : ta naïveté (pour ne pas utiliser un mot qui commence par « con » et finit par « nerie ») m’épuise.
Ciao, gros bêta,

L’Autre

Catherine